Victime d'un AVC, une jeune femme porte plainte contre les laboratoires Bayer

Contraception - Les nouvelles pilules seraient dangereuses

  • Publié le 17 décembre 2012 à 06:05

Victime d'un accident cardiovasculaire (AVC) grave en 2006, une jeune femme accuse la pilule de troisième génération "Meliane", et porte plainte contre le géant pharmaceutique allemand Bayer, annonce le journal Le Monde. Certaines pilules de 3ème et 4ème génération sont accusées depuis quelques temps d'être dangereuses, mais c'est la première fois qu'une plainte est déposée en France contre ce moyen contraceptif. À noter que les pilules de 3ème génération ne seront plus remboursées à partir de septembre 2013.

Cette plainte au pénal contre une pilule contraceptive est une première en France, note le journal Le Monde. "Une jeune femme lourdement handicapée, Marion Larat, accuse la pilule de troisième génération "Meliane", fabriquée par le géant pharmaceutique allemand Bayer, d'avoir provoqué son accident vasculaire cérébral" en juin 2006, indique le journal. La jeune femme avait alors 20 ans et elle était une brillante élève de classe préparatoire à Bordeaux. Elle rêve d'entrer dans une grande école de commerce et vient de passer plusieurs concours d'entrée dans ces établissements.

Un AVC massif coupe court à ses projets. "Un œdème se développe dans son cerveau, elle plonge dans un coma dont elle se réveille, trois jours plus tard, hémiplégique et aphasique. S'ensuivent neuf opérations au CHU de Bordeaux, des mois en centre de rééducation; une lutte acharnée pour redevenir la Marion des interminables randonnées en montagne, des lectures de sociologie, et pour ne pas se laisser envahir par la dépression" relate le Monde. Marion Larat prenait la pilule Meliane depuis quatre mois lorsqu'elle a été victime de ce grave accident cardiovasculaire.

La vie de Marion Larat ne sera plus jamais la même et elle a décidé de réagir. Au pénal. Ce vendredi 14 décembre 2012, elle dépose plainte pour "atteinte involontaire à l'intégrité de la personne humaine" contre le directeur général de Bayer Santé, auprès du procureur de Bobigny (Seine-Saint-Denis)" indique le journal Le Monde. Cette plainte vise également le directeur général de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), qui n'a pas demandé le retrait de cette pilule du marché, "en violation manifestement délibérée du principe de précaution".

L'avocat de Marion Larat, MaîtreJean-Christophe Coubris, dont le cabinet assiste 2 500 victimes du Mediator, entend "sensibiliser la population aux dangers de la pilule". "Pourquoi les pilules de troisième génération, qui sont plus coûteuses, plus dangereuses et pas plus efficaces que les précédentes, demeurent-elles sur le marché ?", interroge-t-il dans le Monde.

À noter que la commission régionale de conciliation et d'indemnisation des accidents médicaux de Bordeaux a reconnu en juin 2012 l'imputabilité de l'AVC à la prise de la pilule.

"A l'instar de Bayer, les laboratoires qui fabriquent les contraceptifs oraux de 3e génération (contenant pour progestatif du désogestrel, du gestodène ou du norgestimate) et de 4e génération (à la drospérinone), ne nient pas les risques accrus de thrombose liés à la prise de leurs pilules. Ils se protègent juridiquement en les détaillant sur des notices d'utilisation que bien peu d'utilisatrices lisent" remarque le journal le Monde. "Mais à l'époque où Marion prenait Meliane, la notice ne mentionnait pas l'augmentation du risque thromboembolique artériel par rapport aux contraceptifs oraux de 2e génération, lit-on dans la plainte" souligne le quotidien parisien.

"Depuis peu, les parents de Marion ainsi que Pierre Markarian, père d'une autre victime (Théodora, décédée à 17 ans d'une embolie pulmonaire, en 2007, après quelques semaines de prise de la pilule Mercilon), sont reçus par toutes les autorités sanitaires.

A peine étaient-ils sortis du ministère de la santé, le 19 septembre, que Marisol Touraine annonçait le déremboursement, qui prendra effet en septembre 2013, des pilules de 3éme génération – celles dites de 4e génération ne sont pas remboursées. Dès juin, la ministre avait été alertée par l'avis de la commission de transparence de la Haute autorité de santé (HAS) qui, au regard du danger présenté par ces pilules, estimait qu'elles ne devaient plus être prises en charge" rappelle le Monde.

Cette première plainte au pénal, comme le déremboursement programmé, interviennent dans un contexte de montée des inquiétudes et des procédures judiciaires, un peu partout dans le monde occidental, à l'encontre de ces contraceptifs oraux. Aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, en Suisse et en Allemagne, des milliers de plaintes ont été déposées ou sont à l'étude.

Sollicités à multiples reprises par Le Monde, les laboratoires Bayer n'ont pas souhaité répondre aux questions des journalistes.

 

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