Manifestation des lycées contre le projet de loi Fillon

Galets et lacrymogènes

  • Publié le 23 février 2005 à 00:00

La manifestation des lycéens contre le projet de loi Fillon sur la réforme de l'enseignement a dégénéré en affrontements avec la police ce mardi matin 22 février 2005 à Saint-Denis. 4 lycéens ont été interpellés et un journaliste a été blessé par un jet de galet. Une nouvelle manifestation est prévue pour le jeudi 24 févier. L'appel à la grève a été suivi à 28% dans l'ensemble des lycées de l'île

Les affrontements ont commencé alors qu'une délégation de la ligue lycéenne était sur le point d'être reçue en préfecture par un conseiller de Brigitte Girardin, ministre de l'outremer. Franck Olivier Lachaud, Secrétaire général de la préfecture était en train d'en discuter avec des représentants de la ligue lors que deux cannettes de boissons et un galet ont jailli de la foule en direction des forces de police. La riposte de ces derniers a été immédiate et massive.
Plusieurs grenades lacrymogènes se sont abattues sur les jeunes qui pour la plupart été assis sur le pont donnant accès à la route du littoral. Les appels au calme de représentants de la ligue lycéenne sont restés vains. Les échanges de galets et de grenades lacrymogènes se sont poursuivis jusqu'à l'entrée de la ville à quelques pas des commerces et des terrasses de cafés. Un caméraman de RFO a été blessé à la tête par un jet de galet. Deux lycéens ont été victimes de malaise après avoir respiré les gaz. Quatre manifestants ont été interpellés par la police.

"Faire entendre la voix de La Réunion"

Ce qui se voulait être une manifestation bon enfant "pour faire entendre la voix de La Réunion à Paris" selon l'expression de Stéphane Marsat, de la ligue lycéenne, a donc dégénéré. Les choses avaient pourtant bien commencé. Les jeunes de Saint-Denis, de la Possession, du Port et de Saint-André s'étaient donnés rendez-vous devant le jardin de l'État. À 9 heures 30, ils étaient plus de 2 500 à prendre le départ du défilé en direction de la préfecture. "Nous voulons rencontrer le préfet ou Madame Girardin pour leur demander le retrait pur et simple du projet de loi Fillon" expliquait Charlotte Molina de la ligue lycéenne. "Certes, M. François Fillon (ministre de l'Éducation - ndlr) a suspendu toutes les réformes concernant le bac, mais nous ne sommes dans la rue uniquement pour le bac. C'est l'ensemble de la réforme qui doit être retirée et réécrite" ajoutait la jeune fille en affirmant que le projet de loi a pour but "de rendre l'école libérale et donc inégalitaire".

"Entendus et compris"

Notant que certains points de la réforme, notamment l'aide aux élèves handicapés, sont positives, elle remarquait, "le projet de loi veut supprimer des postes, réduire le nombre d'heures dans certaines matières et certaines options. En fait, la réforme vise à mettre en place une école au rabais où l'enseignement passerait au second plan". Stéphane Marsat insistait "il ne peut pas y avoir de réforme sans que l'on soit consulté. C'est de notre avenir qu'il s'agit. Nous voulons donner notre avis, être entendus et compris".
Les manifestants arrivaient devant la préfecture vers 9 heures 50. Au lieu de s'arrêter sur les jardins du bâtiment administratif, les jeunes se dirigeaient directement vers la chaussée, s'asseyant par terre et bloquant en partie le trafic routier. Les véhicules arrivaient néanmoins à circuler. Trois quarts d'heure plus tard. Les jeunes décidaient d'avancer en direction de la route du littoral. Les forces de police se déployaient immédiatement devant eux, leur barrant le passage. À ce moment-là, l'ambiance n'était pas encore tendue.

Échanges de projectiles

À 10 heures 40, Franck Olivier Lachaud allait au-devant des représentants de la ligue pour leur demander de faire évacuer la route. Il leur indiquait qu'il serait ensuite possible d'être reçus en préfecture par un conseiller de Brigitte Girardin.
Les représentants des grévistes étaient en train de discuter de cette proposition lors des projectiles ont volé en direction des policiers. Les grenades lacrymogènes ont immédiatement fusé. La manifestation venait de dégénérer. Les jeunes n'ont cédé du terrain que pas à pas après de multiples échanges de galets et de gaz avec les forces de police. Les yeux rougis par les lacrymogène, une jeune fille lançait à un policier: nous manifestions pacifiquement. Pourquoi nous traitez-vous comme ça?". Les affrontements ont duré plus d'une demi-heure. Les jeunes se sont finalement dispersés
Abandonnée sur le sol par un manifestant fuyant les grenades, une pancarte demande à François Fillon: "la vie c'est fantastique, pourquoi tu nous la compliques?"....
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