L'apiculture réunionnaise

Île à miel

  • Publié le 23 décembre 2005 à 00:00

La Réunion produit annuellement 150 tonnes de miel. Une production qui pourrait augmenter de plusieurs tonnes, si le potentiel mellifère de la forêt pouvait être exploité davantage. D'où l'intérêt des apiculteurs de trouver leur place dans le futur parc national des Hauts.

Ils sont un millier d'apiculteurs répartis sur toute La Réunion, avec une présence plus forte dans le Sud. L'île compte environ 20 000 ruches. La consommation actuelle de miel est estimée à 300 tonnes, dont 150 tonnes produites localement et 150 tonnes importées. Si le miel de l'île est de bonne qualité, en revanche, peu de Réunionnais en consomment. Cette consommation atteint les 400 g par an et par habitant, contre 600 g en Métropole et beaucoup plus dans certains pays d'Europe comme l'Allemagne ou la Grèce. Mais la consommation a tendance à augmenter régulièrement. En effet, elle était il y a encore quelques années de 300 g. Pour les apiculteurs, si l'accent était mis sur la qualité de ces miels et sur leurs bienfaits, la consommation pourrait augmenter de manière significative.

Hydromel et pain d'épices

Malgré ce succès mitigé auprès des Réunionnais, les atouts de l'apiculture réunionnaise sont nombreux, indique Benoît Giraudet, technicien apiculture à la chambre d'agriculture de La Réunion. "L'île est dotée d'un potentiel mellifère intéressant notamment en ce qui concerne la forêt, même si celui-ci n'est encore qu'en partie exploité" dit-il. De plus, ajoute-t-il, "la moyenne d'âge des apiculteurs n'est pas très élevée (40 ans environ). Cela veut aussi dire que l'apiculture a encore de beaux jours devant elle".
À noter également que les apiculteurs sont de plus en plus ouverts aux techniques rationnelles et modernes de conduite du rucher et de commercialisation. Quant aux produits dérivés du miel, qui sont assez peu connus tels l'hydromel et le pain d'épices, ils commencent à être fabriqués à La Réunion. Ils ont du succès auprès des consommateurs. La marge de progression, tant au niveau de la productivité par ruche que de la consommation par an et par habitant, est également importante. "Le marché reste donc ouvert puisqu'on ne produit que la moitié de ce que l'on consomme" souligne Benoît Giraudet.
Concernant la mise en marché, sur les 150 tonnes de miel produites, le quart transite par la Coopémiel basée à Saint Joseph et qui regroupe 35 adhérents essentiellement du Sud et du Centre. Le reste de la commercialisation se fait dans les grandes surfaces ou en direct chez les apiculteurs, sur les marchés forains et lors de fêtes traditionnelles (Miel vert, Florilèges, Foire de Bras Panon.

Miel en forêt

L'apiculture réunionnaise a donc de l'avenir, à condition toutefois de consolider la filière. Notamment par l'exploitation du potentiel représenté par la forêt. "Le potentiel mellifère que représente la forêt réunionnaise riche en essences intéressantes pour les abeilles ne peut être actuellement exploité à cause des vols de ruches ", souligne Benoît Giraudet. Or, les apiculteurs réunionnais voudraient exploiter ce potentiel. Ils estiment d'ailleurs avoir un rôle à jouer dans la protection de l'environnement de leur île. D'où leur demande de trouver une place dans le futur parc national des Hauts. Ils souhaitent par la même occasion, produire du miel de forêt tropicale. Benoît Giraudet souligne à cet effet que "La Réunion est dotée d'un fort potentiel pour produire du miel de forêt". Il estime à plusieurs tonnes le potentiel de miellées de forêt, alors qu'elles ne représentent actuellement que 5% des 150 tonnes de production locale.
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