Conférence - débat du MEDEF

Le tourisme a-t-il un avenir?

  • Publié le 5 décembre 2006 à 00:00

À l'occasion du cinquième petit déjeuner organisé par le MEDEF (syndicat patronal), les professionnels du tourisme se sont demandé s'il existait un avenir pour le tourisme à La Réunion. Lors de cette rencontre, lundi 4 décembre 2006, les vrais problèmes n'ont pas été éludés par les intervenants et la nécessité d'une action commune et concertée est apparue comme une des seules portes de sortie de crise.

"La crise du chikungunya est à interpréter comme un cyclone : après son passage, il faut reconstruire", expliquait Jean-Pierre Haggai, représentant du MEDEF. Réunis à l'occasion du cinquième petit-déjeuner du syndicat des chefs d'entreprises ce lundi 4 décembre, les professionnels du tourisme de l'île se sont demandés si le tourisme avait un avenir, notamment après la crise du chikungunya. De cette matinée de discussions, il est apparu que les problèmes rencontrés cette année par les professionnels du tourisme ne font que mettre en exergue des dysfonctionnements structurels qui existent depuis plusieurs années. Au premier rang desquels : le manque de concertation.

Entreprises au bord du gouffre

Après un tableau pour le moins pessimiste présenté par Catherine Frécaut, du SNAV (syndicat national des agents de voyages), des idées de solutions ont pu émerger. D'après elle, il apparaît que la conquête des marchés extérieurs ne s'est pas faite, que l'aérien et l'hébergement n'ont pas été gérés à la hauteur des enjeux (nombre de lits insuffisants, absence de solution aérienne adaptée au tourisme) et qu'au final, de nombreuses activités liées au tourisme sont au bord du gouffre.
Les entreprises du secteurs ont perdu 30 à 70% de leurs chiffre d'affaires et depuis 2000, le nombre de touristes n'a pas augmenté. Il a même connu une baisse depuis 2005. Le préfet a par ailleurs souligné que La Réunion a enregistré une perte de 130 000 touristes sur l'année 2006, par rapport aux 430 000 qu'elle accueille habituellement.
Les potentialités de l'île ne sont pas exploitées de manière optimale et des solutions évoquées sont tombées dans l'oubli. En témoigne un rapport sur la pêche au gros expliquant que La Réunion pouvait en devenir un haut lieu. Rapport qui n'a jamais été suivi d'effet...
Sans compter le manque de collaboration avec l'île Soeur dont les possibilités de couplages de voyages sont trop peu exploitées. À noter encore le problème des visas qui, selon la préfecture, fait objet de nombreux courriers au gouvernement sans que rien ne change.

Peur de tomber dans l'oubli

Le constat de crise actuelle sérieuse est partagé par les différents acteurs mais les solutions n'arrangent pas tout le monde. Nombreux voient dans la baisse du coût des vols une mesure nécessaire quand les compagnies aériennes répondent que ce n'est pas forcément la bonne approche... "La distance qui sépare La Réunion des marchés émetteurs est longue et ce n'est pas aux compagnies aériennes de prendre cela en charge. La finalité d'une entreprise est avant tout de perdurer", expliquait Gérard Ethève, PDG de Air Austral. Chacun protège ses intérêts mais au final, l'effort doit être global afin que tout le monde en profite.
"À ne rien faire de façon coordonnée, La Réunion sombrera dans l'oubli", souligne le préfet. Une inquiétude partagée aussi qui montre l'urgence de l'action en la matière. Le voyagiste Nouvelles Frontières aurait diminué de moitié la visibilité de La Réunion dans ses catalogues...

Définir des cibles

Pourtant, des solutions existent et si les professionnels du tourisme ont décidé de se retrouver pour se demander si le tourisme à la Réunion avait un avenir, "c'est bien parce que, implicitement, ils pensent que oui", déclarait Jocelyne Lauret, présidente du CTR (comité du tourisme de La Réunion). Pour cela, il faut des cibles identifiées, des projets novateurs et bien sûr, des moyens. Sur les 60 millions d'euros accordés par le gouvernement dans le cadre du FISAC et du fonds de secours en 2005, 40 millions n'ont pas encore été utilisés. Le préfet a d'ores et déjà averti que ces fonds ne seraient accordés qu'à des projets précis et solides. "Il n'y aura pas de saupoudrage", a-t-il précisé.
Ainsi, les cibles de touristes doivent être définies afin de proposer des prestations adaptées : seniors, luxe, sportive, d'affaires... Les différentes formes de tourisme possibles doivent être valorisées. Concernant le tourisme culturel par exemple, il faudrait imaginer des solutions pour participer aux évènements locaux comme Dipavali. "Si on n'est pas Réunionnais, on ne sait pas comment faire pour y participer", soulignait un des intervenants. Des pôles pourraient également être organisés autours d'organismes phares : la maison du volcan concernant le volcanisme, la maison des civilisations concernant la culture et le patrimoine, le conservatoire botanique concernant la nature...
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