Distilleries et liquoristes unis

"Non à la taxe sur l'alcool"

  • Publié le 30 décembre 2008 à 00:00

La fédération interprofessionnelle des alcools de canne de La Réunion (Fiacre) et le syndicat des producteurs de rhum de La Réunion (SPRR) ne sont pas contents. Ce mardi 30 décembre 2008 ils ont demandé le report de la taxe réclamée par la Région sur la production locale de spiritueux à base d'alcool de canne via l'octroi de mer. Cette taxe qui passerait de 0 à 23% risque d'avoir des conséquences économiques graves sur le secteur.

"Nous déplorons cette proposition faite sans concertation. Nous demandons son report et réclamons la reprise de la concertation", a déclaré ce mardi 30 décembre Xavier Thiéblin.Pour le président du SPRR, la décision prise mardi 23 décembre par la Région de lever l'exonération d'octroi de mer sur la production locale de rhums et dérivés en prévision de son budget 2009 n'est pas cohérente avec le contexte économique actuel, soumis aux conséquences de la crise financière, et à la lutte engagée pour améliorer le pouvoir d'achat. Le président du SPRR rappelle aussi que la production locale crée de la valeur ajoutée et donc de l'emploi localement.

Cette taxe sera directement répercutée sur le consommateur car les professionnels n'ont pas les moyens de supporter une telle augmentation, prévient le SPRR. En fait, la Région mise justement sur cette augmentation des prix à la vente pour désintéresser le consommateur des produits et lutter ainsi contre l'alcoolisme. Or, "la taxation de la production locale ne permettra pas de lutter efficacement contre l'alcoolisme", estime Xavier Thiéblin.

"Il n'y aura pas de baisse de consommation d'alcool mais une accélération de la vente des produits importés. C'est un cadeau de Noël aux importateurs d'alcool", poursuit-il. Et Danièle Lenormand, présidente de la Fiacre d'ajouter : Nous allons devoir faire face à une concurrence accrue avec les produits importés".

Pour la Fiacre et le syndicat des producteurs de Rhum, le seul argument de lutte contre l'alcoolisme utilisé par le conseil régional ne tient pas. Danièle Lenormand rappelle qu'en 2004, un groupe de travail avait été mis en place. Il regroupait la Région le Département, l'État, la Drass et les acteurs de la production d'alcool local. Il s'agissait de créer une interprofession et de trouver des solutions pour lutter contre les problèmes d'alcoolisme. L'idée était de constituer un fonds pour mener des actions de prévention contre ce problème de santé publique. Ce projet n'a jamais abouti.

La Fiacre rappelle par ailleurs que l'association nationale Entreprises et Prévention a trouvé un écho au niveau local auprès des professionnels du secteur "sensibles aux problèmes engendrés par une consommation excessive d'alcool", et "plusieurs actions ont été menées". Les moyens mis en ?uvre restent néanmoins insuffisants devant l'étendue de ce problème de santé publique.

Enfin, affirment les alcooliers, si cette taxe est appliquée, elle pénalisera les entreprises à l'exportation. Ces dernières n'auront plus autant de moyens que leurs homologues martiniquais d'investir dans les campagnes de promotion externe. À titre indicatif, la seule campagne pour "Charrette" en métropole a coûté 500 000 euros. Et "pour être bon à l'exportation, il faut être bon sur son marché local", rappelle Xavier Thiéblin.

La Fiacre et le SPPR seront-ils entendus par la Région? Réponse peut-être lors de l'assemblée plénière du 16 janvier 2009 où les élus doivent voter la constitution du budget de la collectivité présenté mardi 23 décembre par le président Paul Vergès. Un budget total estimé pour 2009 à 750 millions d'euros.
guest
0 Commentaires