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Yann de Prince dénonce un "scandale financier"

  • Publié le 15 février 2010 à 17:00

L'opérateur réunionnais Mobius dénonce les pratiques " scandaleuses " de La Réunion Numérique, Délégataire du Service Public, dont l'actionnaire principal est Mediaserv. En cause : " un détournement soupçonné de 12,9 millions d'euros de subventions régionales qui seraient remontées dans les caisses de la maison-mère, voire qui auraient l'objet de placements financiers dans des paradis fiscaux, " annonce Yann de Prince, Président et Directeur Général de Mobius, ce lundi 15 février 2010 en conférence de presse. " Cet argent public a-t-il disparu des caisses? Où est-il aujourd'hui ? A-t-il été rendu ? On ignore tout. Une chose est sûre, ces subventions n'ont pas permis d'équiper les Réunionnais en haut débit et cet argent public a voyagé là où il n'aurait pas dû aller, " poursuit Yann de Prince. Devant " l'immobilisme de l'instance régionale ", Yann de Prince a décidé de saisir les autorités compétentes au niveau national. Il sera en métropole à partir de ce mardi.

À l'origine, il y a la volonté de la Région d'offrir un meilleur accès haut débit aux Réunionnais. Ainsi est né Gazelle : le réseau en fibre optique dont la vocation est de favoriser l'équité et la transparence entre tous les opérateurs locaux. Son exploitation a été confiée par Délégation de Service Public (DSP) à La Réunion Numérique (LRN) dont l'actionnaire principal est Mediaserv, un opérateur privé.

Il apparaît dans le rapport d'activité 2008, communiqué par la Région en février 2010, que " le délégataire de service public LRN a fait remonter vers sa maison mère 12,9 millions d'euros de subventions régionales et européennes, et que ces liquidités ont fait l'objet de placements financiers. Une telle soustraction, même provisoire, des fonds destinés au développement numérique du territoire réunionnais expliquerait bien des retards dans la livraison des services du réseau Gazelle, " commente Yann de Prince.

" Depuis nos débuts, il y a 10 ans avec Mobius, et depuis 3 ans avec IZI, on n'a sans cesse combattu pour les Télécoms à La Réunion. On a intenté trois procès à France Télécom, l'opérateur historique. Ces combats ont profité au marché actuel et permis une évolution des tarifs. En dénonçant Mediaserv, nous ne craignons pas le retour de bâton. On poursuit notre combat pour libéraliser les Télécoms, pour réduire la fracture numérique. On en est fier, " commente le DG de Mobius.

La Région et l'opérateur délégataire, dont Mediaserv est l'actionnaire principal, ont fait l'objet de nombreuses mises en demeure de la part de Mobius : " Pour nous, ce n'est pas normal, Mediaserv est à la fois juge et partie, il y a confusion des genres. Cette distorsion concurrentielle a des effets négatifs. On a signalé de graves abus depuis plus de deux ans, mais la Région est restée sourde. " " Plus grave encore ", selon le directeur de Mobius, " le rapport ne précise pas si les 12,9 millions d'euros ont été remboursés à ce jour. Ces fonds pourraient avoir rejoint des paradis fiscaux aux Bermudes."

Le rapport semble confirmer toutes les " craintes" exposées par Yann de Prince. " Il est clairement indiqué que La Réunion Numérique a passé une convention de sous-traitance avec Mediaserv pour la mise à disposition de personnel, de locaux, et même de son système d'information. Autrement dit, pendant deux ans, a perduré une situation plus qu'ambiguë entre le délégataire de service public et un opérateur privé. LRN étant finalement une coquille vide, " s'indigne Yann de Prince.

Cette situation est " d'autant plus inquiétante que des pratiques similaires semblent également concerner les territoires de Martinique, Guadeloupe et Guyane où Mediaserv opère selon le même schéma qu'à La Réunion. Là aussi, des retards significatifs de déploiement sont constatés et malgré les subventions colossales déjà reçues par le groupe Loret, sa filiale Mediaserv sollicite encore une nouvelle aide de 6,5 millions d'euros du Conseil Régional de la Guadeloupe, " note Yann de Prince.

Dès demain, Yann de Prince saisira les autorités compétentes. " Si la Région ne donne pas suite à ce rapport accablant, si elle se contente d'un courrier de mise en demeure, s'il le faut, je porterai plainte devant le tribunal administratif. Tout au plus, la Région a annoncé qu'elle lancerait un audit. Cela ne nous satisfait pas, nous demandons plus de transparence dans les pratiques de Mediaserv. "

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