Pierre Serne, ancien élève de l'Ecole normale supérieur et conseiller de Dominique Voynet en 2000 et d'Yves Cochet jusqu'en 2002 au ministère de l'environnement, était en visite à la Réunion ces samedi 10 et dimanche 11 avril. Il a apporté des réponses à la question : " quel développement durable pour la ville ". Il a défendu son point de vue sur le social, " un des axes du développement durable ".
* Vous n'êtes pas venu à la Réunion par hasard. Un grand projet intitulé Gerri est en cours et vise l'autonomie de l'île d'ici 2030, le chemin sera long...- " La Réunion est pleine de paradoxe. A la fois, elle renferme une nature incroyable et c'est le paradis des voitures. L'utilisation de l'automobile est de plus en plus systématique. Par ailleurs, la production de déchets par habitant et par an est plus élevée ici qu'en métropole. "
* Que répondez-vous à ceux qui pensent que le développement durable, ce n'est pas une priorité ?
- " Le développement durable est souvent réduit à l'environnement, à tort. Les aspects économiques et sociaux sont à prendre en compte. Le développement durable, ce n'est pas que l'environnement, c'est aussi du social. Les victimes de l'environnement sont aussi des victimes sociales, et inversement. Tout est lié. Et comme le prix du baril de pétrole ne va cesser d'augmenter, de même que toutes les énergies fossiles, à ce moment-là, nous verrons à quel point le développement durable est un problème social. "
* Qu'est-ce qu'une ville durable selon vous ?
- " C'est une collectivité qui prend en compte tous les paramètres du développement durable et qui les intègre dans chacun de ses domaines d'intervention. C'est par exemple, concilier économie et développement durable. Avoir une vision durable, cela ne signifie pas faire de la ville un musée, où plus rien n'évolue. "
* Certains estiment que le développement durable est synonyme de régression, d'absence de progrès et parfois aussi de coût plus élevé...
- " Le point central, c'est que tous les choix doivent prendre en compte le futur. Pour chaque ville, il s'agira de prendre en compte la dépression pétrolière, le changement climatique. Il faut informer la population et changer les mentalités. Les constructions écologiques coûtent souvent plus chères, cela peut être difficile à faire accepter à la population. Mais si l'on considère le coût global et le fonctionnement, la gestion se révèle moins coûteuse. Si un bâtiment est mieux isolé, mieux ventilé, il sera moins gourmand en énergie et donc moins coûteux. C'est une question d'anticipation sur l'avenir. C'est une réalité que nous tentons de faire comprendre aux décideurs. "
* Quelles méthodes préconisez-vous ?
- " Chaque collectivité doit avoir un rôle d'exemplarité et d'information. Les bâtiments municipaux doivent respecter les normes environnementales. Il faut aussi miser sur les technologies innovantes, comme la climatisation à partir d'eaux de mer puisées en profondeur. Les initiatives associatives ou individuelles doivent être accompagnées et être retenues comme des pratiques à systématiser. Construire un plan de déplacement est central pour chaque collectivité. "
* La problématique des transports se pose manifestement sur l'île...
- " C'est une évidence, il faut sortir d'un fonctionnement tout automobile. Nous ne pourrons pas tenir ainsi. Toutes les solutions alternatives sont bonnes à prendre, qu'il s'agisse d'un tram-train ou de bus. Une solution sur plusieurs modes de transports combinés doit être trouvée. En concertation avec la population et toujours en prenant en compte les données locales. "
Pierre Serne est ancien élève de l'Ecole normale supérieure. D'abord enseignant chercheur à l'Université Paris 1 et à Sciences Po, il entre en 2000 au cabinet de Dominique Voynet, ministre de l'environnement et est ensuite conseiller d'Yves Cochet à ce même ministère.
Il est aujourd'hui chargé de mission sur l'intercommunalité " Est Ensemble " et " Paris métropole " à la mairie de Montreuil. Il est aussi conseiller municipal (Les Verts) de Vincennes depuis 2001.
Trésorier d'" Agir pour l'environnement " et administrateur de la " Fondation Danielle Mitterrand France Libertés ", Pierre Serne enseigne dans le master politiques environnementales et développement durable.
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