Agriculture - Préservation du foncier

"Chaque seconde, on perd 24 m2 de surface agricole"

  • Publié le 20 juin 2010 à 10:00

24 m2 de surface agricole, c'est l'équivalent de 54 baguettes de pain, de 33 kg de sucre de canne ou encore de la taille moyenne d'un studio. "C'est aussi la surface agricole moyenne que nous perdons chaque seconde sur l'île", souligne Alex Savriama, président du syndicat des Jeunes Agriculteurs de La Réunion. La faute notamment à l'urbanisation et à la spéculation foncière. Pour dénoncer cette situation, une vingtaine de membres du syndicat ont symboliquement défriché 24m2 d'un terrain situé à Saint-Benoît et y ont planté des salades, de la canne ou encore des plants d'ananas ce samedi 19 juin 2010.

Cette mobilisation a été mise en place dans le cadre de la "semaine nationale de la préservation du foncier agricole" organisée par les Jeunes Agriculteurs au niveau national. En effet, cette question est posée partout en France. Pendant une semaine, les syndicalistes ont contacté les responsables politiques et économiques afin de les sensibiliser sur une problématique : "la France perd chaque seconde 24m2 de foncier agricole". Ce slogan prend un sens particulier à La Réunion puisque les terres ne sont pas extensibles du fait de l'insularité. L'urbanisation pousse les agriculteurs vers les hauts de l'île. Ils perdent alors en volume de production.

Alex Savriama pointe d'abord du doigte le schéma d'aménagement régional (SAR) qui garantit aux agriculteurs une surface agricole minimale de 50 000 hectares. "Mais il s'agit d'un chiffre brut. Dans ces 50 000 hectares, il peut y avoir des habitations, des ravines, des surfaces non exploitables. Nous perdons alors beaucoup d'hectares", indique le responsable syndical. "Nous souhaitons une révision du SAR pour qu'on nous accorde 50 000 hectares de surface agricole exploitable", ajoute t-il.

Alex Savriama dénonce également la quantité importante de terres en friche. "Des terrains agricoles sont déclassés et laissés en friche pendant plusieurs années au lieu d'être urbanisés", fustige t-il. "Près de 1 700 hectares de terrain sont considérés comme inexploités ou sous exploités à La Réunion", précise le syndicaliste en citant des chiffres de la Safer (Société d'aménagement foncier et d'établissement rural).

Face à cette situation, les Jeunes Agriculteurs demandent la mise en place d'une "politique de reconquête des terres en friche". Cela passe d'abord par l'accélération des procédures de règlement des successions (indivisions) qui "pénalisent fortement la remise en culture des terres sous exploitées ou non cultivées". Le syndicat propose également l'introduction dans la loi de Modernisation de l'agriculture et de la pêche (actuellement en discussion à l'Assemblée Nationale) d'une taxe "pour dissuader le changement de destination du foncier". Enfin, les membres du mouvement demandent que "l'aménagement des terrains en friche soit privilégié au lieu de déclasser de nouvelles terres agricoles".

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