
Les fonctionnaires ultramarins en ont ras le bol et le font savoir. "On est obligé de quitter notre île, la séparation familiale est difficile à vivre, et on ne sait pas pour combien de temps on sera en exil", déplore Yann*, policier réunionnais en région parisienne. "Ce qui me gêne, c'est le fait que quand on demande à être muté, nos demandes sont rejetées, et au final, sur 100% des personnes mutées à La Réunion, 80% n'en sont pas originaires", poursuit-il. Les chiffres seraient plutôt de l'ordre de 60% de mutés sur l'île qui ne sont pas Réunionnais. Yann précise toutefois : "Je n'ai rien contre les métropolitains qui sont mutés, mais si les Réunionnais pouvaient être plus représentés, ce serait bien".
Comme Yann, nombreux sont ceux qui, après avoir vécu un certain temps l'expérience métropolitaine, aimeraient retourner dans leur département d'origine pour y faire leur vie. Oui, mais voilà, le retour à la maison se fait souvent attendre bien longtemps. "Il faut savoir qu'au bout de 5 à 7 années passées en région parisienne, un fonctionnaire de police de province peut rentrer tranquillement à la maison. Pour un Réunionnais, c'est beaucoup plus long, il faut attendre 10 à 20 ans", soulignait un fonctionnaire ultramarin, qui se dit découragé et lésé par rapport à ses collègues métropolitains. Toutefois, le temps d'attente maximum s'approcherait davantage de 12 ans.
Toujours est-il que les ultramarins se sentent délaissés. "On est complètement mis de côté. Qu'on vienne de Guadeloupe, de Martinique, de Guyane, de Mayotte ou de La Réunion, on est impuissant face à l'administration et à nos hiérarchies", expliquait un autre fonctionnaire de police, ajoutant que l'on condamne les ultramarins à l'exil. Et ils sont de plus en plus nombreux à dénoncer l'opacité de l'administration, qui rejette leur demande de mutation, sans donner de véritable justification. Conséquence de cela, le mal-être s'installe chez ces fonctionnaires, allant parfois jusqu'à la dépression, voire au suicide. La souffrance est aussi vécue par leurs proches installés en Outre-mer.
Pour faire la lumière sur leurs difficultés, mais aussi pour exprimer leur détresse et s'entraider moralement, un groupe Facebook "Les fonctionnaires ultramarins" a été créé. Les fonctionnaires, mais aussi leurs soutiens familiaux ou autres sont invités à s'y inscrire pour essayer d'améliorer les choses.
Par ailleurs, les fonctionnaires de l'Outre-mer souhaitent, en cette période d'élections législatives, attirer l'attention des hommes et femmes politiques des différentes régions ultramarines, afin de les sensibiliser sur leurs difficultés. Ils espèrent en effet une réforme du système de mutation pour faciliter le retour dans leur région natale, et demandent l'appui des élus pour cela.
* noms d'emprunt
13 Commentaire(s)
La population attend depuis plusieurs années un changement profond, motivé par la situation
économique et sociale que connaît le pays et particulièrement concernant l'emploi à la Réunion.
Cette envie de changement s'est concrétisée dans les urnes ces dernières semaines, cette période d'élections est désormais terminée. L'espoir, les exigences et les attentes de la population sont immenses.
L'AJFER tient aujourd'hui à vous interpeller sur un problème récurrent, injuste et qui ne peut plus durer : l'emploi des ultramarins dans leur région d'origine et particulièrement dans la police nationale.
Malgré les promesses et circulaires sur ce sujet, les choses ont peu avancé, pire, la situation régresse. Les jeunes Réunionnais qui aspirent à une carrière dans la police nationale partent se former en France hexagonale, exercent là bas un certain temps, souhaitent en majorité revenir dans l'île mais se retrouvent dans l'incapacité de le faire.
Le constat est fait qu'il est de plus en plus difficile d'obtenir sa mutation à la Réunion et ce à cause d'un système inadapté, loin de favoriser le retour des ultramarins dans leur département d'origine.
Par le dispositif de mutation dite « normale », les Réunionnais sont aucunement favorisés, l'ancienneté étant le seul critère de classement sur les listes de demandes de mutations, excluant de fait les points des originaires, comme cela se fait dans l'Education Nationale.
Encore plus absurde, les Réunionnais sont exclus des dispositifs qui leurs permettraient de revenir sur l'île dans des délais corrects. C'est le cas notamment du dispositif dit de « fidélisation » qui permet aux fonctionnaires métropolitains, après un contrat de 3 ans à la Réunion renouvelable 1 an, d'obtenir une mutation définitive dans le cas où ils se marient ou se pacsent avec un ou une originaire de l'île occupant un poste pour une durée de 15 ans avant le départ à la retraite.
Visiblement, la « fidélisation » croît ces dernières années et se serait une cinquantaine de postes qui auraient échappé aux Réunionnais ces dernières années.
Selon des retours de terrain, des Réunionnais qui ont fait la demande de mutation d'urgence, pour des raisons sociales et médicales se sont également vu assignés une fin de non recevoir et ce malgré les textes en vigueur.
Beaucoup de Réunionnais désespèrent chaque année un peu plus de revenir sur l'île, les délais sont incertains et demeurent interminables. Le malaise est de toute évidence grandissant entraînant de plus en plus des dépressions chez nos ultramarins bloqués loin de chez eux.
Autre preuve s'il le fallait du malaise grandissant, les collectifs qui se développent tels que « les fonctionnaires ultramarins » ou encore « GPX 974 ».
Mesdames, Messieurs les élus, vous êtes nombreux à vous êtes exprimés favorablement, lors de diverses interventions publiques pour l'embauche des Réunionnais et c'est déjà une avancée. Après les prises de position, l'heure est désormais à l'action.
Nous attirons particulièrement l'attention des député(e)s récemment élu(e)s, car ce problème avant tout social trouve ses solutions dans le cadre législatif, réglementaire et entre donc pleinement dans vos champs d'interventions à l'Assemblée Nationale. Il nécessite néanmoins le soutien de l'ensemble de la population et des élus pour qu'un message fort soit délivré aux hautes instances du pays.
Nous espérons que ce dossier devenu humainement urgent s'inscrive dans vos priorités et que tout soit mis en oeuvre pour que cette situation cesse rapidement.
Pour l'AJFER,
Béatrice LEPERLIER
Secrétaire Générale
Juste un exemple qui est le mien !
Je suis partit il y a de cela 10 ans, à cette époque avec femme et enfant. Nous nous sommes séparé (c'est la vie) et mon ex est rentré à la Réunion avec ma fille âgé de 7 ans à ce moment, forcément je l ai mal vécu !
Dépression mal de vivre abandon etc ...
J'ai fini par démissionner apres 7 ans de police a Paris pour me préserver et retrouver ma fille ...
Alors comme vous le dite ! J aurai du le prévoir tout ça ?!
Arrêtez les commentaires dans réfléchir ...l
Nous devons utiliser notre droit de vote pour choisir nos représentants qui doivent se battre pour nos droits (pas pour leur fric).
Quand je vois l'âge des policiers ici, j'ai quand même l'impression que beaucoup n'ont pas passé beaucoup de temps loin de notre île.