Violences faites aux femmes

Thérèse Baillif : "Il faut continuer à lutter"

  • Publié le 19 novembre 2014 à 15:45

La journée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes a été présentée ce mercredi 19 novembre 2014 à la ville du département à Saint-Denis. Cette manifestation - qui aura lieu mardi prochain - sera marquée par une marche lumineuse en hommage aux victimes. Marie-Alice Sinaman, marraine de la journée, a réuni de nombreuses artistes réunionnaises pour un concert de solidarité gratuit organisé au jardin de l'Etat. Thérèse Baillif, la présidente du CEVIF (Collectif pour l'élimination des violences intra familiales), explique les raisons et l'importance d'un tel rassemblement.

Le 25 novembre 2014 aura lieu la journée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes. Cette manifestation est importante, mais votre travail au quotidien doit l'être beaucoup plus...

En effet, c'est banal de dire que le 25 novembre revient chaque année, ce n'est pas un scoop. Ce que nous voulons, c'est de rappeler à chaque fois la situation des violences faites aux femmes à La Réunion. Nous voulons rappeler que les faits sont extrêmement graves et qu'il faut continuer à lutter aujourd'hui.

La situation est grave, mais s'améliore-t-elle depuis quelques années ?

Quand j'ai débuté à l'UFR, j'étais toute seule. Aujourd'hui, il y a de multiples acteurs sur le terrain. Certes, les choses s'améliorent, mais malgré tout nous sommes confrontés à un contexte social, économique et moral difficile. Il y a des pertes de valeur dans notre société et il est évidement que tous ces éléments ne jouent pas en faveur de la paix dans les ménages. Souvent, cela provoque ce genre de comportements violents que nous connaissons et qui ont des conséquences graves non seulement physiquement mais aussi sur le plan mental.

Ces conséquences sont-elles exclusives aux femmes ?

Non. Ce qui est grave, c'est que cette violence ne concerne pas uniquement le couple qui est en dysfonctionnement, mais aussi les enfants qui sont aujourd'hui des victimes qui ont été longtemps ignorées. Aujourd'hui, les enfants sont victimes au même titre que celle qui est directement concernée. Il porteront toute leur vie des traumatismes qui resurgiront lorsqu'ils seront adultes.

Comment se déroulent ces violences au quotidien ?

C'est un processus qui est en marche et qui est destructeur. Ce n'est pas seulement le coup porté qui est grave. C'est un long phénomène de destruction psychique qui se met en place et qui met la personne dans la confusion. La victime ne sait plus ce qu'elle fait, elle déprime, elle va prendre des médicaments, de l'alcool… C'est vrai que dans ce cas, toute la société morfle, cela a un coût social et humain très important. Il faut vraiment en être conscient aujourd'hui à La Réunion.

Par ailleurs, vous avez également relevé que les violences ne concernent pas uniquement le domicile familial…

Aujourd'hui, je vois des personnes qui ont des postes intéressants et qui viennent nous voir pour raconter leur souffrance. Elles viennent me voir et me disent : "je suis dans cette entreprise depuis de nombreuses années, et ils ont préféré promouvoir un jeune parce que c'est un homme." Il y a encore une discrimination sexiste au travail et notamment du harcèlement sexuel qui n'est pas suffisamment connu parce que les femmes veulent garder leur poste.

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