Dialogue de sourds entre acteurs à la chambre des métiers

Hausse de l'octroi de mer sur la farine : le prix du pain risque de grimper

  • Publié le 17 juillet 2015 à 08:00

Durant une heure, ce jeudi 16 juillet 2015, l'ensemble des acteurs de la filière artisan-boulangers-pâtissiers de La Réunion ont débattu de l'avenir du secteur dans l'île, notamment après l'annonce d'une hausse de l'octroi de mer, fixé à 6,5%.

Initiée par Bernard Picardo, président de la chambre des métiers et de l’artisanat, la rencontre visait à "trouver une solution qui convienne à un plus grand nombre". Le secteur représente 216 entreprises, 1 458 salariés et 144 apprentis. Le secteur est en plein essor, car "la qualité est là, la consommation de pain augmente, la hausse de la démographie et le changement de mode alimentaire" permettant aux artisans boulangers d’évoluer dans un secteur dynamique.

Pourtant pour les artisans présents à cette rencontre, dont Fabienne Lozange, de la Bigoudène à la Possession, "la Région ne nous protège pas". Une remarque à laquelle David Lorion, vice-président délégué au développement économique, a répondu : "on vous finance et on vous protège en subventionnant les formations."

S’accordant avec ce dernier sur ce point, la boulangère a réitéré : "on produit, on fait de la valeur ajoutée, on est des producteurs locaux, pourtant vous ne nous protégez pas. Les produits congelés ne sont pas taxés d’octroi de mer, cela nous pousse à ne plus pouvoir créer d’emploi." Les artisans et importateurs attendent plus de la Région Réunion, qui doit se réunir en commission permanente à la fin du mois d’août, donnant un délai à tous les acteurs pour trouver une solution.

Un octroi de mer qui passe mal

L’octroi de mer taxe principalement les produits importés à La Réunion, ce qui n’est pas le cas des pains et viennoiseries congelés. Un fait que Norbert Tacoun, président de la fédération réunionnaise des artisans boulangers-pâtissiers, a également contesté, ajoutant que "nous, on importe pour transformer, on ne peut pas combattre contre la concurrence des produits surgelés".

Face à l’inquiétude des artisans, David Lorion a assuré qu’ils seront prochainement exonérés et que les débats continueront, sur le sujet.  "Cette réunion arrive un peu tardivement, car nous subissons la mise en place d’un octroi de mer de 6,5% depuis le 1er juillet. On l’a découvert le 2 juillet ce qui n’est quand même pas normal", a répondu Norbert Tacoun.

Ce dernier a affirmé que "l’idéal aurait été de consulter les professionnels, aussi bien les meuniers, les importateurs, les artisans". Il a ajouté : "nous importons notre matière première pour fabriquer notre pain. Et là comme les importateurs, on va être pénalisé sur la farine qui rentrer à La Réunion."

Cette pénalité équivaut à une augmentation, de 5% soit 0,02 euros. "Pour une production équivalente à 1 000 baguettes/jour, ce sera un surcoût de 20% par jour, et 6 200 euros par entrepris pour 310 jours travaillés", a expliqué le président de la fédération réunionnaise. Il est clair pour l’ensemble des artisans présents que "l’augmentation des prix n’est pas concevable" tant pour eux-mêmes, que pour le consommateur.

Seul représentant à ne pas considérer le niveau de l’octroi de mer comme un frein, Julien Quéré, directeur général délégué de la Cogedal a expliqué que cette taxe est "une opportunité pour nous de fabriquer des farines " et "même si on aurait espéré plus comme celui de nos confrères situés dans les Antilles, il nous convient et défend clairement nos intérêts."

La principale menace pour Julien Quéré est l’importation de farine venant de l’île Maurice, ou des pays d’Europe de l’est qui pourrait remettre en question toute la filière réunionnaise. Un avis partagé par l’ensemble des acteurs et qui devrait également être évoqué lors des prochains débats.

De nouvelles discussions envisagées

Malgré les tensions et difficultés de compréhension, Ibrahim Patel, président de la CCIR, et Bernard Picardo de la CMAR, ont confirmé le maintien de nouvelles discussions. Pour les deux hommes, il est nécessaire  "que chacun puisse s’exprimer et donner son point de vue."

"Il y a des chiffres qui ont été annoncé, des positions également, maintenant le travail qu’il nous reste à faire dans les prochaines semaines, c’est de faire en sorte qu’on arrive à travailler et à faire en sorte qu’on arrive à protéger la production locale mais aussi que nos entreprises ne soient pas pénalisées", a indiqué Bernard Picardo.

Pour ce dernier, "il faut que cela soit gagnant gagnant". De son côté, Norbert Tacoun a assuré qu’il y avait "bon espoir" pour que chacun puisse s’entendre et trouver une solution satisfaisante.

Même position pour Julien Quéré, qui s’est dit confiant : "je pense que l’on va trouver un consensus intéressant où toutes les farines qui ne seront pas fabriquées par la Cogedal, c’est-à-dire la farine bio, la farine sans gluten et la farine qui est certifiée Label rouge, soient certainement exonéré, c’est en tout cas le consensus que j’envisage. Ce qui ne veut pas dire qu’on ne fera pas des efforts pour produire ces farines."

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2 Commentaires
claire
claire
8 ans

Ses messieurs de la Région préfèrent sauver une entreprise qui est subventionnée par la Région et l' Europe au lieu de sauver les emplois des Réunionnais parce que c'est bien ses artisans qui créent de l'embauche et non la Cogédal.
On a bien compris, mieux vaut protéger les riches et abattre les petits.
Merci Mr le Président de la Région, vous nous conseillez de manger des pains surgelés au lieu du bons pains

enfariné
enfariné
8 ans

"(...) Cette pénalité équivaut à une augmentation, de 5% soit 0,02 euros. "Pour une production équivalente à 1 000 baguettes/jour, ce sera un surcoût de 20% par jour, (...) "

Si augmentation de 5% il y a, alors il ne peut pas y avoir un surcout de 20%, à moins quelqu'un se serve au passage, que ce soit pour 1, 20 ou 1000 baguettes !

"(...) car nous subissons la mise en place d'un octroi de mer de 6,5% depuis le 1er juillet. On l'a découvert le 2 juillet ce qui n'est quand même pas normal", a répondu Norbert Tacoun. (...)"

Personne ne travaille en semaine ?? C'est affligeant de lire ça, sachant que c'est quand même leur job d'être toujours au fait de la legislation ...