L'Agence régionale de santé

Un plan d'action contre le syndrome d'alcoolisation foetale

  • Publié le 18 septembre 2015 à 17:00

Ce vendredi 18 septembre, la présidente de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), Danièle Jourdain-Menninger, a terminé sa visite à La Réunion par une rencontre avec l'Agence régionale de santé (ARS) de l'océan Indien. Une collaboration a été convenue pour permettre la mise en place d'un plan d'action de prévention et de prise en charge du syndrome d'alcoolisation foetale (SAF).

Seulement 25 % des Français estiment que la moindre consommation d'alcool pendant la grossesse comporte un risque pour l'enfant : à la lecture de ce chiffre, le fossé à combler paraît énorme… D'après la même étude, réalisée fin juin 2015 en métropole, 18 % des personnes interrogées pensent qu'une femme enceinte peut boire quelques gorgées d'alcool de temps en temps et 39 % considèrent qu'un verre pour les grandes occasions ne pose pas de problème ; 37 % estiment que les risques n'apparaissent pour le nouveau-né que si l'on consomme de l'alcool quotidiennement.  D'où un enjeu sanitaire prégnant face à la méconnaissance du syndrome d'alcoolisation foetale (SAF).

Un SAF peut apparaître suite à une consommation d'alcool pendant la grossesse, ne serait-ce qu'un verre. Des perturbations du développement du foetus peuvent intervenir et, après la naissance, des malformations, des difficultés d'apprentissage, des troubles de l'attention et du comportement peuvent amener un décrochage scolaire et des difficultés d'insertion sociale.

4 à 11 enfants porteurs du SAF naissent chaque année

A La Réunion, troisième région de France pour la mortalité liée à l'alcool, 4 à 11 enfants porteurs du SAF naissent chaque année. En se rapportant aux taux de prévalence métropolitain, ce nombre devrait être de 140 naissances. D'où la nécessité d'améliorer le dépistage et le diagnostic dans l'île, pour bénéficier d'une meilleure connaissance du territoire et de la situation sanitaire réelle. "Une plateforme de diagnostic sera installée au CHU, esquisse Nicolas Durand, directeur général adjoint de l'ARS (à droite sur la photo). Des tests génétiques et neuropsychologues permettront de confirmer le SAF, cela peut être une autre pathologie avec les mêmes symptômes."

Le plan d'action régionale, prévu pour 2016 et coordonné par l'ARS, doit offrir des formations aux professionnels de santé et à ceux du social, pour mieux prévenir les cas, identifier les personnes potentiellement affectées et les diriger vers les structures adaptées. Selon le Baromètre de santé 2014, 2 % des femmes réunionnaises ont une consommation d'alcool à risque (contre 4 % en métropole). Seulement, ce petit nombre absorbent des quantités beaucoup plus importantes (36 verres par semaine contre 26 en métropole).

Consciente de cette problématique, la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) a décidé de s'associer à l'autorité sanitaire régionale pour consolider le plan d'action. "Notre stratégie nationale de 2013 à 2017 comporte un volet de soutien aux expérimentations sur le syndrome d'alcoolisation foetale, soutient la présidente de la Mildeca, Danièle Jourdain-Menninger. Nous avons eu plusieurs régions candidates et nous avons retenu La Réunion. Cela va donner au plan d'action une visibilité nationale. Nous soutiendrons l'installation d'un centre de ressource placé au CHU qui permettra de faire travailler ensemble les partenaires de santé, du social, du médico-social, de l'éducatif."

Soutien financier et symbolique de la Mildeca

Ce soutien de la Mildeca sera aussi financier avec une enveloppe de plusieurs dizaines de milliers d'euros annuels, quand l'ARS dépensera plusieurs centaines de milliers d'euros. Une évaluation externe du dispositif se déroulera sur trois ans pour juger de sa bonne tenue et de sa pertinence. Concernant le dépistage, le diagnostic et l'accompagnement des patients (sevrage, mode de contraception adapté), des résultats tangibles devraient survenir sous "une à deux années, on peut espérer que les choses aillent assez vite", estime Nicolas Durand. Sur la phase d'accompagnement, "la plus importante du plan", la mobilisation des acteurs du terrain passera, par exemple, par "des annuaires pour les travailleurs sociaux afin qu'ils sachent qui appeler pour avoir des soins en addictologie", poursuit le directeur général adjoint de l'ARS.

La prévention, elle, sera un travail de longue haleine et Danièle Jourdain-Menninger se dit optimiste, notamment grâce à un tissu associatif réunionnais très fourni. C'est d'ailleurs cette constatation principale, au terme de son séjour dans l'île, qui lui fait dire que La Réunion est le département d'outre-mer "le plus préservé" face aux ravages potentiels des addictions. Et la présidente de la Mildeca de conclure : "La situation locale n'est pas alarmante mais il faut faire en sorte qu'elle le demeure."

www.ipreunion.com

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1 Commentaires
8 ans

à quand un plan d'action d'addiction du port de cravate et de produit beauté.
car a trop serrer la cravate cela fait mal à la gorge et produit de beauté avec nano-tech c'est mauvais pour la santé .