Dans l'ombre des infrastructures sportives hors de prix

Brésil : à côté des stades, des enfants pauvres se prostituent

  • Publié le 20 août 2016 à 16:04

Dans la nation du sport, se cache d'immenses inégalités. Le Brésil, théâtre en ce moment des Jeux olympiques d'été 2016, compte en son sein bon nombre d'infrastructures sportives flambant neuves, dont d'immenses stades, construits pour la Coupe du monde de football 2014. Pays organisateur des Jeux olympiques 2016, le Brésil a octroyé plus de 12 milliards d'euros pour la mise en place totale des JO, alors que le pays compte les quartiers le plus pauvres de l'Amérique du Sud. Cette pauvreté fait grimper la toxicomanie et la prostitution des enfants, qui sévissent à quelques pas des plus beaux stades brésiliens. Ainsi est le portrait dressé par un documentaire pour France Télévisions, tourné par le reporter britannique Marshall Corwin.

Le mythique stade Maracana, ou le Stade Engenhão accueillent les plus belles des rencontres sportives. 10 millards ont été investis pour organiser la coupe du monde de football en 2014, tandis que dans le même temps, 200 000 manifestants dénonçaient dans la rue la hausse des prix du transport à Sao Paulo.

Le peuple qui estimait (à juste titre ?) que cet argent aurait dû être injecté dans la politique sociale, voit aujourd'hui s'organiser les prestigieux Jeux olympiques, à Rio de Janeiro. Dans un documentaire tourné en 2014 pour France Télévisions, le reporter britannique Marshall Corwin s'immerge dans le quotidien des favelas, quartiers pauvres situés à quelques mètres des stades ultra-modernes. A travers quelques témoignages à visage découvert, on y découvre la vie faite de drogues, de prostitution infantile et d'extrême pauvreté que partagent les habitants de ces cités. La violence et le trafic de drogues règnent, avec la complaisance des professionnels de l'hôtellerie.

Dans ce documentaire, le journaliste suit le quotidien de Joyce. A 12 ans, elle est toxicomane et se prostitue pour se procurer de la drogue. Avec ses frères et sa mère, elle vit dans un immeuble désaffecté dont la construction n'a jamais été achevée. Il abrite un vendeur de drogue à chaque étage alors "impossible d'y échapper" déplore sa mère, qui est au courant que sa fille se prostitue. La jeune fille raconte qu'elle vend son corps comme le font toutes les jeunes filles de son quartier, pour survivre. Déborah, sa mère, s'insurge lorsqu'elle aperçoit le stade Marcanana, à quelques mètres du bidon-ville ou elle vît avec ses enfants : "Chaque siège de ce stade aurait pu être une maison destinée à accueillir une famille des favelas" pleure t-elle.

Le tourisme sexuel, l'autre face d'un Brésil magique

Dans un pays où le sport est roi, le tourisme, lui aussi boosté par les plus grandes compétitions internationales est emprunt d'un côté plus sombre que celui des mythiques plages de sable blanc. Le tourisme sexuel sévit durement dans les favelas des grandes villes, tandis que les forces de l'ordre, (images à l'appui) ignorent tout bonnement les clients qui payent des enfants en échange de faveurs sexuelles. Selon le témoignage d'un jeune homme de 17 ans, qui se prostitue depuis déjà des années, "les policiers profitent aussi des enfants" et achètent leur silence.

Du côté des autorités, un vaste plan social destiné à "pacifier" les quartiers les plus difficiles, a été mis en place par le gouvernement. Selon ses acteurs cités dans le reportage, il devrait faire ses preuves sur le long terme. La méthode de "pacification" des favelas passe par l'omniprésence de l'armée dans les rues. Seulement voilà, de l'abus de pouvoir est dénoncé par les habitants, tandis que la tension est palpable dans certains quartiers, filmés par le reporter britannique.

Enfin, si les structures associatives se mobilisent pour sortir les enfants prostitués de la rue, le travail accompli reste une goutte d'eau dans un océan corrompu. "Le fait de pouvoir coucher avec de très jeunes gens facilement" attire les touristes du monde entier, ces touristes, venus de la planète, pour assister aux plus belles compétitions internationales…

Le documentaire est disponible sur les plate-formes de replay de France Télévisions.

www.ipreunion.com

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