Islam - Eid-el-Kebir

Bonne fête à tous les musulmans de La Réunion

  • Publié le 12 septembre 2016 à 05:00

Les musulmans de La Réunion et du monde célèbrent aujourd'hui lundi 12 septembre 2016 l'Eid-el-Kébir aussi appelé Eid el-Adha. Ils ont été nombreux à participer à "la grande fête", qui fait référence au sacrifice d'Ibrahim (Abraham dans la Bible), à qui Dieu avait ordonné de tuer son fils comme preuve de son obéissance. Voyant la soumission du croyant à sa demande, Dieu avait finalement dit à Abraham de sacrifier un agneau à la place. Comme le veut la tradition, les musulmans sacrifent donc chaque année un mouton, une chèvre ou un boeuf pour le partager en famille. Une grande prière a ainsi été organisée au vélodrome de Champ Fleuri, à Saint-Denis. L'Eid marque aussi la fin du pèlerinage de la Mecque, qui réunit plus d'un million de fidèles. Les pèlerins prévoient d'ailleurs un budget important, pour honorer le cinquième pilier de l'islam d'une part, mais aussi pour rapporter des présents à leur famille.

Pour se rendre à La Mecque et accomplir le pèlerinage musulman, ils ont dépensé des milliers d'euros. Mais en plus de l'avion et de l'hôtel, il est un budget incontournable: celui des cadeaux que le pèlerin doit impérativement ramener par brassées au pays.
Sidi Mokhtar Dembele a déjà dépensé "500.000 francs CFA", soit environ 760 euros, pour acheter "beaucoup de chapelets", des tapis de prière et d'autres souvenirs qu'il compte offrir à la famille et aux amis restés au Mali.

Cet inspecteur des douanes de 54 ans, vêtu d'un costume traditionnel bleu et le crâne recouvert d'une calotte blanche, affirme n'avoir fait qu'accomplir un devoir religieux. "C'est ce que le prophète Mahomet nous a demandé, on doit ramener des cadeaux à la famille et aux amis", dit-il à l'AFP dans une rue encombrée où s'alignent les échoppes.

A quelques dizaines de mètres de la Grande mosquée, sur l'avenue Ibrahim al-Khalil où les boutiques rivalisent d'éclairages clignotants et de pancartes dans toutes les langues pour attirer le chaland, Mohammed Hassan fait également ses emplettes. "J'ai déjà acheté des abayas", ces longues robes traditionnelles du Golfe pour les femmes, "des chapelets, des parfums, des tapis de prière, de l'encens", égrène cet ingénieur égyptien de 61 ans.

"Ramené de la Kaaba"

En tout, son budget atteint "3.000 rials saoudiens", dit-il, soit environ 700 euros. Une somme conséquente qui s'ajoute aux près de 6.000 euros qu'ont coûté le voyage en avion et les nuits d'hôtel à La Mecque et Médine, les deux villes saintes d'Arabie saoudite, reconnaît-il en grimaçant. Mais, dit-il, impossible d'y échapper car "ce seront des souvenirs dont les amis et la famille seront fiers. Ils ont une vraie valeur, un prix inestimable".

"Mes enfants pourront dire "papa m'a ramené ça de la Kaaba", ce sanctuaire cubique autour duquel a été construite la Grande mosquée et en direction de laquelle les musulmans prient cinq fois par jour, poursuit l'homme en djellaba traditionnelle, le sourire aux lèvres en essayant de se frayer un chemin parmi la foule.

Car si le hajj est pour les musulmans d'abord une aventure spirituelle, un retour sur les lieux mêmes où Mahomet a accompli les rites demeurés inchangés, c'est aussi une industrie que l'Arabie saoudite souhaite développer encore plus, notamment pour se ménager une alternative à la rente des hydrocarbures qui représente près de 50% du PIB.

La saison du hajj, avec 1,4 million de pèlerins étrangers attendus à La Mecque sur une dizaine de jours, est la plus importante. Mais le petit pèlerinage (omra) peut aussi être accompli tout au long de l'année. Ces millions de musulmans venus du monde entier sont une manne qui draine des milliards d'euros chaque année. En 2015, selon la Chambre de commerce et d'industrie de La Mecque, les pèlerins étrangers ont dépensé près de 20 milliards de rials saoudiens durant le hajj, soit 4,75 milliards d'euros, et les locaux plus d'un milliard d'euros.

"Economies de toute une vie"

Des dépenses "pour lesquelles on a économisé toute notre vie", assure Gamal Hamada, lui aussi venu d'Egypte avec son épouse. "On a travaillé pendant des années pour se payer le hajj" et une fois ce "rêve réalisé", il faut rentrer au pays les bras chargés de cadeaux.
Cette année, alors que le pèlerinage n'a pas commencé, Maged Abdallah, qui tient une petite boutique de tapis de prière et de vêtements islamiques, affirme que son chiffre d'affaire quotidien varie entre 20.000 et 25.000 rials saoudiens (4.750 et 6.000 euros).

Son voisin Ali Abou Saadi affirme, lui aussi, que les affaires vont bien. Dans la boutique de ce Yéménite de 66 ans, qui regorge de babioles "Made in China", "pour toutes les bourses, ceux qui sont riches comme ceux qui ont peu de moyens", les clients se bousculent.

Mais il n'y a pas que les chapelets en perles de plastique clinquant ou des horloges remontées pour sonner à l'heure des cinq prières musulmanes fabriquées à la chaîne en Asie et vendues à bas prix. Aux abords de la Grande mosquée, sur une natte ou un tissu posé au sol, des petits vendeurs proposent un retour au temps du prophète en vendant l'encens traditionnel du Golfe ou des bâtons de siwak, ces "brosses à dents naturelles" glissées entre les lèvres de nombreux pèlerins. Pour certains, ces bâtonnets vendus une poignée de rials font même partie du rite religieux.

"La plupart des cadeaux ont une symbolique religieuse, nous aidons nos proches restés au pays à ressentir la ferveur du pèlerinage", assure Oumar Sar, 58 ans, venu du Sénégal. "Avec ces cadeaux, nous les incitons à renforcer leur foi dans l'espoir qu'ils viennent eux aussi à La Mecque".

www.ipreunion.com avec AFP

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