Des avancées à conforter dans la lutte contre les addictions

Alcool, artane et zamal, des fléaux toujours actifs

  • Publié le 10 novembre 2016 à 05:33

La présidente de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) est en visite à La Réunion pour la seconde fois. Danièle Jourdain-Menninger a tenu à faire le point des actions mises en place lors de sa première venue. Si l'alcool ainsi que la prise de zamal et de médicaments détournés constituent toujours un fléau à La Réunion, des avancées sont pourtant notables, tant au niveau des acteurs que des projets mis en place.

Si la lutte contre les addictions passe par la répression, la prévention est bel et bien au coeur des projets menés par la MILDECA, en étroite collaboration avec l’Agence régionale de santé. Cette dernière consacre 14 millions d’euros par an pour la prise en charge des personnes souffrant d’addiction(s).

Un an après la première visite de Danièle Jourdain-Menninger à La Réunion, le bilan "est satisfaisant" compte-tenu de la mise en place de plusieurs dispositifs, auprès des plus jeunes et des femmes enceintes, co-financés par les services de l'Etat, dans le cadre de la politique de la ville.

"Les départements d'Outre-mer nécessitent une approche particulière en matière d'addictologie" précise la présidente de la MILDECA, qui s'explique par l'usage important d'alcool, de médicaments détournés et de zamal, substance "banalisée". Les plus touchées par les addictions sont les populations démunies, les jeunes désocialisés, tandis que l'accent a été mis sur le syndrome d'alcoolisation foetale, qui touche 15 femmes enceintes par an, et dont le premier bilan sera fait à la fin du mois de novembre.

Pour les plus jeunes, parfois confrontés à l'alcool dès le plus jeune âge, la prévention doit "aller vers eux. Ouvrir un guichet est inutile. C'est pour cela que la Kaz Oté (Centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie, situé à Saint-Paul) par exemple, dispose d'agents formés pour trouver les jeunes là où ils sont" explique de son côté François Maury, directeur de l'agence régionale de santé.

A l'avenir, des dispositifs prévoient l'intervention de professionnels dans les écoles primaires et les collèges pour prévenir les addictions "en identifiant les situations de stress, ou apprendre à résister à la pression des copains, par le biais de circuits qui parlent aux jeunes, comme des web séries ou des mangas" ajoute Danièle Jourdain-Menninger qui assure que "faire la morale ne sert à rien". Les parents sont également acteurs de la lutte des addictions de leurs enfants, en participant notamment à des ateliers. Toutes les actions disponibles sur l'île sont référencés sur le site www.saome.fr, plate-forme de la MILDECA.

A noter que les forces de l'ordre et la douane sont également un maillon de la chaîne, en luttant de leur côté contre le trafic. Concernant l'usage de l'Artane et du Rivotril, spécificités locales, "il faut être intraitable sur le suivi des prescriptions des médecins et sur la délivrance des pharmaciens" souligne la présidente de la MILDECA.

Pour autant, si "le produit ne doit pas être au coeur du dispositif", privilégiant la prise en charge des addictions dans sa globalité, 540 décès liés au tabac sont chaque année recensés à La Réunion et 5 100 personnes sont hospitalisées à la suite d'une intoxication alcoolique. L'alcool est également un facteur présent dans la moitié des accidents mortels sur la route et reste présent dans beaucoup de cas de violences intra-familiales.

Une enquête établie par l'observatoire des drogues et des toxicomanies paraîtra prochainement, faisant état des raisons poussant à la consommations de produits addictifs, qui aura pour but "d'affiner les politiques de prévention" termine Danièle Jourdain-Menninger.

www.ipreunion.com

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