Courrier des lecteurs de Jean-Claude Moutien

Quel autre choix que Macron pour le Centre ?

  • Publié le 30 janvier 2017 à 11:01

Eh bien voilà, les urnes socialistes ont parlé, et c'est Benoît Hamon, qui, sans surprise au vu des résultats du 1er tour, sera le candidat du PS et de ses alliés à la prochaine élection présidentielle. Face à lui, les Républicains et ses alliés présenteront François Fillon, comme on le sait depuis plusieurs semaines.

Pour nous, électeurs réellement centristes et non pas subordonnés à quelque discipline de parti, quel choix avons-nous ? Certes Benoît Hamon défend une laïcité dans laquelle beaucoup de centristes se reconnaissent, mais comment pourrions-nous adhérer à sa vision archaïque du travail, qui se partagerait comme un gâteau – on a vu ce qu’ont donné les 35 heures, et il veut maintenant passer à 32 – et à son revenu universel qui ressemble à un miroir aveuglant les alouettes utopistes et/ou irréalistes ?

Certes, François Fillon a placé le travail au centre de son programme, et a une certaine volonté de réduire le poids administratif qui pèse bien plus sur les impôts français que dans la moyenne des pays européens ; mais sa vision reste trop durement libérale pour que le Centre puisse y adhérer, et non, la France n’a pas un problème avec l’Islam, et non, la colonisation n’a pas été un bienfait pour les peuples colonisés. En Outre-Mer, nous payons encore le prix de cette colonisation, qui a fait de La Réunion, par exemple, une terre à sucre pour la Métropole plutôt qu’à cultures vivrières pour les Réunionnais !

Inutile de parler des candidats démagogiques et dangereux des deux extrêmes : rien ne tient la route chez eux, si ce n’est leur capacité à flatter les instincts plutôt que l’intelligence de leurs électeurs, et à dessiner à gros traits une réalité bien plus complexe.
Alors dans ce contexte, comment s’étonner que le Centre, qu’il soit de droite ou de gauche, se tende vers Macron ? Il y a encore beaucoup de flou dans cette candidature, force est de le reconnaître. Un programme quasi inexistant ou en tous les cas, non connu.

Une capacité à gouverner et à diriger un gouvernement, dont on se demande bien de qui il pourrait être constitué, encore sujette à question. Une association avec le bilan de François Hollande, auquel il a contribué comme conseiller de l’Elysée puis comme ministre, qu’on ne peut nier. Mais la nationalisation de l’Unedic, l’extension de l’Assurance Chômage aux travailleurs indépendants, un temps de travail moins dogmatiquement imposé et décrété, une identité française forte de toutes ses composantes : reconnaissons que ces idées sont indéniablement centristes.

Alors, oui, si Macron dévoile un programme consistant, s’il ne s’écroule pas durant la campagne, s’il ne glisse pas sur une des peaux de bananes que ses anciens amis ou adversaires de longue date lui poseront à dessein, il pourrait créer une véritable surprise et se qualifier pour le second tour, et de là, devenir notre futur président. Les médias, les sondeurs, nous expliqueront, comme ils commencent déjà à le faire, que le vote Macron exprime le ras-le-bol des Français vis-à-vis des partis traditionnels.

Peut-être, mais il montre déjà et il montrera davantage encore la défiance des électeurs vis-à-vis des deux candidats caricaturaux que les primaires ont fait émerger des urnes. Si les électeurs Républicains et le PS voulaient faire gagner Macron, ils n’auraient pas pu mieux choisir.

Alors oui, très probablement, une grande partie des électeurs de l’UDI, du Modem et du PS porteront leur vote sur Emmanuel Macron. En espérant seulement qu’il sera à la hauteur des défis que la France se doit de relever après avoir perdu 5 voire 10 années.

 Jean-Claude Moutien

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