Le cyclone a dévasté plusieurs régions de la Grande Île

Un mois après Enawo - 81 morts et plus de 200 000 sinistrés à Madagascar

  • Publié le 8 avril 2017 à 10:00

Ce vendredi 7 avril 2017, la Piroi (Plate-forme d'intervention régionale de l'Océan Indien) a établi un nouveau point de situation sur Madagascar, un mois après le passage du cyclone Enawo. Selon le bilan établi par le bureau national de gestion des risques et des catastrophes, 81 morts et plus de 4000 sinistrés ont été recensés. Nous publions ci-dessous le communiqué de la Piroi dans son intégralité

Le 7 mars 2017, le cyclone tropical intense Enawo a atterri sur la côte nord-est de Madagascar, entre Sambava et Antalaha, avec des vents en rafales pouvant atteindre 300 km/h dans un rayon de 70 km autour du centre. Après avoir frappé durement les régions de Sava et Analanjirofo, Enawo a traversé le pays du nord au sud pendant deux jours. Le cyclone, caractérisé par des vents violents et de fortes pluies, a balayé l’ensemble du pays, y compris la capitale Antananarivo, provoquant des inondations et entrainant le déplacement de plusieurs milliers de personnes.

C’est dans les districts d’Antahala (région de Sava), Maroantsetra (région d’Analanjirofo), de Brickaville (région d’Atsinanana) et d’Antananarivo (région d 'Analamanga) qu’il a occasionné le plus de dégâts.

Le 9 mars, Enawo est ressorti en mer par la pointe sud de l’île, dans le district d’Ambovombe, après avoir déversé de fortes pluies sur la quasi-totalité du territoire.

Le 14 mars, le gouvernement malgache a déclaré l’état de catastrophe nationale et lancé un appel à l’aide internationale.

Bilan

Selon le bilan établi par le Bureau National de Gestion des Risques et des Catastrophes (BNGRC), 81 personnes ont perdu la vie et 253 autres ont été blessées lors du passage du cyclone. Les autorités malgaches ont également fait état de 247 000 personnes déplacées et 434 000 sinistrées.

Les conséquences du cyclone diffèrent dans les centres urbains et les campagnes. Peu connecté au réseau routier national, le "triangle de la vanille", composé des districts les plus impactés (Antalaha, Maroantsetra et Andapa) reste difficile d’accès.

De nombreuses pistes non goudronnées de cette région ont été rendues impraticables par les débris laissés par le vent et les inondations. Pour atteindre ces régions isolées, le bateau est le moyen privilégié. Les populations éloignées des côtes et des rivières restent néanmoins difficilement atteignables par les équipes d’aide d’urgence.

Besoins identifiés

Le bilan matériel laissé par Enawo est lourd. Le vent a causé la destruction de 40 520 maisons et la perte des biens (outils, mobilier, affaires personnelles) des personnes sinistrées. De nombreux centres de santé et écoles ont été endommagés, remettant en cause l’accès aux soins et à l’éducation.

Les inondations résultant des fortes pluies ont détruit cultures et stocks de nourriture et endommagé plus de 250 infrastructures d’approvisionnement en eau. Les puits communautaires ont été particulièrement touchés. Plus de 1 300 d’entre eux ont été inondés, rendant leur eau impropre à la consommation.

D’après le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et le BNGRC, 230 650 personnes sont menacées d’insécurité alimentaire tandis que 168 000 vivent actuellement sans accès à l’eau potable. Cette précarité fait craindre la recrudescence de nombreuses maladies et une augmentation des cas de malaria a déjà pu être observée.

Par ailleurs, OCHA et le BNGRC estiment à 100 000 le nombre de personnes ayant besoin d’une assistance dans le domaine de l’hébergement.

Actions et réponse de la Croix-Rouge malgache et de ses partenaires


Au niveau central, la Croix-Rouge malgache mène une veille permanente et participe à la coordination nationale sous l’égide du BNGRC. Elle est en étroite relation avec les Sociétés nationales partenaires présentes dans le pays (Croix-Rouge allemande, Croix-Rouge danoise, Croix-Rouge norvégienne et Croix-Rouge italienne) ainsi qu’avec la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) et la PIROI. Le Comité International de la Croix-Rouge est aussi présent sur place.
La Croix-Rouge malgache travaille également en coordination avec les organisations humanitaires présentes à Madagascar, notamment le PAM, UNICEF, IOM, Care, Medair et ADRA.


Durant la phase d’alerte la Croix-Rouge malgache (CRM) a déployé ses volontaires sur le terrain afin de sensibiliser les populations et d’évacuer les familles les plus à risque. Des évaluations des besoins ont été menées dès le lendemain du passage d’Enawo. Dans la capitale Antananarivo, la CRM a également fourni un soutien psychologique et une assistance médicale aux personnes déplacées vers les centres d’évacuation.


Le 13 mars, soit 4 jours après le passage du cyclone, deux équipes spécialisées en réponse aux catastrophes ont été dépêchées à Maroantsetra et Antalaha afin d’appuyer les branches locales de la CRM. En coordination avec le BNGRC, la Croix-Rouge malgache a également participé au survol aérien des zones impactées afin d’évaluer l’étendue des dégâts.
Face à l’ampleur de la catastrophe, le responsable des opérations de la PIROI s’est rendu à Madagascar le 9 mars afin d’appuyer les équipes dans la consolidation des évaluations préliminaires et dans l’élaboration d’un plan d’action d’urgence. La Croix-Rouge malgache a également fait appel au renfort de la FICR. Un équipier d’évaluation et de coordination d’urgence (FACT), un coordinateur spécialisé dans le domaine de l’habitat et un chargé de gestion de l’information ont ainsi été mobilisés en appui à la CRM. Par ailleurs, un coordinateur des opérations est en cours de recrutement.

Un plan d’action visant à répondre aux besoins immédiats de 25 000 personnes sinistrées par le cyclone sur une période de 8 mois a ainsi été établi par la Croix-Rouge malgache, avec l’appui de la PIROI et de la FICR. Ce plan prévoit des interventions dans les domaines de l’eau, l’hygiène et l’assainissement, et des abris d’urgence. Une offre de services de santé est également prévue dans la capitale.


L’intervention de la Croix-Rouge malgache est mise en oeuvre dans les régions les plus touchées de Sava, Analanjirofo, Atsinanana et Analamanga et s’inscrit dans les domaines suivants :


Santé - Afin de réduire les risques sanitaires de 10 000 personnes déplacées dans la capitale d’Antananarivo, la CRM a mobilisé 36 volontaires formés au soutien psychosocial dans les centres d’évacuation et a distribué 500 kits de premiers secours à ses volontaires secouristes. Des actions de promotion à l’hygiène et de premiers secours ont été réalisées avec notamment des séances de sensibilisation autour de la santé et sur le bon usage des moustiquaires, particulièrement nécessaires pour la prévention des maladies vectorielles en période d’inondation. Dans les 3 régions d’Atsinanana, Sava et Analanjirofo, la CRM mène par ailleurs une étude pour la mise en place d’un système de surveillance sanitaire à base communautaire.
Eau, hygiène et assainissement (WaSH)
Dans le domaine de l’eau, hygiène et assainissement, la Croix-Rouge malgache se donne pour objectif de réduire les risques de maladies hydriques dans les communautés d’intervention de ses volontaires auprès de 5 000 familles (25 000 personnes). Des distributions d’eau et d’ustensiles de stockage (seaux et jerricans) sont mises en place et la CRM a mobilisé une unité de traitement d’eau à Brickaville. Par ailleurs, les volontaires de la CRM mènent des activités de promotion de l’hygiène ainsi que des actions visant à garantir de bonnes conditions d’hygiène sur le moyen et long terme. La désinfection de puits et la réhabilitation de sources d’eau communautaires dans les régions d’Atsinanana, Sava et Analanjirofo s’inscrivent notamment dans ce cadre. 77 puits ont ainsi déjà été désinfectés à Antalaha.

Habitat - Dans le domaine de l’habitat, la Croix-Rouge malgache a établi un plan d’action visant à venir en aide à 5 000 familles sinistrées (25 000 personnes). Les actions mises en oeuvre consistent principalement en la distribution de kits de reconstruction d’urgence, accompagnée de séances de sensibilisation sur les bonnes pratiques locales de construction animées par les volontaires de la CRM. 4 000 kits et 8 000 bâches ont déjà été distribués à ce jour à Antalaha et Maroantsetra.

De plus, dans une perspective de développement et suivant la logique du "Build Back Bette" (reconstruire mieux), 20 volontaires de la Croix-Rouge malgache seront formés à l’animation d’ateliers sur les techniques de construction sûre et durable, selon la méthode PASSA (Participatory Approach for Safe Shelter Awareness) développée par la FICR.
Enfin, la Croix-Rouge malgache assure la coordination nationale du cluster Habitat avec l’appui d’un délégué de la FICR.
Dans le cadre de ces trois thématiques d’intervention prioritaires, la Croix-Rouge malgache s’est engagée à intégrer une démarche "qualité" à l’ensemble de ses activités. Aussi, tout au long des huit mois sur lesquels s’étend son plan d’action, la Croix-Rouge malgache et ses partenaires, la FICR et la PIROI, veilleront à la bonne mise en oeuvre des évaluations initiales et de la sélection des bénéficiaires, ainsi que du suivi des actions réalisées. Des mécanismes de communication et de gestion des réclamations seront également mis en place afin de garantir la redevabilité envers les bénéficiaires et une évaluation finale de l’opération sera effectuée.

Activation de la PIROI


La Plate-forme d’intervention régionale de l’océan Indien (PIROI) s’est mobilisée aux côtés de la Croix-Rouge malgache dès le début de l’opération.
40 tonnes de matériel ont été déployées depuis les entrepôts PIROI d’Antananarivo et de Tamatave, comprenant 2000 kits de reconstruction de l’habitat, 4000 bâches, 2000 kits WaSH, 1000 kits cuisine et 1 unité de traitement de l’eau.
À la demande de la CRM et dans le cadre son plan d’action, la PIROI a envoyé deux frets humanitaires depuis son entrepôt régional de La Réunion, représentant un total de 60 tonnes de matériel. Un premier envoi comprenant 2 300 kits de reconstruction de l’habitat et 4600 bâches est arrivé le 17 mars à Tamatave grâce au concours des Forces Armées de la Zone Sud de l’Océan Indien (FAZSOI). Par la suite et face à l’étendue des besoins, la PIROI a déployé 700 kits de reconstruction, 1400 bâches et 3 kits de chloration supplémentaires depuis La Réunion. Ce second envoi est arrivé à Tamatave le 30 mars.
L’ensemble de ces matériels a été acheminé par bateau affrété de Tamatave vers Maroantsetra et Antalaha afin d’être distribués aux bénéficiaires identifiés par la Croix-Rouge malgache, en coordination avec les autorités locales et les partenaires présents sur place.

Partenaires


L’appui de la PIROI aux opérations de la Croix-Rouge malgache est possible grâce au soutien de l’Ambassade de France à Madagascar, des Forces Armées de la Zones Sud de l’Océan Indien (FAZSOI), du Ministère des Affaires Etrangères et du Développement International français, de la Région Réunion et de la Délégation de l’Union Européenne à Madagascar (dans le cadre du projet Dinika).

Budget


La Fédération Internationale de la Croix-Rouge a débloqué un premier fonds d’urgence de 150 000 CHF et lancé un Appel pour un montant de 827 667 CHF (soit 777 152 €).
La totalité des fonds collectés permettra de mettre en oeuvre le plan d’action de la Croix-Rouge malgache.
La PIROI souhaite contribuer à ce plan d’action à hauteur de 388 000€, grâce au soutien de ses partenaires.

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