Tribune libre de Wilfrid Bertile

Recentrer le débat sur La Réunion

  • Publié le 8 juillet 2017 à 08:00

A La Réunion, les problématiques nationales l'emportent dans les débats sur les sujets locaux. C'est l'inverse de ce qui doit être car nous avons besoin de solutions réunionnaises pour surmonter nos défis. Localement, les média, les réseaux sociaux, les " responsables " commentent à loisir les sujets de l'actualité nationale. Sans doute en raison de l'omniprésence des chaines d'information continue. Sans doute aussi par mimétisme lié à la politique d'assimilation. Sans doute enfin pour pallier le manque de réflexion sur la spécificité de nos problèmes.

Renforce cette prédominance du débat national la structuration première de la vie politique selon un schéma métropolitain. Les partis nationaux continuent à s’implanter dans l’île et imposent leurs positionnements partisans dans le débat politique et les collectivités. Et même à la représentation nationale : hormis Huguette Bello, alliée en tant qu’ultramarine au Groupe Démocrate et Républicain, tous nos députés sont membres à part entière des autres groupes parlementaires…

Pourtant les faits, têtus, ont imposé à la vie politique la prise en compte de la réalité locale. C’est le cas des partis locaux, notamment des plus anciens. Le PCR s’est créé pour porter l’identité réunionnaise. Même les partis nationaux se sont dotés d’appendices locaux (LR/Objectif Réunion ; MODEM/LPA ; PS/Progrès, du moins dans les intentions originelles affichées…) pour des raisons de fond ou pour un habillage électoral.

Quoi qu’il en soit, les défis de La Réunion perdurent, sans être surmontés : chômage, mal logement, vie chère... On en parle depuis des décennies. Leur approche ne se renouvelle pas. Ce ne sont qu’incantations banalisées qui " n’impriment " plus. Or la population subit cette situation sociale dégradée, contre laquelle les politiques publiques manquent d’efficacité. 

En mettant en tête JLM et MLP au premier tour des Présidentielles, les citoyens ont dit leur colère. En s’abstenant massivement aux Législatives, ils ont exprimé leur défiance vis-à-vis du monde politique. Au lendemain des élections, les responsables, dans des communiqués, ont sonné le tocsin : " il faut prendre conscience de la gravité de la situation " ; " on ne peut plus continuer comme avant " ; " il faut se remettre en cause "... Et puis, comme d’habitude, tout est reparti comme avant, l’œil fixé sur les prochaines échéances électorales…

On ne fera pas l’économie de l’essentiel : le devenir de La Réunion. Le Président nous y invite qui va organiser des " assises des Outre-mer ". Les énièmes du genre, qui risquent de déboucher comme les autres sur un document technocratique sans lendemain. Sauf si les élus, la société civile, les citoyens proposent un cap, une vision, un projet adapté aux spécificités du territoire et à l’identité de la population de La Réunion. Un projet politique en somme pour une " Réunion à part entière ". 

Chacun doit apporter sa pierre. En raison des différences d’appréciation, les propositions seront diverses. Raison de plus pour se concerter et lancer sans attendre le débat public sur les problèmes réunionnais.

Wilfrid Bertile

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