
En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer classait la substance comme "cancérogène probable". Des agences scientifiques de l'UE aboutissaient à des conclusions inverses. Le président de la Chambre d’agriculture et vice-président de la CGPER Jean-Bernard Gonthier écarte, lui, tout risque pour la santé. Le glyphosate ne serait pas appliqué directement sur les cultures.
"Sur les dix dernières années, La Réunion est le département où la diminution des produits phytosanitaires -dont le glyphosate- a été la plus importante. En plus, il y a très peu de produits homologués pour le maraîchage tropical", détaille-t-il, contacté par téléphone. Selon lui, les analyses et prélèvements réalisés sur les fruits et légumes dans les marchés montrent qu’il n’y a pas de trace de surdose ou de produits non-autorisés.
"Le glyphosate reste un produit chimique mais il ne touche pas les productions. On a aussi des engrais qui ne sont pas chimiques. Il y a des alternatives dans les produits bios. Dans l’île, on utilise aussi des insectes utiles pour contrer les mauvais insectes afin de ne pas avoir à traiter ", estime-t-il.
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Une prise de conscience confirmée par Éric Lucas, responsable du département diversification végétale à la Chambre. Il constate la baisse de la part des produits phytosanitaires dans le secteur agricole. "On a une baisse de l'utilisation de 20 à 25 % de ces produits par rapport à 2010. La Réunion est citée en référence, même en métropole. Il y a eu le plan éco-phytosanitaire et une prise de conscience des agriculteurs qui sont de plus en plus formés", commente-t-il.
Les techniciens agricoles conseillent également les professionnels et les sensibilisent aux bonnes pratiques. Plusieurs d'entre eux tentent de réduire leur dépendance à ce type d’herbicides ou de désherbants. "Il y a de moins en moins de ces produits avec des produits retirés ou qui coûtent de plus en plus cher. Des techniques alternatives existent aussi", glisse-t-il.
Éric Lucas évoque entre autres la pose de pièges pour les insectes ou encore des variétés de légumes plus résistantes. Pour sa part, Frédéric Vienne, président de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA), trouve, lui, le glyphosate moins nocif que ses anciennes générations. Le plan éco-phytosanitaire permet aussi selon lui de diminuer la part de ce type de produits dans l’agriculture.
"C’est un produit très utilisé à La Réunion mais à aucun moment on ne l’applique sur les cultures à consommer. Il tue uniquement les mauvaises herbes. Les agriculteurs sont formés à leur utilisation. Il faut leur faire confiance. L’épandage sur les légumes est impensable car sinon il les détruirait", explique-t-il. Le planteur de cannes dans le Sud de l’île se montre rassurant. Notamment vis-à-vis des consommateurs.
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"Le glyphosate est un faux débat. Il n’y a pas de risque pour le consommateur car il y a l’importation uniquement de produits autorisés et testés à La Réunion. Si on regarde tout ce qui pollue, il n’y a pas que l’insecticide ou le désherbant. Regardez le gel douche, le déodorant ou la mousse à raser qui sont chimiques… Tout est nocif. Il faut arrêter de tirer sur les agriculteurs", se défend le représentant syndical.
Un avis partagé par son homologue des Jeunes Agriculteurs (JA) Bruno Robert. Producteur de cannes, de tomates et d’aubergines dans l’Est, ses légumes sont classés "haute qualité environnementale" (HQE). Il s’engage à réaliser le moins de traitement possible "en préventif" et à respecter les bonnes doses de produits. Des contrôles existent pour veiller au respect de ce protocole.
"Le glyphosate est classé probablement comme cancérogène mais comme beaucoup de choses. Des études sont contradictoires à ce sujet. Les produits qu’on utilise dans l'agriculture sont homologués avant d’arriver ici", rassure-t-il. Le professionnel appelle les consommateurs à changer leurs habitudes. Notamment en arrêtant de choisir les légumes et les fruits en fonction de leur aspect seulement esthétique.
"Les consommateurs choisissent toujours le produit le plus joli mais pour avoir une aubergine lustrée, c’est un traitement par semaine. Il faut faire évoluer son mode de consommation", lance-t-il. Bruno Robert assure employer le moins possible de produits chimiques et recourir à des matières organiques quand il le peut
ts/www.ipreunion.com
5 Commentaire(s)
Quelqu'un peut dire à la FDSEA qu'on ne met (généralement) pas de mousse à raser dans la salade de fruits?
Agriculteurs, ou plutôt, ouvriers agricoles, vous êtes les premiers exposés...