Route du Littoral

Les oiseaux de la falaise, impactés par l'explosion du bloc rocheux

  • Publié le 22 janvier 2018 à 03:58
  • Actualisé le 22 janvier 2018 à 12:47

Le 12 janvier, un bloc rocheux menaçant de tomber sur la route du Littoral est détruit à l'aide d'explosifs militaires. L'onde de choc retentit sur une grande partie de l'axe routier tandis qu'une épaisse fumée s'échappe. Inhabituel, cette purge risque bien d'avoir eu une incidence sur la faune vivant à proximité. Des oiseaux sont effectivement nombreux à peupler la falaise.

L'opération est impressionnante : ce vendredi 12 janvier, un bloc rocheux menaçant la route du Littoral est détruit à l'aide d'explosifs militaires. Plus puissants que ceux employés lors des travaux habituels de purge, ils étaient destinés à faire exploser la masse en une seule fois. Ce dispositif militaire, utilisé en temps de guerre, a été supervisé par les hommes des FAZSOI.

 

Lorsque l'opération est déclenchée, c'est un bruit énorme qui retentit tandis qu'une fumée épaisse se dégage. C'est un succès, le bloc rocheux est détruit et c'est maintenant l'heure des travaux de nettoyage. Soulagement pour les usagers de l'axe qui pourront à nouveau circuler sur la route du Littoral deux jours plus tard. Néanmoins, cette explosion a aussi son revers. Impossible de penser qu'elle n'a pas pu avoir un impact sur les habitants à plumes de la falaise, ces oiseaux que l'on aperçoit parfois voltiger entre terre et mer. Au creux de cette falaise, se nichent deux groupes principaux d'oiseaux, indique François-Xavier Couzi, directeur de la Seor : les oiseaux marins tels que les puffins tropicaux et du Pacifique ou les paille-en-queue ainsi que les oiseaux terrestres, comme les tourterelles malgaches. Les premiers privilégient les zones où il y a de la roche à nu, où ils peuvent trouver terriers et cavités, idéaux pour leur reproduction. Les seconds se tournent davantage vers des zones boisées, qui peuvent se situer en tête ou en pied de falaise, voire dans les ravines. Si une cartographie précise est difficilement possible à établir, il existe incontestablement une bonne population d'individus au coeur de la falaise du Littoral. "C'est quelque chose de difficilement mesurables car les localisations ne sont pas très précises. On n'a pas forcément un recensement, mais on a de l'activité" souligne le directeur de la Seor.

- "L'onde de choc a pu perturber les individus en nidification" -

Alors, cette fameuse explosion inhabituelle et inattendue, a t-elle eu un impact sur cette population ? La réponse de François-Xavier Couzi reste mesurée et nuancée : "Le risque direct se trouvait sur les zones où il y a eu explosion et destruction de la falaise. Malheureusement, c'est sans doute un impact plus qu'important". En dehors de l'explosion, il y a aussi la détonation et l'onde de choc. "L'onde de choc a pu perturber les individus en nidification de part et d'autre" précise le spécialiste. C'est ensuite la re-colonisation qui pose question. Si le nouveau pan de falaise dégagé est "attractif", les oiseaux vont sans doute revenir, mais cela "peut prendre pas mal de temps".

Le directeur de la Seor souligne néanmoins que ce type d'explosion reste rare. Sur les zones de purge récurrentes, il estime que les oiseaux "n'ont pas le temps de les coloniser". Cette fragmentation par explosifs militaires, François-Xavier Couzi la compare à un tremblement de terre ressenti quelques années auparavant. "On était à Grand Bassin sur des zones de nidification probables du pétrel noir et on a vu un pan de la falaise s'effondrer en direct" relate t-il en rappelant que ces risques d'effrondrement sont réguliers à La Réunion. Ce sont alors des volumes importants de roches qui peuvent dévaler et tout importer sur leur passage, et "vu la soudaineté du phénomène", pour les oiseaux, "il n'y a pas grand chose à faire". En d'autres termes, difficile de survivre à un tel événement, qu'il soit naturel ou non.

Outre les oiseaux, la flore de la falaise a pu également être impactée lors de cette opération. "Il existe des plantes très spécifiques à cette zone et qu'on ne retrouve pas nécessairement ailleurs, comme le petit bois paille en queue" indique le directeur de la Seor. Au vu de son impact certain sur la faune et la flore de la route du Littoral, il vaut probablement mieux que ce type d'explosion reste ponctuel.

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