La circulation toujours interdite

Route de Cilaos : l'impossible sécurisation

  • Publié le 23 janvier 2018 à 09:20
  • Actualisé le 23 janvier 2018 à 10:34

Depuis ce lundi matin 22 janvier 2018, les habitants du cirque peuvent à nouveau emprunter la route nationale 5 (RN5) de Cilaos via des convois organisés uniquement le matin, l'après-midi et en fin de journée dans les sens montants et descendants. La circulation reste malgré tout interdite en dehors de ces créneaux depuis les dégâts causés par la forte tempête tropicale Berguitta le 18 janvier dernier. Éric Boiteux, directeur de l'exploitation et de l'entretien des routes à la DRR (Direction régionale des routes), déconseille d'emprunter l'axe. Les travaux de purge et de terrassement se poursuivent. Mais selon lui, il apparaît impossible de sécuriser à long terme la RN5. Explications. (Photo RB/Imaz Press)

Une centaine de personnes participe à ce chantier d’envergure depuis la fermeture de la route. Les équipes vont devoir purger une vingtaine de zones à cause des éboulis et retirer de la chausée des dizaines de milliers de mètres cubes de boue et de rochers tombés de la falaise. Le coût des travaux pourrait atteindre le million d’euros. Une fois les secteurs qualifiés de "critiques" purgés, une réouverture sera envisagée. Difficile de savoir quand pour le moment.

"On espère réouvrir la route le plus tôt possible sans prendre de risques. La décision sera prise avec le BRGM. L’inspection de la falaise le dira. C’est déjà un exploit d’avoir pu rouvrir sur une voie avec les convois. Il y a trois à quatre zones critiques qu'il faut purger et il y aura un retour à la normale avec les réparations menées. Je n’avais jamais vu ça depuis 1998 et les coulées de boues à Salazie. Il y en a au moins pour un bon mois pour finir tous les travaux", répond Éric Boiteux.

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Des travaux préventifs de purge auraient-ils pu éviter une telle fermeture et de tels dégâts ? Non d’après le directeur de l’exploitation et de l’entretien des routes. La faute aux coulées de boues et les énormes averses provoquées par Berguitta.

"La critique est facile mais la route de Cilaos est impossible à sécuriser totalement sur le long terme. Il ne faut pas faire croire aux gens qu’on peut la sécuriser. Les purges auraient été inefficaces avec Berguitta car les filets ne pouvaient pas retenir la boue issue de la pluie. Rien n’aurait pu retenir les coulées. Le maire de Cilaos dit qu’il n’avait jamais connu ça depuis Firinga en 1989", commente Éric Boiteux.

"On travaille à augmenter la sécurité avec les travaux de purge mais, avec Berguitta, si on avait fait ces travaux avant, cela n’aurait rien changé. Il est tombé en 4 heures l’équivalent des pluies tombées à Paris en 8 mois", ajoute-t-il pour appuyer son propos. La zone où on observe le plus d'éboulis se situe au niveau de la portion comprise entre La Rivière Saint-Louis et l’ilet Furcy. On y trouve les plus grands remparts, de 600 à 800 m de haut.

Les projets d’aménagements pour une sécurisation paraissent donc délicats à mettre en place. Des études de faisabilité de la Région Réunion pour la sécurisation vont être prochainement lancées. Objectif : savoir si la construction d'ouvrages comme des ponts ou un tunnel peut représenter une solution viable. "La Région a déjà lancé un plan de financement l’an dernier pour la partie basse mais ce n’est pas si simple. L’idée est de s’éloigner de la falaise. Les études doivent valider ou non la la solution pont ou tunnel. Un calendrier de travaux ? Il est utopique d’en parler à ce stade", précise-t-il.

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Éric Boiteux illustre ce casse-tête avec un ultime exemple. "Au début 2018, la route fermait pratiquement toutes les nuits. Et depuis le 29 ou 30 décembre, il y a un quasiment un éboulement par jour." Pour rappel, l’axe st fermé par mesure de sécurité depuis le jeudi matin 18 janvier, jour du passage au plus près de Berguitta. Depuis ce lundi 22 janvier, des convois permettent aux usagers de déplacer dans des convois. Un nouveau point de situation sera réalisé ce mardi ou ce mercredi avec les services de la DRR et les maires de Cilaos et de Saint-Louis concernant cette RN5 décidément compliquée à gérer.

En 2017, la RN5 fermait quatre demi-journées à cause d’éboulis. Une fermeture de dix nuits s’ensuivait. On comptait aussi une trentaine de nuits d’interdiction de circuler de 20 heures à 5 heures du matin pour des travaux effectués sous le tunnel. Sans oublier une soixantaine de jours de travaux avec des micro-coupures de la circulation n’excédant pas 45 minutes.

ts/rb/www.ipreunion.com

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