[PHOTOS/VIDÉO] Découverte

Chez les raies, reproduction et volcan font bon ménage

  • Publié le 11 février 2018 à 03:00
  • Actualisé le 11 février 2018 à 15:07

C'est une découverte exceptionnelle réalisé par des chercheurs du centre de recherche Charles-Darwin des Îles Galapagos. Des raies blanches du Pacifique viennent incuber leurs oeufs au plus près des cheminées volcaniques à près de 6.000 pieds sous l'eau. Cette trouvaille permet de mieux comprendre la vie sous-marine. (photo d'illustration)

C'est au cours de l'été 2015, que des scientifiques du centre de recherche Charles Darwin des Îles Galapagos ont décidé de mener une nouvelle expédition dans les eaux profondes de l'océan Pacifique. "À chaque fois qu'on part en profondeur, on découvre quelque chose d'unique" raconte Pelayo Salinas, biologiste des espèces marines du centre de recherche au magazine Scientific Reports. 

C'est un robot qui a été envoyé à 5.800 pieds sous terre, un peu moins de 1.800 mètres, pour cette plongée particulière. Arrivé dans un épais brouillard de fumée noire, ce sont 157 œufs jaunâtres éparpillés dans le fond de l'océan, que le robot télécommandé a filmé. "Des panaches noirs à de fortes températures, riches en particules et particulièrement en minéraux sulfurés" entourent les œufs raconte le chercheur.
 


- Une position loin d'être choisie au hasard -

Au vu de la ressemblance de leur forme à une raie, les scientifiques ont déterminé "que les œufs provenaient de la raie blanche du Pacifique" décrypte Pelayo Salinas, "une espèce qui peut vivre jusqu'à 2.900 mètres sous l'eau". "La position des œufs est loin d'être choisie au hasard" indique le chercheur : "les raies ont incubé les œufs près des courants sous-marins chauds à proximité de cheminées hydrothermiques".

"On a vite compris que c'était le jackpot" raconte-t-il. De mémoire de scientifique, Pelayo Salinas raconte qu'il n'a "jamais vu de créature marine utilisée l'activité volcanique pour incuber ses œufs". Comme le précise la revue, la température des fumées noires projetées par les cheminées volcaniques "peut dépasser les 400°C".

Interrogé par le magazine National Geografic, la chercheuse américaine Lisa Levin, professeure de biologie océanographique à l'Université de Californie rappelle que "nous en savons si peu sur les fonctions de ces systèmes (de cheminées hydrothermiques ndlr) qu'il est très important de trouver une nouvelle fonction, comme celle d'être un habitat pour incuber des œufs".

Alors, comment expliquer cette présence d'œufs de raie à cette profondeur et près d'une source si chaude ? Pour Pelayo Salinas et son équipe, "c'est une incubation plus rapide des œufs qui semble être l'explication la plus probable". Il précise que "cette espèce de raie réussit à survivre longtemps et lentement. Elle nage lentement, mange peu souvent et peut vivre pendant des décennies. Les embryons mettent donc beaucoup de temps à se développer, jusqu'à quatre ans" complète-t-il.

- Une meilleure connaissance de la Lune que de l'océan -

Durant son entretien, le chercheur dit avoir "curieusement noté" que durant huit autres plongées de 24 heures avec le robot, son équipe "n'avait pas remarqué un seul autre oeuf de raie dans les profondeurs qu'elle a explorées". Il précise que les cheminées volcaniques se trouvent à l'intérieur de la Réserve marine des Galapagos qui a été agrandie de 15 000 hectares en 2016, soit la superficie de la Belgique.

Si Pelayo Salinas reconnaît que ces efforts sont coûteux, il veut "mieux comprendre les caractéristiques de notre planète", qui sont pour la plupart "inaccessibles et presque étrangères". "Nous avons un océan immense et profond que nous avons à peine exploré", somme-t-il dans le magazine Nature. "On en sait plus sur la surface de la Lune ou de Mars que sur l'océan (…) Il y a tout un monde étranger dans notre arrière-cour" conclut le scientifique.

hf/www.ipreunion.com

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