
Alors que certains évoquent depuis quelques semaines la possibilité d'une NRL en "tout-viaduc", l'éventualité semble désormais prendre du plomb dans l'aile. La mission de la méga-barge Zourite devant prendre fin aux environs du mois d'octobre, le groupement en charge du chantier de la NRL aurait décidé de vendre la géante structure bleue pour le continent asiatique.
Pour rappel, la partie viaduc reliera Saint-Denis à la Grande Chaloupe. La partie digue doit elle couvrir le restant depuis la Grande Chaloupe jusqu'à La Possession.
Alors, si l'avancée des travaux de la partie viaduc se poursuit, quid de la situation de la future digue ? La possible vente de la méga-barge signifierait -à moins d'un retournement de situation- que la NRL sera bel et bien en digue entre la Grande Chaloupe et La Possession. Une projection qui jette de nouveau tous les regards vers les carrières, et pose de nombreuses questions.
"Ce que les Réunionnais doivent comprendre aujourd'hui, c'est que la construction de la digue coûtera désormais beaucoup plus cher que de faire une deuxième partie de la NRL en viaduc" lance Cécile Herbelin, membre du collectif Touch Pas Nout Roche. Pour elle, la Région Réunion doit "se décider cette année" sur le type de route souhaitée. En faisant référence notamment, au possible départ de Zourite loin de nos côtes.
- Dioré, symbolique -
Comment expliquer alors qu'une digue coûterait "beaucoup plus cher" qu'un viaduc en 2018 ? Cécile Herbelin explique que "les prix des matériaux et de leurs transports ont flambé depuis 2011". "Les propriétaires de carrières sont les premiers concernés" ajoute-t-elle. Elle prend l'exemple du cas de la carrière de Dioré à Saint-André, seule exploitable à l'heure actuelle. "Le prix des matériaux a flambé comme celui de leurs transports. L'exploitation nécessite de certains moyens. Et aujourd'hui, les exploitants sont donc obligés de vendre très cher pour rentrer dans leurs investissements. Sauf que personne ne veut acheter".
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Une explication qui fait écho à un passage de l'avis d'autorité environnementale sur la NRL de 2011 établi par le Ministère de l'écologie, rappelle Cécile Herbelin. En page 14, il est précisé qu'un "accroissement du prix des matériaux issus des carrières ne saurait être exclu, généré par la concurrence entre les différents besoins quantitatifs à satisfaire sur l'île, et par le fait que, selon le schéma des carrières, il deviendra nécessaire d'ouvrir des carrières en roches massives".
Comme le relate la membre de Touch Pas Nout Roche, "le fonctionnement d'un chantier d'une maison et de ce type-là est différent". "Quand vous faites construire une maison, le constructeur doit rentrer dans le budget. Pour la NRL, c'est différent".
Si la carrière de Dioré est au point mort malgré qu'elle ait les autorisations nécessaires pour commencer, le flou reste total pour les autres carrières de l'île. Pour rappel, le 6 décembre dernier dans un arrêté, le Conseil d'Etat rendait compte d'un problème de taille. Le préfet ne peut cumuler la casquette d'autorité décisionnaire d'un projet et d'autorité environnementale. Cette compétence est dévolue à la mission régionale de l'autorité environnementale (MRAE) directement rattachée au ministère de l'environnement.
Conséquence, toutes les procédures engagées en vue de l’ouverture des différentes carrières d'extraction de roches massives en vue d’alimenter le chantier de la NRL sont entachées d’irrégularité, puisque signées par le préfet. Un arrêté qui fait donc craindre l’impossibilité pour le groupement en charge du chantier de recourir aux roches massives des autres carrières de l’île.
Cécile Herbelin pointe du doigt "le manque de visibilité donnée par la Région sur le besoin en matériaux". Elle réclame aujourd'hui "un audit externe pour avoir une réelle vision sur les matériaux nécessaires et nos sous". "Moi, comme tous les Réunionnais, je veux juste que la route soit opérationnelle le plus rapidement possible" clame-t-elle. Un abandon de la partie digue est-il possible ? "C'est possible à condition de refaire des appels d'offres etc… Ça prendra du temps" répond-elle. De quoi s'inquiéter, une nouvelle fois, sur la question des délais.
hf/www.ipreunion.com
10 Commentaire(s)
à force de prendre la population pour des idiots, un jour très prochain les échéances électorales arriveront et il faudra passer à la caisse, tonton bingo!
A cause de 4 grandes gueules, bloqueurs de routes, les Réunionnais vont payer cher la gestion de ce dossier.
Aucun bon sens de nos politiques, une fois de plus.
Le tunnel aurait l’avantage de permette la création de deux ports supplémentaires à la possesion et à la chaloupe pour le yachting, la pêche , ou encore l’aquaculture 🤩
Rien qu'en matériaux (qu'on a pas) et le transport de ces millions de m3 ! (Effectivement José, vous avez raison et nous disons en titre de l'article "La digue coûtera beaucoup plus cher que le viaduc" - webmaster)
Personne capable de dire les choses ?