[VIDÉO] L'ONF assure que "tout a été validé"

Etang-Salé : l'installation de Bioparc dans la forêt fait polémique

  • Publié le 3 juillet 2018 à 03:00
  • Actualisé le 3 juillet 2018 à 10:29

Dans une vidéo publiée sur son blog, l'association citoyenne de Saint-Pierre a dénoncé l'abattage d'arbres opéré par l'Office nationale des forêts (ONF) dans la forêt de l'Etang-Salé. Cette vidéo faite par le musicien et lanceur d'alerte Maloyab critique ouvertement le projet qui est à l'origine de ces abattages. À savoir l'installation sur ce site d'un parc animalier, le Bioparc. Au-delà de l'abattage d'arbres, l'association pointe du doigt la concession de 8,5 hectares de la forêt de l'Etang-Salé. Interrogé par Imaz Press, l'ONF assure que "tout a été validé". Quant au futur gérant du Bioparc Bernard Gougache, il déclare : "je suis locataire de la parcelle, j'ai toutes les autorisations pour ce projet". Il a d'ailleurs demandé une dérogation pour pouvoir disposer de deux papangues dans son parc. Mais la société d'étude ornithologique de La Réunion s'y est opposée.

Dans cette vidéo filmée le 22 juin 2018, les agents de l'Office nationale des forêts procèdent à l'abattage de plusieurs arbres de la parcelle AN52 de la forêt de l'Etang-Salé. L'association citoyenne de Saint-Pierre dénonce ce qu'elle appelle "le massacre d'arbres au profit d'un privé".

En effet, ces arbres sont abattus pour permettre la construction de "la clôture du futur parc Bioparc" a déclaré l'ONF avant de préciser que "ces abattages entrent dans le dispositif forestier contre l'incendie (DFCI)". L'Office nationale des forêts a fait d'une pierre deux coups.

Ci-après la vidéo publiée par l'association : 

Voir aussi la vidéo de maloyab : Zoo Bioparc et fauconnerie à La Réunion

Bernard Gougache le porteur du projet Bioparc et futur exploitant de la parcelle assure que  sa clôture sera en partie située sur le DFCI. Il explique "j'ai profité de la création du DFCI pour positionner ma clôture". Il déclare : "l'ONF me loue une concessin pour ce site, elle a l'obligation de faire un DFCI pour toutes les concessions". Il ajoute "il n'y a que 4 ou 5 arbres qui ont été abattus".

L'ONF précise "on ne fait que des travaux normaux, rien de plus normal que d'abattre quelques arbres". L'Office nationale des forêts estime planter entre 2 000 et 3 000 arbres par an soit 1,2 hectare. "Il n'y a pas de quoi s'alarmer" a conclut Bernard Gougache.

- La parcelle louée c'est "l'ancien zoo qui date des années 1970" -

Selon lui, l'ONF lui a assuré que "si ce terrain était loué, il ne pouvait l'être que pour l'installation d'un parc animalier".

Ce sont 8,5 hectares qui sont loués à Bernard Gougache pour l'installation du Bioparc. Cet espace correspond à "l'ancien zoo de l'Etang-Salé des années 1970" assure-t-il. Une zone qu'il a commencé à débrousailler en 2012.

Pour les associations, ce parc s'installe "sur le domaine public". Depuis 2011, l'association citoyenne de Saint-Pierre s'est opposée au projet d'installation de ce parc car sur ce terrain "des arbres avaient été replantés au frais du contribuable".

Après une enquête publique en 2013, l'ONF a accordé la concession de la parcelle à Bernard Gougache pour le projet de parc. Pour l'association citoyenne de Saint-Pierre "il a maintenant le droit de clôturer et de faire payer l'entrée alors que la forêt appartient à tout le monde".

Bernard Gougache, locataire des lieux se défend : "ces associations n'ont plus d'arguments, je suis locataire, c'est une concession". L' association reproche au future gérant la présence de panneaux "propriété privée" sur certains arbres de la parcelle". Bernard Gougache répond : "je suis locataire, donc, responsable de la parcelle. Les panneaux sont là pour ne pas que les gens rentrent".

- "J'ai respecté les lois, j'ai toutes les autorisations" -

L'ONF a déclaré que "tout le projet Bioparc a été validé en amont". Dans son projet d'ouverture de parc, Bernard Gougache assure avoir effectué toutes les démarches et suivi toutes les procédures réglementaires pour ce projet. "J'ai une instruction classée pour la protection de l'environnement accordée par la préfecture en 2014" soutient-il.

Cet arrêté préfectoral est disponible ici :

L'association citoyenne de Saint-Pierre a déclaré que deux procédures judiciaires étaient en cours contre les autorisations obtenues par Bernard Gougache dans ce projet Bioparc. "Le tribunal administratif a validé le projet le 14 décembre, on se bat contre ce projet depuis quatre ans" a déclaré Gaëtan Hoarau, président de l'association citoyenne de Saint-Pierre. L'association a fait appel auprès du tribunal administratif de Bordeaux contre l'arrêté préfectoral qui valide le projet.

Une deuxième procédure est en cours auprès du tribunal administratif de La Réunion contre le permis de construire.

Pour Bernard Gougache "tout a été fait en respectant la loi, j'ai respecté la loi et j'ai toutes les autorisations".

- Les papangues de la discorde -

Hormis l'exploitation du terrain forestier pour le projet Bioparc, l'association citoyenne de Saint-Pierre pointe du doigt "la demande de dérogation de Bernard Gougache pour avoir deux papangues pour se faire sa clientèle".

À ce propos, le locataire précise : "j'ai fait une demande de dérogation auprès de la DEAL (direction de l'environnement de l'aménagement et du logement) pour avoir deux papangues handicapés incapables de retourner à la vie sauvage".

Le futur gérant du parc, qui est à la tête de l'Association réunionnaise d'effarouchement et de fauconnerie, souhaite, ce faisant, "sensibiliser les enfants à la protection des papangues". Il explique "je fais une quarantaine de démonstrations de fauconnerie dans les écoles par an. Le papangue, personne ne le connaît, aucun enfant ne sait à quoi il ressemble. C'est pourquoi je voudrais disposer de deux papangues blessés incapables de retourner à la vie sauvage pour les sensibliser sur la protection des papangues. C'est dans mon projet pédagogique".

La Société d'étude ornithologique de La Réunion  (SEOR) s'est opposée à la demande de Bernard Gougache auprès de la DEAL. L'argument principal évoqué c'est "l'incompatiblité de fond" qui existe entre le projet de Bernard Gougache et les besoins de ces oiseaux sauvages handicapés. "Ce sont des oiseaux sauvages, ils n'ont jamais vécu en captivité et ont une mauvaise tolérance du public. Ces oiseaux doivent être tenus dans des endroits tranquilles" a déclaré la SEOR, ce qui va "à l'opposé" des intentions de Bernard Gougache.

Pour la SEOR, ces oiseaux ne doivent pas être exposés au public et Bernard Gougache "ne dispose pas d'une structure adaptée pour accueillir ces oiseaux sauvages dans de bonnes conditions".

La SEOR a aussi avancé les besoins spécifiques de cette espèce sauvage "les papangues, s'ils sont tenus en captivité ont tendance à dépérir. Il ne s'agit pas du tout du même type d'individus qui sont en captivité dans le cadre de démonstration". Pour rappel, le papangue est une espèce endémique en voie de disparition.

Lire aussi : Non, la Seor ne donnera aucun papangue à Bioparc

La demande de dérogation de Bernard Gougache pour les papangues est toujours en cours d'instruction auprès de la DEAL.

Quant à son activité de démonstration de fauconnerie avec des oiseaux en captivité, il assure "ces oiseaux sont des oiseaux d'élevage. À La Réunion, il y a des éleveurs d'oiseaux, je ne fais aucun prélèvement dans la nature car c'est totalement interdit"

sjb/www.ipreunion.com

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1 Commentaires
HENRI WILMANN
HENRI WILMANN
3 ans

BRAVO la SEOR vous au moins vous tenez la route. Espere que ce MEUSIEU qui doit avoir des relation ne vous fasse pas plier