
Laisser la canne à sucre dans les bas et investir les mi-hauteurs pour expérimenter à La Réunion l’exploitation de canne fibreuse, telle est la stratégie que défend le PCO. Ce parti mise sur les besoins en autonomie énergétique à La Réunion, autonomie très attendue -voire même exigée à moyen terme- par les pouvoirs publics, pour défendre l’intérêt de son projet. " C’est une piste riche d’opportunités, défend Alexandre Lai Kane Cheone. Pour les petits planteurs notamment car cette culture est exploitée toute l’année et non pas semestriellement comme la canne à sucre. Pour La Réunion, car l’augmentation de la démographie, avec un million d’habitants bientôt, va exiger des ressources énergétiques pour répondre aux besoins des équipements modernes, pour le chauffage, pour le transport. Mais c’est aussi intéressant pour le monde de l’agriculture qui, dans les hauts, a besoin d’énergie pour les élevages. " En terme d’autonomie énergétique, la Réunion n’atteint actuellement qu’un score de 35% sur les 50% attendus pour 2024. Il restera donc six années ensuite pour atteindre la totale autonomie et répondre aux attentes des institutions européennes.
Des études à finaliser, une jachère à déclasser…
A ce titre, le PCO estime donc que la canne fibreuse est une alternative qu’il convient de ne pas mépriser. Or, actuellement, la canne fibreuse n’est pas exploitée à La Réunion. " La canne fibreuse permettrait donc de renouveler les sources d’énergie renouvelables, mais encore faut-il avoir la volonté politique de le faire… ", souligne le secrétaire général du PCO qui n'hésite pas à casser un peu de sucre sur le dos des élus régionaux. La balle est lancée : Alexandre Lai Kane Cheong attend que les politiques entrent dans une logique du faire et relancent notamment des études, " apparemment oubliées ", sur le potentiel que représente la géothermie dans le domaine des énergies renouvelables.
Quant à la canne fibreuse, pour installer cette culture, le PCO lorgne sans complexe sur 2610 hectares actuellement en jachère (hors gros propriétaires fonciers) situés à mi-hauteur et qui pourraient être cultivés de manière mutualisée. " Il faut sortir d’une logique parcellaire. Pour obtenir un rendement suffisant, il faut mutualiser les hectares. Avec 160 tonnes de canne fibreuse par hectare, on peut produire 3000 à 5000 mégawatts, qui couvriraient les besoins de 5000 à 10 000 foyers. "
… et un espace de négociation à créer "sans gilets pare-balles"
Le PCO n’hésite pas à lancer un défi aux politique, locaux, nationaux et européens : " A 35 ou 40 euros la tonne, le projet serait viable. Donnez-nous cinq ans et nous nous engageons à rendre le modèle viable sans subventions ! " Mais pour cela, la filière à créer aurait besoin de soutien pendant cette phase de transition et donc de pouvoir négocier en direct avec Bruxelles, alors que les accords actuels en matière de canne se jouent actuellement exclusivement entre l’industrie du sucre et l’instance européenne " avec le monde agricole en gilet pare-balles ", comme le souligne ironiquement le secrétaire général du PCO.
Quoi qu’il en soit, alors que le Ministre de l’Agriculture est annoncé sur l’île pour mercredi et que le PCO espère bien obtenir audience, et que la perspective des élections à la chambre d’agriculture avec en ligne de mire la nouvelle convention canne en 2021 agite les esprits, nul doute que les stratégies d’orientation sur le terrain de la canne tendent à prendre un tour très politique… comme à chaque début de campagne sucrière depuis l’annonce de la fin des quotas. Alors pourquoi pas la canne fibreuse en arbitre de l’autonomie énergétique, de l’emploi en milieu rural et de l’extension démographique vers les hauts ? Comme dirait le PCO, il faudrait peut-être commencer à " oser et y croire "…
ml/www.ipreunion.com
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