[VIDÉOS] Ils ont été auditionnés ce lundi à l'Assemblée (actualisé)

Affaire Benalla : le préfet de police dénonce tandis que Gérard Collomb se dédouane

  • Publié le 23 juillet 2018 à 18:02
  • Actualisé le 23 juillet 2018 à 18:14

Des vidéos montrant Alexandre Benalla, un proche collaborateur d'Emmanuel Macron, en train de frapper et malmener des manifestants le 1er mai à Paris alors qu'il accompagnait les forces de l'ordre en tant qu'"observateur", ont plongé depuis la semaine dernière l'exécutif dans sa plus grave crise. Pourquoi le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, n'a pas saisi l'IGPN dès qu'il a été informé des faits? Connait-il Alexandre Benalla? Pourquoi ce collaborateur portait des équipements de la police nationale? Ce lundi 23 juillet 2018, Gérard Collomb a été auditionné pendant près de 2h30 par la commission des Lois de l'Assemblée. Pour l'occasion, il a tenté de se dédouane en déclarant : "C'est à l'autorité hiérarchique de prendre toutes les mesures qui s'imposent sur les plans administratif et judiciaire." Quelques heures plus tard, le préfet de police Michel Delpuech a été auditionné, à son tour. Il a dénoncé : "Fondamentalement, ces évènements résultent de dérives individuelles inacceptables! Condamnables! Sur fond de copinage malsain!"

  • Propos préliminaires

Le ministre de l'Intérieur est d'abord revenu sur la journée du 2 mai . "A 8h30, j'ai présidé une réunion d'état-major réunissant les chefs de la police et de la gendarmerie (...) Nous avons fait le point sur l'action des services lors de la manifestation de la veille et commencé à préparer celle du 5 mai dont nous redoutions qu'elle aussi dégénère mais personne à ce moment-là ne m'a avisé de l'existence de cette vidéo" a-t-il justifié. Regardez : 

 

 

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"C'est à l'autorité hiérarchique de prendre toutes les mesures qui s'imposent"

"(...) Ce n'est qu'en début d'après-midi, lors d'un de nos points de situation quotidiens, que mon directeur et mon chef de cabinet m'informent de l'existence d'une vidéo montrant des faits de violences sur la place de la Contrescarpe, de l'implication de M. Benalla dans ces faits et de la qualité de celui-ci a ajouté Gérard Collomb. Ils m'indiquent s'être déjà entretenus et avoir informé le préfet de police, d'avoir porté cette information à la connaissance du cabinet du président de la république. Ce qui est une démarche appropriée puisque c'est à l'autorité hiérarchique de prendre toutes les mesures qui s'imposent sur les plans administratif et judiciaire."

 

 

Pourquoi n'avoir pas saisi l'IGPN avant le 19 juillet 2018? "Je m'étais assuré le 2 mai que tant le cabinet du président de la république que la préfecture de police avaient été destinataires de l'information de la vidéo mettant en cause M. Benalla, il leur appartenait donc d'agir. C'est la règle pour tous les manquements" a répondu Gérard Collomb : 

 

 

  • Questions-réponses

"Avez-vous déjà rencontré M. Benalla?" Voici la première question posée par le co-rapporteur de la commission d'enquête de l'Assemblée, Guillaume Larrivé. "J'avais déjà rencontré M. Benalla lors de services d'ordre. Personnellement je ne le connaissais pas (...) J'ignorais sa qualité de conseiller du président de la République" a répondu le ministre de l'Intérieur : 

 

 

Gérard Collomb a-t-il évoqué le sujet avec Emmanuel Macron? "Je l'ai rencontré ce week-end. Avons-nous parlé des faits? Le moins possible (rires de l'assemblée). La discussion est simple : la vérité, rien que la vérité, les faits, rien que les faits"

 

 

Qui a invité Alexandre Benalla comme "observateur" le 1er mai? "Je n'en sais rien"

Le ministre de l'Intérieur assure ne pas savoir qui a invité Alexandre Benalla comme "observatoire" le 1er mai. Regardez : 

 

 

Le brassard de police et le poste de radio n'ont pas été remis à Alexandre Benalla lorsqu'il a été accueilli le matin du 1er mai : 

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"Pourquoi Benalla disposait d'une voiture avec des équipements prévus d'ordinaires pour les ministres ou hauts fonctionnaires? "Je ne suis pas en mesure de vous l'indiquer, mes services n'ont jamais équipé ce véhicule" a assuré le ministre auditionné.

 

Le préfet de police Michel Delpuech, dont la position paraissait très fragilisée après cette audition, devait lui-même être entendu dans le même cadre à partir de 14H00. Le ministre de l'Intérieur sera mardi devant la commission d'enquête sénatoriale, qui pourrait également entendre mercredi, selon des sources parlementaires, le directeur de cabinet du président de la République Patrick Strzoda, également sur la sellette.

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  • "Rien vu", "rien dit"

"On a bien compris la stratégie qui est celle du ministre de l'Intérieur: se sauver, quitte à renvoyer la responsabilité vers le préfet de police et le directeur de cabinet du président de la République, comme si ceux-là n'avaient eux-mêmes aucune espèce d'autorité hiérarchique" au-dessus d'eux, a réagi devant la presse le porte-parole du Parti socialiste, Boris Vallaud.

La sénatrice écologiste Esther Benbassa a ironisé sur Twitter sur le "bilan de cette première audition": "Je n'ai rien vu, on ne m'a rien dit, demandez à l?Élysée, au préfet, moi, Benalla, connais pas".

Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux avait assuré un peu plus tôt que le président de la République était "extrêmement déterminé à ce que la vérité puisse être établie". Critiqué pour son mutisme voire son inaction dans ce dossier, le chef de l'État a annulé son déplacement mercredi sur le Tour de France, a annoncé l'Élysée à la mi-journée, expliquant que le Premier ministre Édouard Philippe avait déjà assisté la semaine dernière à une étape du Tour.

Dimanche soir, son entourage avait fait savoir qu'Emmanuel Macron jugeait "inacceptables" les faits reprochés à Alexandre Benalla tout en promettant qu'il n'y aurait "pas d'impunité". Ce chargé de mission à la présidence de la République âgé de 26 ans - dont le licenciement a été annoncé vendredi -, le salarié de LREM Vincent Crase et trois hauts gradés de la police soupçonnés d'avoir transmis au conseiller de l?Élysée des images de vidéosurveillance de l'incident ont été mis en examen dimanche soir: les deux premiers notamment pour "violences en réunion" et les trois policiers pour "violation du secret professionnel" et "détournement d'images issues d'un système de vidéoprotection".

Le chef de l'État a demandé au secrétaire général de l'Élysée Alexis Kohler de "mener la réorganisation pour éviter qu'un tel dysfonctionnement se reproduise". Parallèlement à l'enquête parlementaire, une enquête administrative a été confiée à la "police des polices" qui devrait remettre son rapport "à la fin de cette semaine", selon le président de l'Assemblée nationale François de Rugy.

 

  • Le préfet de police de Paris dénonce

Auditionné quelques heures après Gérard Collomb, Michel Depluech, préfet de police de Paris a raconté comment il a appris que trois fonctionnaires de police avaient remis à Alexandre Benalla le "double des enregistrements vidéo". "J'ai personnellement appelé le procureur Molins" a-t-il affirmé : 

 

 

"Sur fond de copinage malsain"

"Fondamentalement, ces évènements résultent de dérives individuelles inacceptables, condamnables! Sur fond de copinage malsain" a dénoncé le préfet de police. Regardez : 

 

 

Selon Michel Depluech, le directeur de l'ordre public et de la circulation n'a pas été informé de la présence d'Alexandre Benalla sur la place de la Contrescarpe. Ce serait le contrôleur général, chef d'état-major adoint, qui a "sans en rendre compte à son directeur, organisé l'accueil de M. Benalla qui se serait prévalu d'un accord du cabinet. (...) Je n'ai jamais été sollicité par qui que ce soit en ce sens". Regardez : 

 

 

Sur le plan judiciaire, en plus d'être mis en examen, Alexandre Benalla et Vincent Crase ont été soumis à un contrôle judiciaire qui leur interdit d'exercer une fonction publique ou une mission de service public, de détenir une arme et d'entrer en contact avec d'autres protagonistes de l'affaire.

L'affaire a bouleversé l'agenda politique et paralysé l'Assemblée: l'examen de la révision constitutionnelle a dû être suspendu jusqu'à nouvel ordre face au chaos provoqué dans l'hémicycle par ce scandale.

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www.ipreunion.com avec l'AFP

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