Les organismes publics locaux tardent à régler leurs factures

40% des entreprises ultramarines pénalisées par les retards de paiement

  • Publié le 25 juillet 2018 à 02:58
  • Actualisé le 25 juillet 2018 à 06:34

L'IEDOM vient de publier son deuxième rapport annuel portant sur les délais de paiement pratiqués par les entreprises et les organismes publics des départements d'outremer ainsi que des collectivités de Saint-Barthélemy, Saint-Martin et Saint-Pierre-et-Miquelon.

Selon ce rapport, les retards de paiement dans les départements et régions d’outremer restent courants. En 2016, 40% des entreprises ultramarines ont subi un retard de paiement et 45 % d’entre elles ont réglé leurs fournisseurs au-delà des 60 jours légaux. " Les retards de paiement ont un impact important sur la trésorerie des entreprises qui, à leur tour,  peuvent être incitées à reporter le règlement de leurs factures ", analyse l’IEDOM, soulignant les conséquences des délais de paiement sur les tissus économiques ultramarins, structurellement plus fragiles que celui de l’Hexagone.

Une situation préoccupante

Au regard des évolutions retracées dans ce rapport, la problématique est surtout celle des délais de paiement du secteur public local et notamment ceux des établissements publics de santé. la Réunion, ainsi que Mayotte et Martinique, est concernée par ce recul du délai global de paiement.
Si le délai global de paiement moyen de l’État s’établit à près de 22,6 jours dans les départements d’outre-mer à fin 2017, soit près de 4 jours de plus en 2017 et à près de 6 jours au-dessus du délai global national (16,5 jours) et à 2,6 jours de l’objectif national (20 jours), le délai global de paiement du secteur public local et hospitalier dans les départements d’outre-mer s’établit à plus de 67 jours à fin 2017. En hausse de près de 28 jours par rapport à 2012, il s’éloigne significativement de la moyenne nationale qui s’inscrit en deçà du plafond règlementaire de 30 jours (28 jours en 2017). Or, les départements de La Réunion et de La Martinique détiennent plus de 60 % des demandes de paiement de commande publique.

Des mesures qui tardent à produire leur effet

Cette situation préoccupante pénalise la trésorerie des entreprises et fait peser des risques sur l’économie dans son ensemble. " La nécessité d’endiguer la dégradation de la situation financière des entreprises ultramarines et d’accroître l’efficience des organisations est à cet égard clairement posée ", constate l’IEDOM qui note que les pouvoirs publics " se sont résolument engagés à agir dans le sens d’une réduction des délais de paiement ".
Des mesures de redressement auraient donc été lancées, à savoir médiation des entreprises mise en œuvre par l’État depuis 2010, dispositif correspondant TPE mis en place par  l’IEDOM début 2017, renforcement de la mission de contrôle des délais de paiement exercée par la DGCCRF renforcée, modernisation des moyens de paiement mis à la disposition des ordonnateurs modernisés, optimisation des procédures d'exécution de la dépense locale optimisées… Mais ces mesures tardent encore à produire des effets tangibles, regrette l’IEDOM. Ce que les entreprises ultramarines " encaissent " mal, sans nul doute, d’autant que, pour leur part, leurs délais de paiement sont stables entre 2015 et 2016, quoiqu’encore supérieurs à la moyenne nationale : 63 jours d’achats contre 51 jours pour les délais fournisseurs et 54 jours de chiffre d’affaires contre 44 jours pour les délais clients, selon les données collectées par l’IEDOM. Cette stabilité des délais de paiement a permis de  maintenir le solde du crédit interentreprises à moins  de 12 jours de chiffre d’affaires.

Des turbulences financières sectorielles

Certains secteurs subissent de manière inégale ces tensions sur le flanc du recouvrement des créances.
Dans les activités de soutien aux entreprises, les délais fournisseurs se stabilisent autour de 70 jours alors que le délai client moyen enregistre une hausse de près de 6 jours pour atteindre près de trois mois de chiffre d’affaires (88 jours).
Le secteur de la construction est lui aussi confronté à un  important décalage de trésorerie : 92 jours (soit + 4,5 jours) sur l’année. En conséquence de quoi, ce secteur paie ses fournisseurs moins rapidement (+ 2 jours). Dans le secteur de l’industrie, les délais de paiement se sont stabilisés pour se rapprocher des 60 jours légaux. 
Dans le secteur des transports, le niveau moyen des délais fournisseurs (62 jours) est désormais supérieur au délai légal tandis que les délais clients se  stabilisent autour de 65 jours.
Les secteurs les moins impactés restent le commerce et l’hôtellerie-restauration, qui bénéficient d’une clientèle payant comptant et de fournisseurs payés à terme.

Des TPE et PME moins impactées

En revanche, les TPE (très petites entreprises) enregistrent et occasionnent moins de retard de paiement. En 2016, les TPE ont été payées par leurs clients en 45 jours, soit un niveau proche de celui de l’année précédente, et ont réglé leurs fournisseurs en 56 jours, c’est-à-dire un jour plus tôt.
En ce qui concerne les PME, elles sont réglées dans les mêmes délais qu’en 2015 (autour de 61 jours), tout en payant leurs fournisseurs un jour et demi plus tard, " pratiquement 8 jours au-dessus de la limite légale ", note l’IEDOM. Cette hausse des délais fournisseurs a contribué à stabiliser le solde du crédit interentreprises des PME à  plus de 15 jours de chiffre d’affaires.

ml/www.ipreunion.com

 

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