Déploiement d'hydrophones dans l'ouest de l'Océan Indien

Ecouter le chant des baleines pour mieux les comprendre

  • Publié le 29 juillet 2018 à 02:59
  • Actualisé le 29 juillet 2018 à 06:44

Les baleines à bosse, mâles, chantent durant leur période de reproduction. Précieux, ces chants permettent aux scientifiques de comprendre leurs déplacements. Alors que La Réunion est dotée depuis déjà deux ans, d'hydrophones permettant de capter ces chants; l'île de Madagascar, elle, n'est pas encore très bien équipée. Pour y remédier, un projet de coopération régionale, financé par l'Europe, a été mis en place. Projet auquel l'association réunionnaise Globice participe. Le directeur administratif, Laurent Moysset explique de quoi il s'agit.

"Les chants des baleines nous permettent, par exemple, de comparer leur fréquentation explique le membre de l'association Globice. Les hydrophones nous ont ainsi permis de voir que la zone la plus fréquentée durant cette saison des baleines, était Saint-Gilles, suivie de Saint-Pierre et ensuite de Saint-Benoit". 

Comparer la fréquentation des baleines

En partenariat avec Globice, les associations malgaches Cetamada et Mada Megafauna ont déployé quatre nouveaux hydrophones il y a dix jours, le 19 juillet 2018. Et ce, à Sainte-Marie, Fort-Dauphin (dans le sud), à Nosy Be (dans le nord) et à Tulear (dans le sud ouest). "Ces installations permettront de comparer la fréquentation des baleines sur ces quatre sites et à La réunion. On pourra aussi voir quand a lieu l'activité de reproduction précise Laurent Moysset. A Fort-Dauphin et à Tulear, il n'y a pas d'étude scientfique pour voir si les baleines arrivent à la même période là-bas qu'à La Réunion".

Quels modes de déplacement pour les baleines? 

Les appareils vont aussi révéler des informations sur le mode de déplacement des baleines : "Par exemple, si on détecte des notes de chant en premier à La Réunion et qu'elles apparaissent plus tard à Madagascar, on pourra en déduire que les baleines passent d'abord par La Réunion avant de se rendre à Madagascar" explique le directeur administratif de l'association Globice. 

Il rappelle que dans les années 70, des balises satellites ont été posées dans les Mascareignes. Mais les hydrophones représentent une "autre technique pour avoir de nouvelles informations".

A La Réunion, 15 balises satellites ont été installées et ont permis de voir que "la moitié des baleines équipées était partie à Madagascar les jours qui ont suivi son passage à La Réunion". Aussi, ces mêmes baleines ne seraient pas revenues à La Réunion dans la foulée. "On en déduit que la connexion serait plus évidente des Mascareignes à Madagascar que dans le sens inverse et que les baleines ne resteraient pas sur un seul site de reproduction : elles visitent différents secteurs durant la période migratoire" indique le spécialiste. 

L'association Globice a l'habitude de travailler en partenariat avec les associations malgaches. Au moins de juin, certains membres se sont rendus à Sainte-Marie pour apporter du matériel et transférer certaines de leurs compétences aux associations malgaches. 

Dans le cadre de ce programme intitulé Et Cetra et financé par des fonds européens, l'association réunionnaise envisage même l'embauche d'une personne pour le mois d'octobre. Afin de "travailler sur les facteurs environnementaux pour expliquer la variation du nombre de baleines aperçues à l'échelle du sud ouest de l'Océan Indien". 

38 baleines différentes identifiées depuis mi-juin contre trois ou quatre l'année dernière

Car, en effet, le nombre de cétacés identifiés fluctue quasiment chaque année. Pour preuve, alors qu'à La Réunion, la saison n'a commencé qu'à la mi-juin, 38 baleines différentes ont déjà été identifiées. "D'habitude, à cette même période, on identifie trois ou quatre..." ajoute Laurent Moysset. 

A Rodrigues ou encore à Sainte-Marie (Madagascar), la saison des baleines a elle aussi commencé très tôt cette année. "Mais attention, on n'est pas à l'abri de surprises pour la suite de la saison prévient l'association Globice. D'un jour à l'autre, on peut ne plus en voir". 

sw/www.ipreunion.com

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