Ils montent au front (encore)

CHU - Deux syndicats s'interrogent sur un voyage en Inde et sur la désindexation des primes

  • Publié le 5 septembre 2018 à 05:53
  • Actualisé le 5 septembre 2018 à 09:21

Lors d'une conférence de presse ce mardi 4 septembre, la Fédération Autonome de la Fonction Publique Hospitalière Réunion s'est interrogée sur les raisons et le coût d'une récente mission en Inde à laquelle participaient le Directeur général du CHU et un médecin, ainsi que deux personnes apparemment sans lien de subordination avec le CHU. L'UNSA-CHGM, pour sa part, est revenue sur l'épineux dossier de la désindexation des primes, s'inquiétant pour les salaires des prochains mois.

Le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) rendu public en juillet 2018 se montrait très réservé sur la gestion des déplacements de certains cadres du CHU de la Réunion : " Les processus de gestion des déplacements hors Réunion peuvent donner lieu à des excès et méritent davantage de rigueur… ", écrit l’IGAS (page 79), qui a examiné quelques missions entre 2012 et 2016. "  En 2018, deux ans après la conclusion du rapport, rien n’a changé", dénonce la FAFPHR (Fédération Autonome de la Fonction Publique Hospitalière de la Réunion), qui a tenu une conférence de presse avec l’UNSA-CHGM ce mardi 4 septembre 2018.

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La FAFPHR fait allusion à une mission en Inde, plus précisément à New Delhi, à laquelle assistaient le directeur général du CHU, Lionel Calenge, et un médecin. Selon les factures N° 1006795 et N° 1006785 émanant d'une importante agence de voyage réunionnaise déjà citée dans le rapport de l'IGAS, Lionel Calenge et un médecin ont voyagé du 21 au 26 juillet en classe business à 1 908, 94 euros par personne.

Deux autres personnes, connues dans l’Ouest de l’île pour un engagement associatif culturel autour du yoga, ont voyagé du 15 au 26 juillet pour 753,38 euros pour chacune de ces deux personnes, auxquels s’ajoutent 44 euros d’assurance rapatriement. Une troisième facture OW/116/2018 fait état d’un hébergement hôtelier à 2750 euros (nuitées avec petit-déjeuner) et de 900 euros de location de voiture pour 4 jours (transfert et visites).

" Pourquoi cette mission, pourquoi les 13 jours de séjour pour les deux personnes accompagnantes non salariées du CHU ? ", s’interroge Ysaline Tronc, de la FAFPHR qui s’émeut d’un coût approchant les 10 000 euros. 

Des réponses indirectes

Imaz Press a demandé un entretien téléphonique à Lionel Calenge, par texto sur son téléphone portable ainsi qu'auprès du service de communication de l’hôpital. Réponse par retour de mail : " La Direction du CHU poursuit son travail de réorganisation et de modernisation de l'offre de soins du CHU au service des Réunionnais et de mise en œuvre du Plan d'efficience validé par le COPERMO. Les tentatives de déstabilisation du syndicat FAFPH, syndicat non représentatif du personnel du CHU, sont constantes depuis sa création et n'entament en rien la détermination de la Direction à poursuivre son action de redressement du CHU. Une plainte pour diffamation et insulte a par ailleurs été introduite par le CHU à l'encontre de deux membres de ce syndicat, Mme Tronc et Mme Gaud. "

Nous avons insisté, laissant un message vocal sur le répondeur du téléphone portable de Lionel Calenge et un mail à son service de presse, précisant que nos questions portaient sur ce voyage. Nous avons reçu en retour un texto de la chargée de communication : " Réponse du Dg : une communication sera faite directement aux personnels sur cette mission institutionnelle faite en toute transparence sur son initiative, son déroulé, son financement et ses retombées possibles sur le CHU. La Direction n’a pas à communiquer avec le FAFPH et se réserve toute latitude pour donner une suite judiciaire aux informations erronées qui seraient portées par voie de presse dans ce cadre. "

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Des plaintes en cours

Si la Direction du CHU a décidé de porter le conflit avec la FAFPHR devant les instances judiciaires, d’autres syndicats sont aussi décidés à demander des comptes. Ainsi, la CFTC-SUD a déclaré le 29 août 2018 avoir déposé plainte contre X pour détournement de fonds publics. La CFDT-Santé a annoncé son intention de déposer une plainte nominative pour le même motif dans les semaines qui viennent. Quant à la FAFPHR, elle a redit ce mardi 4 septembre " sa détermination à déposer des plaintes nominatives si le rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC) relevait des irrégularités imputables à des personnes ".

Le rapport de la CRC est attendu en fin d’année. Quant à l’UNSA-CHGM, présent à la conférence de presse du 4 septembre 2018, son représentant, Willy Moutounaick, a surtout insisté sur l’inquiétude des personnels quant aux prochaines paies alors que les primes doivent être désindexées.  

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ml/ www.ipreunion.com

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