Suppression de postes, contractualisation, réforme du bac...

L'Intersyndicale FSU, SNES-CFDT, UNSA appelle manifester le 12 novembre

  • Publié le 9 novembre 2018 à 02:57
  • Actualisé le 12 novembre 2018 à 07:13

La grogne monte dans l'Education nationale. Les motifs ne sont pas nouveaux : manque de moyens et nouvelles suppressions de postes annoncées, burn out des enseignants et des directeurs d'école privés de secrétaires et de personnels de surveillance, nouveaux programmes imposés sans discussion préalable. S'y ajoute de nouvelles inquiétudes, notamment sur la réforme du bac avec des matières de savoirs fondamentaux devenues optionnelles ce qui, de l'avis des syndicats, fragilisera nombre d'élèves pour l'accès à l'université. Et bien sûr, en toile de fond, les menaces qui pèsent sur le statut de la fonction publique au vu de la volonté affichée du gouvernement de favoriser les embauches de contractuels. L'intersyndicale appelle donc les fonctionnaires de l'Education Nationale à rejoindre la manifestation du 12 novembre devant le rectorat.

La maîtrise comptable sans vision d'intérêt à long terme, c'est l'ennemi déclaré de l'intersyndicale FSU, SNES-CFDT, UNSA. Qui appelle l'ensemble des fonctionnaires de l'Education Nationale à se mobiliser le 12 novembre 2018 pour une manifestation de protestation : "L'Education nationale a déjà supporté de nombreuses baisses d'effectifs, dénonce Marie-Hélène Dor, secrétaire générale de la FSU. Les personnels sont en grande souffrance, à chaque fois qu'on supprime un poste d'enseignant, c'est le nombre d'élèves par classe qui augmente. On ne peut pas travailler bien avec moins de moyens."

La Réunion n'est pas la métropole

La secrétaire générale du FSu tient à rappeler qu'on ne peut pas comparer les besoins de La Réunion à la situation en métropole : "L'illettrisme est beaucoup plus important chez nous, c'est 116 000 personnes sur une population de 860 000. Il faut des moyens pour sortir de cette situation. Toute l'académie doit être classée en zone d'éducation prioritaire." 

Des élèves en plus, des profs en moins

Du côté des autres syndicats présents à la conférence de presse le 8 novembre, les revendications sont clairement tournées vers l'avenir de les élèves : le dédoublement des classes de CP et de CE1 est reconnu comme une mesure souhaitable, mais le hic c'est que "cela s'est fait au détriment des autres classes". Dans le second degré, les syndicats dénoncent l'importance des effectifs par classe, sachant que le baby boom des années 2000 à 2012 a produit son lot de collégiens et de lycéens à instruire aujourd'hui. "Mission difficile dans les conditions actuelles, des élèves en plus et des profs en moins", dénoncent les syndicats.

La réforme du bac sur le grill

Autre colère qui s'exprime : la réforme du bac, avec la fin des séries et l'arrivée des filières spécialisées. "Les premiers pénalisés seront les classes sociales défavorisées. Les maths, par exemple, ont été retirées du tronc commun des connaissances. Les élèves des classes sociales défavorisées auront la tentation d'y renoncer, parce que les maths, c'est difficile. Et on leur ferme ainsi l'accès à Parcours Sup où les mathématiques sont déterminantes", s'indigne Antoine Laurenti, secrétaire général SNES Réunion.

Et de dénoncer "une politique d'affaiblissement du service public pour favoriser le privé" : "Les familles favorisées vont pouvoir contourner le problème des classes surchargées, du besoin de soutien en maths, en faisant appel au privé. Le gouvernement fait tout pour favoriser l'exclusion sociale des classes défavorisées", conclut Antoine Laurenti.

Une organisation qui fait défaut

La baisse des contrats aidés a déjà fait couler beaucoup d'encre. "Nous dénonçons nous aussi ce recours à ces contrats qui favorisent la précarité, nous demandons pour ces personnels qui apportent des solutions à des besoins, qui ont des compétences, un emploi pérenne". En ligne de mire, les secrétaires, qui s'occupaient des relations avec les parents, d'ouvrir les portes aux visiteurs et géraient la vie administrative de l'école sous le contrôle du directeur. " Et bien sûr les personnels de soutien en classes maternelles, souvent appelés ATSEM, mais qui sont en effet pour la plupart, à La Réunion, des contrats aidés ou des contractuels.

Aujourd'hui, les directeurs doivent faire face seuls. "La situation est catastrophique, analyse Laurent Papaya, secrétaire-général adjoint du SNUipp-FSU 974. Les directeurs d'école sont seuls à gérer leurs écoles, l'administratif, les problèmes du quotidien, à s'occuper des entrées et des sorties, répondre au téléphone, et beaucoup d'autres tâches. Ils doivent aussi assurer des heures d'enseignement. Beaucoup sont en burn out." Le SNUipp-FSU 974 demande donc que "la copie soit revue".

Même désorganisation dénoncée au Rectorat où les moyens manquent en raison de contractuels présents à 70% du temps. D'où s'en suit une désorganisation notoire sur les remplacements à organiser. "Les collègues remplaçants sont prévenus au dernier moment, avec des jours de carence d'enseignement dont se plaignent les parents", souligne Jacky Chane-Alune, secrétaire général de l'UNSA Réunion.

Convaincue que "les rapports de force peuvent fonctionner", l'Intersyndicale FSU, SNES-CFDT, UNSA battra le pavé sous les banderoles le 12 novembre devant le rectorat, espérant être suivie par tous les fonctionnaires et contractuels.

ml/www.ipreunion.com

 

 

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