
"Pendant un peu plus de deux ans et demi nous avons créé un garde manger dans la Baie de Saint-Paul. Tous les 10 ou 14 jours, nous jetions huit à douze tonnes de déchets organiques, frais dans la Baie de Saint-Paul," lance en plein Facebook live, Yannis Latchimy, ancien salarié d’Enez.
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Il s’adresse directement à Philippe Guérin, gérant de la société Enez, accusant de fait cette société, filiale de Réunimer d’être "à l’origine de la crise requin."
Le gérant se défend, rejette les accusations "Ce n’est pas vrai, vous savez bien où ils sont partis. Pas dans la Baie de Saint-Paul !"
Rien n’y fait. Le pêcheur insiste : "Où sont passé les déchets ? Dans la baie de Saint-Paul… On avait un bateau qui s’appelait le Havre. Il jetait tout dans la baie de Saint-Paul. "
Interrogé une nouvelle fois par Imaz Press Réunion, le pêcheur précise que ces rejets ont eu lieu entre 2009 et 2013. Il dit : "avoir ça sur la conscience, aujourd’hui je dois vivre avec ça." Il fait allusion à la recrudescence des attaques de requin au cours de cette dernière décennie.
Des accusations que le président de Réunimer, groupe détenteur d’Enez, Sébastien Camus réfute complètement. "Il n’y a aucun déchet organique qui a été déversé dans la Baie de Saint-Paul," assène-t-il.
Le chef d’entreprise reconnaît toute fois que de 2009 à 2011, "toutes les usines de transformation de poissons ont systématiquement rejeté à la mer les déchets issus de la découpe du poisson." Ces rejets souligne Sébastien Camus se sont faits "au delà des 2,5 milles nautiques (environ 2,8 kilomètres ndlr)." Ce qui est légal aux termes des lois.
"Une partie des déchets était également traitée par l’équarrissage. Non instructions étaient claires sur le sujet," martèle le dirigeant de Réunimer.
"Ces opérations de rejet se sont arrêtées partir de 2011, lorsque nous avons mis en place un broyeur dans notre usine," affirme Sébastien Camus. "Cela qui nous a permis de congeler les déchets et de les envoyer en métropole ou à Maurice pour la constitution de farine animale," dit-il encore.
Alors pourquoi ces accusations ont-elles été portées contre le groupe Enez. L’homme d’affaires y voit "un règlement de compte" d’un ancien salarié qui agit "par vengeance après avoir été licencié pour faute grave."
De toute façon, argumente, Sébastien Camus, "tout le monde peut voir la baie de Saint Paul depuis la plage. Si nous avions rejeté ces déchets, tout ce serait vu."
Pour Jean-François Nativel, de l’association Océan Prévention requin (OPR), si rejet il y a eu, cela aurait été : "forcément un phénomène aggravant mais en aucun cas cela n’expliquerait la crise (requin) que nous connaissons à La Réunion."
De son côté, le Centre de ressources et d’appui (CRA) du risque requin est interpellé par cette polémique. "Nous nous interrogeons également. Nous allons rencontrer la société au mois de mars. Ces accusations concernent la crise requin, il est donc normal que nous soyons en recherche d’informations," signale le CRA.
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