
C'est une information publiée par nos confrères du Mauricien, une information quelque peu surprenante : face au manque de roches pour finir la Nouvelle Route du Littoral, La Réunion fait appel à Maurice. "Cette participation mauricienne, d’ordre privé, a abouti après une très longue période de négociations" affirme Le Mauricien.
Un projet sûr "à 90%"
Contactée, la rédaction du Mauricien nous donne de plus amples détails. Ainsi les négociations "ont vraiment bien avancé, c'est sûr à 90%" nous indique-t-on. Deux hommes d'affaires mauriciens, "chacun avec ses activités respectives et dans des secteurs différents, se sont associés pour ce projet". La rédaction nous informe même que l'un des deux hommes "est dessus depuis 4 ans".
Cette association privée reste pour l'instant secrète, les deux hommes souhaitant rester anonymes. Interdiction de révéler leurs profils. Les deux hommes auraient déjà effectué plusieurs voyages à La Réunion pour parler business et roches massives. Ils se sont encore rendus dans notre île "la semaine dernière" selon la rédaction mauricienne, "en vue de finaliser les négociations".
Nous apprenons de notre côté par une source proche qu'en 2015-2016 déjà, une société mauricienne avait été approchée aux fins d'importation de roches à La Réunion. Finalement la négociation avait tourné court et c'est de Madagascar que les roches avaient été importées. Toujours est-il que la question de roches venant de Maurice n'est donc pas tout à fait nouvelle.
Des roches extraites dans les champs
La potentielle date du début de l'extraction reste inconnue. Ce que l'on sait, c'est que ces roches seraient prélevées dans les champs. Des andains qui serviraient alors à la partie digue de la NRL, partie qui reste à construire. Ici une question se pose : comment ces roches peuvent-elles convenir ? La rédaction du Mauricien le confirme : "il reste des points à définir, notamment l'étude même des roches, car elles ne doivent surtout pas être poreuses, mais également le calibrage". Le volume de roches évoqué est en effet inconnu à ce stade.
Selon la rédaction du Mauricien, "la mise en place de cette livraison de roches mauriciennes aurait dû être faite plus tôt, mais les problèmes juridiques liés aux carrières réunionnaises, notamment celle de Bois Blanc, ont retardé les discussions". Par ailleurs, une conférence de presse aurait été envisagée pour faire part du projet.
Lire aussi : Bois Blanc : l'Etat mise tout sur la modification du schéma des carrières
Ce que dément formellement la Région, qui nous a répondu. "La Région Réunion n'étant pas responsable des approvisionnements, il ne lui appartient pas de traiter une telle proposition. A notre connaissance le groupement digue n'a pas étudié une telle option, et en tout cas ne l'a jamais évoqué avec la maîtrise d'ouvrage." Si négociations il y a effectivement eu lieu avec le groupement, la Région dans ce cas, indique ne pas être au courant.
Contacté, le groupement SBTPC-GTOI-VCT n'a pas donné suite à nos sollicitations.
Des études sanitaires déjà effectuées
Le site Le Mauricien affirme que "des échantillons" sont passés "par les procédures d’inspection phytosanitaires". Au téléphone, la rédaction nous précise que des analyses ont en effet été menées il y a deux semaines.
Si contrôle il y a eu, cela a sans doute été effectué afin de ne plus revivre l'épisode des roches malgaches. Roches de mauvaise qualité, risque d'importation d'espèces nuisibles pour la faune et la flore ou encore extraction dans des conditions environnementales déplorables…
Lire aussi : Le débarquement des roches malgaches n'aura pas lieu pour le moment
Lire aussi : Madagascar - L'exploitation de la carrière de galets de Tamatave est arrêtée
Le processus du lavage des roches malgaches à leur arrivée à La Réunion avait été remis en question. Pour plusieurs spécialistes, les traitements appliquées étaient "des bobards", impossible de ne pas transporter des micro-organismes. Et parmi les espèces redoutées, le ver blanc, qui a causé de larges dégâts en ravageant les parcelles de la Grande île. Nul doute que La Réunion voudrait éviter une catastrophe sanitaire semblable, après avoir lutté dans un premier temps ce parasite en 2013 lors de sa résurgence dans les champs de canne.
Lire aussi : Catherine Gaud : "On fait courir à La Réunion des risques phytosanitaires massifs"
Le souvenir amer des roches malgaches
Rappelons-nous... sur les 19 millions de tonnes prévues en tout pour le chantier. 221.000 tonnes de roches venant de Madagascar devaient être envoyées à La Réunion à partir de fin 2015.
Le préfet de l'époque prenait un arrêté imposant une série de mesures de protection contre "l'introduction d'espèces exotiques envahissantes, possibles menaces pour la santé humaine, l'agriculture et la biodiversité de La Réunion".
Au début du mois de janvier 2016, 45.000 tonnes de roches provenant de Madagascar ont été débarquées à La Réunion. Elles ont servi à renforcer la digue alors en construction à la Grande Chaloupe contre les assauts de la houle cyclonique.
L'objectif de 220.000 tonnes ne sera jamais atteint.
Lire aussi : 10 000 tonnes de roches malgaches sont arrivées
Par ailleurs, l'extraction des roches malgaches fut une catastrophe écologique. Rappelons-nous ce "pillage en silence" que nous avions dénoncé début 2016 de concert avec le Quotidien… Sur place, notre confrère avait observé "un trou profond de 45 mètres" au milieu d'une forêt. Il s'agissait de la carrière d'Ambokatra, destinée à fournir les roches massives pour alimenter le chantier de la NRL.
Lire aussi : Roches malgaches : le pillage en silence
Le "pillage de ressources" dédié à la NRL avait été durement dénoncé par les responsables d'un collectif local. Madagascar, l'un des pays les plus pauvres au monde, qui sert à construire l'une des routes les plus chères au monde – déjà plus de 2 milliards d'euros au compteur… éthiquement, il y avait de quoi s'offusquer.
Ces questions financières, sanitaires, écologiques et éthiques se poseront-elles pour l'importation des pierres mauriciennes ? Depuis combien de temps ce projet couve-t-il ? Pour quel volume de roches ? Quand seront-elles livrées ? Comment le prélèvement sera-t-il géré sur le plan environnemental ?
Pas de réponse pour le moment...
Imaz Press a demandé à la préfecture quelles procédures de protection de l'environnement seraient mises en place en cas d'importation de roches de l'île voisine.
Il n'y a pas eu de réponse non plus...
mm / www.ipreunion.com / [email protected]
16 Commentaire(s)
(Bonjour et merci pour votre commentaire. Il y a de grosses zones de flou en effet, mais nous avons déjà plusieurs éléments permettant de faire un premier article avec ce que nous savons, si vous lisez l'article. Bonne journée - WEBMASTER)
les transporteurs vont êtres content