Annick Girardin en visite au commissariat de Saint-Benoit

Accueillir partout les victimes de violences sexistes : une urgence absolue

  • Publié le 20 septembre 2019 à 02:59
  • Actualisé le 20 septembre 2019 à 07:42

Ce vendredi 20 septembre 2019 marque le deuxième jour de visite de la ministre des Outre-mer. Son programme prévoit notamment une visite à Saint-Benoit, pour discuter de l'accueil et l'accompagnement des victimes de violences conjugales à La Réunion. En août, un dispositif de renforcement de cette prise en charge avait été signé dans l'arrondissement de Saint-Benoit. Une action plus que nécessaire alors que La Réunion se hisse à la troisième place des départements où les violences sexistes sont les plus présentes.

Parmi les premières actions déclinées figurent la désignation d’un(e) référent(e) local(e) dans chaque commune de l’Est en charge de l’animation du réseau territorial, l’expérimentation de la mise à disposition de deux logements d’urgence à Saint-Benoît, la création d’une maison d’accueil d’urgence sociale pour les victimes à Saint-André, une campagne de sensibilisation à Salazie et à la Plaine des Palmistes, un théâtre forum pour libérer la parole à Sainte-Rose et des cellules de coordination en matière d’hébergement d’urgence et sécurité à Bras-Panon.

Des mesures nécessaires dans un département où les faits divers, plus violents les uns que les autres, s'enchaînent chaque semaine. Si cette année, La Réunion a pour l'instant été épargnée de féminicide, les violences n'ont pas pour autant disparu. Tout récemment, plusieurs histoires sordides de féminicides et de maltraitances conjugales étaient d'ailleurs traités au tribunal.

Le même constat avait déjà été fait le 8 mars dernier, lors de la Journée internationale des droits des femmes : les violences n'avaient pas diminué depuis 2002.

Lire aussi : Les violences sexistes sont toujours plus nombreuses à La Réunion

Dans une étude réalisée l'Institut national d'études démographiques, 2,7% des femmes interrogées ont déclaré avoir subi des violences physiques en 2018, et 1,4% des violences sexuelles – des chiffres quasi-identiques à 2002. Par ailleurs, 27,9% des femmes interrogées déclaraient avoir déjà subies des violences psychologiques.

"Les crises de jalousie, le contrôle de la personne, la dévalorisation, le dénigrement, les privations ou encore empêcher la personne d’accéder à l’argent du couple font par exemple partis de ces violences" détaillait Sandrine Dauphin, directrice du projet de l'INED. Encore une fois, les chiffres étaient quasi-identiques à ceux de 2002.

Une urgence absolue

Au total, sept Réunionnaises sur dix subiraient des violences au cours de leur vie. Un chiffre colossal, dénoncé régulièrement par les associations. Ces associations dénoncent par ailleurs l'inaction des pouvoirs publics, et surtout une justice laxiste et un accueil inadapté dans les commissariats et gendarmeries.

Cette situation, dénoncée au niveau national comme local, manque de mesures fortes depuis longtemps maintenant. S'il est indéniable que des efforts commencent à être fait par le gouvernement, il n'en reste pas moins qu'ils sont insuffisants. A noter d'ailleurs que le dispositif de renforcement n'est actuellement en place que dans l'arrondissement de l'Est, bien que les violences touchent aussi bien les femmes de l'Est que de l'Ouest, le Sud ou le Nord. Il est bien prévu que le dispositif soit étendu à toute l'île, mais quand ? Très vite on espère, car au 106 féminicides de l'année, c'est une urgence absolue de prendre le problème à bras le corps.
 

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