Légion d'honneur

Thérèse Baillif décorée par Emmanuel Macron pour son travail contre les violences sexistes

  • Publié le 24 octobre 2019 à 15:50
  • Actualisé le 24 octobre 2019 à 15:57

Ce jeudi 24 octobre 2019, Thérèse Baillif, présidente du comité pour l'élimination des violences intrafamiliales (CEVIF), recevra les insignes de grand officier de l'Ordre national du mérite des mains d'Emmanuel Macron à la préfecture.

Thérèse Baillif est l'une des figures de proue de la lutte contre les violences faites aux femmes à La Réunion. Aujourd'hui âgée de 89 ans, elle n'a de cesse de combattre ces violences, qui sont extrêmement nombreuses dans notre île. Malgré son âge avancé, elle reste incontournable sur les événements dénonçant le manque de moyens alloués à la lutte contre les violences sexistes.

Sa lutte est plus que nécessaire, alors que La Réunion se place en troisième position en matière de violences faites aux femmes. Actuellement, six femmes sont victimes de violences conjugales chaque jour. Un chiffre 10% supérieur à celui de 2018. Et ces chiffres restent, généralement, en-dessous de la réalité alors que de nombreuses victimes restent silencieuses. Car, aujourd'hui, environ trois-quarts des victimes dénombrées n'osent pas porte plainte contre leur agresseur. 

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A noter que sept Réunionnaises sur dix connaîtront des violences sexistes au cours de leur vie, et qu'un viol est rapporté tous les jours aux forces de l'ordre. Forces de l'ordre qui sont d'ailleurs mises en cause régulièrement pour leur prise en charge des victimes. " Il y a encore des femmes, en 2019, à qui on refuse leurs plaintes, ce n'est pas possible !" dénonçait Thérèse Baillif lors d'un rassemblement devant le tribunal de Champ-Fleuri en juin dernier.

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Par ailleurs, si le taux de mort violente au sein du couple est de 0,2169 pour 100 000 habitants au niveau national, ce taux est de 0,4636 à La Réunion, soit plus de deux fois supérieur. "Si on ne peut pas nier que des efforts sont réalisés, ils restent insuffisants, précise Thérèse Baillif, c'est dès l'enfance qu'il faut commencer le travail, avec de la sensibilisation et de la prévention pour former un état d'esprit basé sur le respect et la solidarité".

Elle indique par ailleurs que des efforts ont été fait du côté du Département et de la Région pour venir en aide aux associations, en première ligne du combat contre les violences intrafamiliales, mais que les moyens manquent tout de même pour apporter un soutien efficace. "Il faut qu'on puisse réellement accompagner les femmes victimes de violence, c'est indispensable pour les protéger" souligne la présidente du CEVIF.

Plus inquiétant encore, aucune amélioration n'était à noter entre 2002 et 2018 :  sur les 1519 femmes à avoir été en couple au moins quatre mois sur l’année 2018 – interrogées par l'Institut national d'études démographiques, 27,9% d’entre elles déclaraient avoir déjà subies des violences psychologiques.

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"Les crises de jalousie, le contrôle de la personne, la dévalorisation, le dénigrement, les privations ou encore empêcher la personne d’accéder à l’argent du couple font par exemple partis de ces violences " expliquait Sandrine Dauphin, directrice du projet de l'INED. En 2002, le pourcentage étaient quasi-identique : 27,7%. Par ailleurs, ce nombre est doublement supérieur à celui observé en métropole.

Un réel travail est donc à fournir pour enfin réussir à endiguer ce qui est véritablement un problème de société. En août dernier, un dispositif de renforcement de la prise en charge des victimes de violences avait été signé dans l'arrondissement de Saint-Benoit. Un dispositif qui devrait être généralisé à toute l'île.

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