
Il n'en a en tout cas pas fallu plus aux internautes pour se déchaîner, accusant l'office de racisme. "C'est une véritable erreur de communication, nous l'admettons sans problème et j'en assume l'entière responsabilité" admet David Cacoub, chargé de communication pour l'office et à l'origine du post polémique. "La communication de l’OTI est non seulement excessivement maladroite mais aussi totalement inacceptable et nous comprenons qu’elle ait pu choquer" indique de son côté Jean-Michel Louis, directeur de l'OTI.
"La Direction de l’OTI Est, et en particulier le directeur que je suis, endossons la pleine et entière responsabilité de cette communication réalisée par ses collaborateurs du service communication et nous tenons à présenter nos excuses à toutes les personnes ayant pu être heurtées par ces formulations" continue-t-il.
Mais derrière cette erreur de communication, où le vocabulaire a été, il faut l'avouer, extrêmement mal choisi, c'est tout un travail de mémoire et d'hommage qui a été anéanti.
La représentation théâtrale, créée par la compagnie de Lolita Monga, a demandé un immense travail de fond. Linguistes, historiens, chercheurs, ont collaboré à l'élaboration de la pièce. Lolita Monga est d'ailleurs reconnue pour son travail minutieux et son engagement pour la promotion et la reconnaisance de l'histoire de La Réunion. Cette représentation avait "en vue de faire mieux comprendre et connaître le vécu du marronage dans un lieu symbolique de cette période historique, fondatrice de la culture et de l’identité réunionnaise, par le biais de la création artistique" précise l'OTI.
Contrairement aux affirmations des justiciers du web, cette pièce - reconnue de qualité par les nombreuses personnes ayant assisté à la représentation -, ne contient donc pas une once de racisme. Evidemment.
Le web s'enflamme
Mais, alertant même le Conseil représentatif des Associations noires, le tribunal du net en a décidé que ce spectacle est une "honte". Résultat, les représentations sont reportées en avril 2020 . Dans la hâte, la page consacrée à l'oeuvre a aussi été retirée du site de l'Office de tourisme.
Ce n'est pas la première fois que le web s'enflamme, parfois à raison, mais aussi parfois à tort. Bien sûr les réseaux sociaux sont devenus l'une des meilleures tribunes pour dénoncer les injustices et alerter les médias. Mais il n'est pas inhabituel non plus que des idées, des personnes soient clouées au pilori, sans même que l'on ait cherché à se renseigner sur la réalité des faits dénoncés.
Dans le cas précis, cette vague d'indignation - que l'on souhaite voir aussi puissante dans véritables situations de racisme -, a mis un terme à une œuvre rendant hommage aux esclaves marrons.
Dommage pour ces femmes et ces hommes qui se sont dressé(e)s au péril de leur vie contre l'oppresseur et à qui si peu d'hommages sont rendus alors qu'ils sont l'honneur et la fierté de La Réunion.
L'OTI indique par ailleurs que, "pleinement consciente de la légitime indignation qu’a générée cette publication, et souhaitant que ne puisse se reproduire de tels faits, la direction s’engage dès à présent à corriger les processus de validation des parutions de l’Office ce qui s’inscrit par ailleurs dans la démarche qualité de l’OTI".
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