Sans ordonnance mais pas en vente libre

L'aspirine, le paracétamol et l'ibuprofène passent derrière le comptoir

  • Publié le 26 décembre 2019 à 02:59
  • Actualisé le 26 décembre 2019 à 07:00

À partir du mercredi 15 janvier 2020 le Maxilase et les autres comprimés pour le mal de gorge bénin à base d'alpha-amylase ne seront plus en libre service dans les pharmacies à cause de risques d'allergie parfois grave, a annoncé récemment l'Agence du médicament (ANSM). La même décision a été prise pour les médicaments contenant du paracétamol (Doliprane, Efferalgan, etc.) ainsi que certains anti-inflammatoires non stéroïdiens, ceux à base d'ibuprofène (comme le Nurofen ou l'Advil) et l'aspirine. Ils comportent des risques en cas de mauvais usage.

Ces médicaments restent vendus sans ordonnance, mais il faudra désormais obligatoirement les demander aux pharmaciens, qui pourront donner "tous les conseils de bon usage et informer sur les risques associés à leur utilisation", selon l'ANSM. Cela "renforce le rôle de conseil du pharmacien auprès des patients qui souhaitent en disposer sans ordonnance", a ajouté l'ANSM.

Dans le cas des médicaments contenant du paracétamol (Doliprane, Efferalgan, etc.), ainsi que certains anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS): ceux à base d'ibuprofène (comme le Nurofen ou l'Advil) et l'aspirine. Ces médicaments sont les plus utilisés en automédication comme anti-douleurs ou contre la fièvre chez les adultes et les enfants, selon l'ANSM.

Jusqu'à présent, ils peuvent être vendus en accès direct, le client se servant soi-même dans les rayons de la pharmacie. Toutefois, dans les faits, nombre de pharmaciens ont déjà choisi de les placer derrière leur comptoir, avant même la décision de l'ANSM.

"Ce sont des médicaments très utilisés, c'est bien que les patients puissent y avoir accès, mais il faut faire le maximum pour qu'ils soient utilisés correctement", explique à l'AFP le Docteur Philippe Vella, directeur des médicaments antalgiques à l'ANSM. Car un mauvais usage comporte des risques.

Pris à des doses trop élevées, le paracétamol peut provoquer de graves lésions du foie, qui peuvent nécessiter une greffe, voire être mortelles.

Fin 2017, une jeune femme, Naomi Musenga, était morte après avoir été raillée au téléphone par une opératrice du Samu de Strasbourg, ce qui avait provoqué une grosse vague d'émotion en France. Selon l'enquête, cette mort était "la conséquence d'une intoxication au paracétamol absorbé par automédication sur plusieurs jours".

"Surdosage = Danger"

Pour un adulte sain de plus de 50 kilos, la dose maximale de paracétamol est de 3 grammes par 24 heures, en ne dépassant pas 1 gramme par prise avec un espace d'au moins 6 heures entre chaque prise.

En outre, la durée maximale de traitement recommandée est de "3 jours en cas de fièvre, 5 jours en cas de douleur, en l'absence d'ordonnance", rappelle l'ANSM.

Dans le cas du Maxilas et des autres médicaments contenant de l'alpha-amylase, les risques sont liés à de possibles réactions allergiques, qui avaient entraîné un décès en 2017. Elles se manifestent essentiellement au niveau de la peau (urticaires et démangeaisons) mais peuvent aussi, très rarement, se traduire par une chute de tension, des difficultés respiratoires seules ou accompagnées d'un gonflement du visage (chocs anaphylactiques).

"En cas de signes évocateurs d'allergie (...), le médicament doit tout de suite être arrêté et le patient doit consulter très rapidement un médecin", souligne l'ANSM. En outre, "les médicaments à base d'alpha-amylase ne doivent jamais être pris en cas d'antécédents d'allergie à l'alpha-amylase et leur utilisation doit être limitée à 5 jours".

Ces médicaments sont aussi disponibles sous forme de sirops, plus fréquemment utilisés chez l'enfant. Mais sous cette forme, il ne sont pas directement accessibles et doivent déjà être placés derrière le comptoir du pharmacien.

9,5 millions de boîtes de médicaments à base d'alpha-amylase (sirops ou comprimés) ont été vendus en 2017.

Ces dernières années, deux cas de ces graves chocs concernaient des jeunes: en 2013, un enfant de 9 ans qui avait pris du sirop contenant cette substance et en 2017, un ado qui avait pris des comprimés. Autre cas, le décès en 2017 d'un adulte d'une cinquantaine d'années qui avait aussi pris des comprimés, avait expliqué l'ANSM fin novembre.

La revue indépendante Prescrire a inscrit les produits à base d'alpha-amylase (Maxilase et autres) dans la dernière version de sa liste des 105 médicaments "plus dangereux qu'utiles" et dont on peut se passer, publiée fin novembre.

www.ipreunion.com avec AFP

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