Une catastrophe écologique

Les réactions à La Réunion à la suite au naufrage du MV Wakashio

  • Publié le 10 août 2020 à 16:03
  • Actualisé le 10 août 2020 à 16:21

Depuis le 26 juillet 2020, le bateau Wakashio est échoué au large du récif de la Pointe-d'Esny, à Maurice. Une fissure s'est créée dans la coque du vraquier ce mercredi, entraînant une fuite de fuel qui se répand dans le lagon. Une catastrophe ayant des conséquences écologiques importantes. Voici les réactions à La Réunion

• Charles Moyac et Mélissa Cousin, Porte-Parole d'Europe écologie Les Verts

L'île Maurice traverse actuellement une crise écologique en raison du naufrage d'un bateau et de la pollution de ses côtes aux hydrocarbures. Pour nos îles, la mer est un éco-système fragile mais nécessaire à la vie des habitants. La ressource marine doit absolument être protégée. Cette situation critique soulève de nombreuses interrogations sur lesquelles les écologistes attirent l'attention, notamment la coopération entre les Etats et la réparation des préjudices.

Une coopération renforcée de prévention et un meilleur contrôle des navires qui transitent par notre région sont essentiels. De mêmes les protocoles opérationnels doivent être détaillés et approfondis pour une mise en œuvre immédiate et pour raccourcir les délais, contrairement à ce qu'il nous a semblé voir cette fois encore. Il y a 4 ans en 2016, lors d'un échouage similaire la réaction concrète avait paru tardive. En ce sens, la commission de l'océan Indien est l'instance qui nous paraît la mieux appropriée et qui doit occuper toute sa place. Une île, seule, est en difficulté dans une telle situation et doit être épaulée. Saisissons l'opportunité de la nouvelle nomination du secrétaire de la COI, Commission de l'Océan Indien, qui est compétente en matière de sécurité maritime, pour remettre à plat les termes de coopération et d'entraide dans la région. Notre pays a un rôle essentiel dans ce dispositif. Il faudra à l'avenir sans doute plus de moyens d'action et rendre plus visible l'action de cette commission.

Les risques qui pèsent sur la biodiversité marine sont en constante augmentation en raison de l'explosion du trafic maritime mondial.La responsabilité des armateurs doit être engagée plus lourdement. Là aussi la coopération régionale représente un atout majeur. Dans ce contexte particulier, la proposition des écologistes prend toute son importance ; de telles catastrophes sont des ECOCIDES : des atteintes à l'environnement par ceux qui l'exploitent parfois à outrance. Ces blessures graves doivent être reconnues en tant que crime !

La dépendance de nos îles vis-à-vis de l'extérieur ne doit pas se transformer en un double handicap :Le diktat économique de puissants armateurs étrangers et le risque sur la biodiversité. L'économie bleue qui est notre première richesse réclame davantage de protection et de réparation. L'enjeu est crucial: Il en va du développement endogène de nos îles et de la survie des populations, qui passent en grande partie par la mer et le respect de ses ressources.

• Emmanuel Séraphin, Président du TCO

Acteur impliqué dans la gestion des ports et de l’ouverture de notre île sur la mer, le TCO est particulièrement sensible à la pollution marine qui affecte les côtes de l’île Maurice. Les dégâts provoqués par l’échouage du Wakashio sont déjà importants et le risque d’une catastrophe écologique majeure semble se profiler. Nous sommes tous concernés.

Tous les moyens nécessaires doivent être mobilisés pour éviter le pire. Je me félicite que l’aide de la France ait pu se déployer à partir de La Réunion et que joue pleinement la solidarité vis à vis de l’île sœur.

S’agissant de notre île, une réflexion doit être menée sur les conditions de transit des vraquiers ou des pétroliers, vecteurs potentiels de pollution, dans notre voisinage. D’ores et déjà, toutes les mesures de prévention doivent être prises par les autorités.

Sur le fond, tant que les économies seront dépendantes des hydrocarbures, nous serons exposés à des périls écologiques, mettant en danger la biodiversité. Pour l’instant, l’heure est à la solidarité et à la mobilisation pour éviter le scénario catastrophe.

• Huguette Bello, Maire de Saint-Paul

Suite au naufrage du vraquier MV Wakashio au sud-est de l'île Maurice, j’adresse à nos amis Mauriciens tout mon soutien et je salue le déploiement de moyens et d’équipes, organisé par notre île, dans cette lutte contre la pollution.

La catastrophe écologique, qui se déroule à proximité de nos côtes et dont l’ampleur risque de croître, nous rappelle l’importance de la surveillance du trafic maritime dans le sud de l’Océan Indien, un trafic qui ne cesse d’augmenter au large de La Réunion, en nombre de navires (+15 % en moyenne annuelle) et en volume de marchandises transportées (+17 % par an).

384,5 millions de tonnes dont 135 millions de tonnes de marchandises dangereuses et polluantes ont transité dans les 50 milles nautiques autour de La Réunion en 2019, c’est trois fois plus qu’il y a 5 ans.

L’an dernier, 25 cas de pollutions potentielles ont été signalés dans le sud de l’Océan Indien. La Réunion doit prendre toute sa place comme centre de veille permanente dans la lutte contre les pollutions en mer.

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