Reprise des cours et protocole sanitaire

À six jours de la rentrée scolaire : des parents et des professeurs sont "dans le flou"

  • Publié le 11 août 2020 à 02:58
  • Actualisé le 11 août 2020 à 10:54

Dans six jours, les élèves reprendront le chemin de l'école pour une rentrée plus que particulière. Alors que le Covid-19 circule toujours, et que l'année 2019-2020 a été marquée par plus de deux mois de rupture scolaire, professeurs et parents s'inquiètent. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

C'est en toute discrétion que le nouveau protocole sanitaire a été publié mercredi 5 août. Professeurs comme parents ont découvert dans la presse une version largement allégée des mesures de sécurité qui seront en place à la rentrée.

"C'est tout de même incroyable de découvrir dix jours avant la rentrée que les modalités d'accueil vont changer, et c'est d'autant plus choquant de le découvrir dans la presse, sans aucune communication de la part du ministère !" s'indigne Marie-Hélène Dor, secrétaire départementale de la FSU. Comme la plupart des organisations syndicales, cette dernière n'a découvert le protocole que deux jours après sa publication, faute de communication.

Et le moins qu'on puisse dire, c'est ce que protocole allégé ne convainc pas. "On sait bien que les distanciations entre élèves ont été supprimées car il est impossible d'accueillir une classe entière en les maintenant. C'est irresponsable, surtout lorsque l'on continue à supprimer des postes en parallèle et qu'on doit donc faire avec des classes de plus en plus nombreuses" continue Marie-Hélène Dor.

- Manque de communication et inquiétudes -

Alors que la pré-rentrée est programmée pour ce vendredi, peu d'informations sont à disposition des enseignants et professeurs. "C'est toujours comme cela que ça se passe : on s'organise deux jours avant. Mais en temps de pandémie, avec autant d'inconnues qui s'ajoutent à l'équation, il est tout de même fâcheux de n'avoir qu'aussi peu de temps pour se préparer au retour des élèves" s'agace par ailleurs la syndicaliste.

 Patrick Corré, secrétaire de la CGTR Educ'action, regrette lui aussi le peu de sollicitation auprès des instances syndicales. "On aurait aimé pouvoir en discuter avec le rectorat, nous aurions sûrement pu apporter des solutions à certaines problématiques" explique-t-il.

Comme Marie-Hélène Dor, il s'agace du manque de communication de la part du ministère. "Nous n'avons aucune information sur la rentrée, si ce n'est le protocole qui a été publié sans que personne ne nous prévienne. En pleine crise sanitaire, il faut pouvoir se préparer à l'amont !" s'exclame-t-il.

Les deux s'interrogent par exemple sur les stocks de masque : l'Education nationale a indiqué avoir assez de masques jusqu'à décembre, à raison de deux masques par jour pour les personnels. "En juin dernier pourtant, les stocks étaient épuisés" indique Marie-Hélène Dor. "Nous n'avons aucune idée de l'état des stocks aujourd'hui" renchérit Patrick Corré.

Ce dernier s'inquiète par ailleurs du protocole à suivre pour les élèves et personnels revenant de métropole : à part le test PCR obligatoire avant de prendre l'avion, la population est libre d'aller et venir. "Si un élève ou un membre du personnel s'avère être malade, cela peut aller très vite dans l'établissement. On aimerait entendre l'Agence régionale de santé sur cette question" interpelle Patrick Corré.

- Une nouvelle rectrice à la tête de l'Académie -

Cette rentrée scolaire intervient aussi une semaine à peine après la prise de fonction de la nouvelle rectrice Chantal Manès-Bonnisseau. Lors de sa première visite officielle, cette dernière a balayé la possibilité de reporter la rentrée d'une semaine. Si la situation sanitaire devait se dégrader, un plan de "continuité pédagogique" est cependant prêt.

Plusieurs scénarios sont envisagés, avec "des fermetures potentielles de classes ou d'écoles, une mobilisation de locaux, un allègement des classes…" a-t-elle indiqué plusieurs médias ce jour-là. Pour autant, les détails de la reprise normale des cours n'avaient pas été abordés.

Du côté des parents d'élèves, c'est "le flou qui règne". Daniel Amouny, président départemental de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE) indique n'avoir reçu aucun renseignement concernant la rentrée à venir. "Nous n'avons absolument pas été sollicités pour cette rentrée, nous ne savons pas si tout est prêt pour accueillir nos enfants dans des conditions optimales" déplore-t-il.

Au sein des parents d'élève, c'est surtout l'inquiétude qui prévaut. "Nous savons qu'il faut que nos enfants retournent à l'école, mais forcément, nous sommes très inquiets, surtout qu'il y a très peu de communication sur le déroulé de cette rentrée" regrette-t-il.

Le gouvernement se veut rassurant quant à cette rentrée bien particulière. Mais déjà sur les réseaux, l'inquiétude et la défiance pointent le bout de leur nez. Avec l'augmentation récente du nombre de cas quotidiens, et les retours de vacances, beaucoup s'inquiètent de la reprise. Contactée, l'ARS n'a pas répondu à nos sollications concernant une possible reprise de la circulation du virus avec les retours de métropole.

De nombreuses études se font aussi face quant au niveau de contagion des enfants : ces derniers pourraient être des "super-contaminateurs", ou l'être très peu. Les avis divergent dans le milieu scientifique. L'ARS n'a pas non plus indiqué qu'elle était sa position sur cette question.

as / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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