3.400 candidats ont vu leur permis décalé

Auto-écoles : arrêt d'activité et manque de place aux examens : la double peine

  • Publié le 16 août 2020 à 03:00
  • Actualisé le 16 août 2020 à 07:28

Le ton monte dans les auto-écoles. Tous les examens du permis de conduire ont été suspendus à la mi-mars 2020, et autant dire, que le nombre d'élèves attendant de passer leur examen a explosé en presque trois mois. Les épreuves pratiques ont repris depuis le 8 juin, mais la file d'attente de plusieurs milliers de candidats s'annonce longue à résorber. Manque d'inspecteurs, délais rallongés et place attribuées au compte-goutte, les auto-écoles saturent à tous les niveaux (Photo rb/www.ipreunion.com)

À quelques jours de la sortie du confinement, c’était l’inquiétude de la profession : les élèves seraient-ils impatients de reprendre leurs cours ou au contraire, seraient-ils furieux de revenir à l’auto-école de peur d’attraper le virus ? Sur ce point-là, la profession a très vite été rassurée. Les élèves sont au rendez-vous ! On peut même parler de rush. Entre ceux qui veulent terminer au plus vite leur formation pour passer l’examen et ceux qui se seraient inscrits en mars et avril si le confinement n’avait pas eu lieu, l’activité est repartie à plein régime. "Notre auto-école se trouve juste en face de la faculté, en temps normal on n’a pas beaucoup d’inscriptions en cette saison on parle même de "période creuse". Mais depuis la réouverture fin juin, on a eu 25% d’inscriptions supplémentaires" indique Sonia Payet, gérante de l’auto-école DOM Conduite

- Embouteillage pour obtenir une place d’examen –

Une nouvelle inquiétude n’a pas tardé à miner la profession : celle du manque de place aux examens. "Environ 3400 candidats ont vu leur permis décalé en raison de la période de confinement" indique la préfecture. Si les écoles de conduite mettent les bouchées doubles au niveau des formations, ça coince en bout de chaîne. "Nous avons engagé plus de moniteurs de conduite pour éviter que les élèves ne prennent plus de retard sur leur formation. On travaille beaucoup plus depuis la reprise" explique la gérante.

Une situation particulièrement compliquée, à tel point qu'elle a souhaité rencontrer la préfecture pour parler de son problème. "En temps normal, je présente entre 40 candidats au permis par mois. Ce mois-ci, je n'ai réussi à en avoir que 20", déplore-t-elle.

Ce qui fait que la gérante de l'école de conduite se retrouve avec les candidatures d'élèves en attente depuis mars cumulées à celles des nouveaux prêts pour l'examen. "On se retrouve avec tous ces gamins sur les bras et il n'y a pas moyen de les satisfaire. On ne sait pas comment on va rattraper ces deux mois. S'ils ne veulent pas mettre des inspecteurs supplémentaires, nous on n'est pas des magiciens", livre-t-elle.

En attendant, après avoir été fragilisées par l’arrêt de l’activité, les écoles de conduite sont parfois contraintes de refuser des inscriptions, ou de continuer à facturer des heures de conduites supplémentaires, sachant qu’elles ne pourront pas obtenir une place d’examen dans le délai exigé par l’élève. Alors même si la plupart se montrent compréhensifs, certains élèves ont choisi de quitter son auto-école pensant trouver une place plus vite ailleurs. " Tous les jours des gens viennent pour se désinscrire pensant que s’ils vont ailleurs ça ira plus vite. Au final c’est pareil pour tout le monde, que ce soit chez moi ou chez un confrère les places sont saturées. " alarme la gérante.

Un empressement motivé par la rentrée universitaire de septembre. Beaucoup d'élèves comptent en effet sur leur permis pour avoir toute leur autonomie une fois en faculté. "C'est très important de pouvoir rouler quand on est loin de la ville, ou de la fac. Sinon on dépend des autres" glisses Sonia Payet.

-Évaluer les besoins-

Avec de nombreux examens pratiques toutes catégories confondues qui n’ont pas pu être honorés pendant le période de confinement et une reprise progressive du passage des examens, les délais d’obtention d’une place s’allongent. " La demande est trop forte par rapport à l’offre " indique la gérante de DOM Conduite. Alors, comment faire pour résorber ce retard au plus vite ?

D’autant que tous les inspecteurs du permis de conduire ne sont pas tous revenus travailler, ayant pour certains une santé fragile, des enfants à garder, ou un manque de personnel en administration, les obligeants à " quitter les voitures, pour travailler dans un bureau " précise la gérante. " À l'heure actuelle, ce sont 18 inspecteurs qui sont déployés sur toute l’île pour faire passer l’examen " indique la préfecture.

Consciente de la situation, les auto-écoles changent alors leurs priorités. Beaucoup ont opté pour orienter les inscrits vers la conduite accompagnée ou supervisée. Les deux formules obligent les apprentis conducteurs à se faire la main sur la route pendant plusieurs mois, repoussant ainsi l'échéance du permis. Objectif : entretenir les acquis de l’élève sans faire trop gonfler le coût de la formation. " Mais cela reste une mesure d’urgence qui ne doit pas devenir une norme " énonce-t-elle.

-Changement dans le protocole-

La Délégation à la sécurité routière (DSR) a donc décidé de réduire la durée totale de l’épreuve pratique B en suspendant temporairement la partie portant sur les vérifications, afin de "gagner un peu de temps".

"Certaines questions relatives aux vérifications intérieures et extérieures et des questions de sécurité ont été supprimées de l’examen. Cette modification est nationale" indique la préfecture de La Réunion

En effet, l’application stricte du protocole sanitaire entre, lui aussi, dans l’emploi du temps chargé des moniteurs. "Entre chaque candidat la voiture est désinfectée. Ce protocole prend du temps alors, afin de ne pas pénaliser les élèves, ils ont décidé de supprimer la partie " question " en utilisant ce temps pour la désinfection du véhicule" précise la gérante de DOM Conduite

Nul besoin d’être agrégé en mathématiques pour comprendre qu’avec une file d’attente à rallonge, et les inscriptions quotidiennes, il est impossible de retrouver une situation normale en un claquement de doigt. "Des examens supplémentaires pourraient être mis en œuvre en septembre et en octobre, afin de désengorger le secteur " rassure la préfecture

"Il faudra attendre plusieurs mois avant que la situation ne revienne à la normale" glisse Sonia Payet. Les candidats doivent donc faire preuve de patience.

es / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
7AC
7AC
3 ans

Au vu des difficultés quotidiennes de circulation, 3400 véhicules en attente de s'y ajouter me fait froid dans le dos...