Plus de 20.000 habitations concernées à La Réunion

"Je vis avec des champignons" : l'appel de détresse d'une mère dans un logement "insalubre"

  • Publié le 14 octobre 2020 à 14:15
  • Actualisé le 14 octobre 2020 à 14:22

L'insalubrité est un fléau dont La Réunion est tristement coutumière. Laure*, maman de 27 ans de deux enfants, respectivement âgés de deux ans et quatre mois, en fait les frais. Une humidité persistante, des fuites d'eau constantes, des champignons de moisissure récurrents et des murs qui se fissurent, c'est le quotidien de cette mère célibataire qui occupe depuis juillet 2018 un logement qu'elle qualifie d'"insalubre" de la SHLMR (Société d'habitation à loyer modéré de La Réunion), l'un des deux bailleurs sociaux du quartier La Montagne (Saint-Denis) où elle réside. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Images et vidéos à l'appui lorsqu'elle nous contacte, la jeune mère célibataire est à bout. "Je ne sais plus où demander de l'aide", nous écrit-t-elle avant de s'excuser "pour le pavé". Après avoir demandé pendant presque deux ans un changement de logement auprès de la SHLMR – à qui elle a pourtant fourni les mêmes documents qu'à Imaz Press – elle doute que son dossier fasse vraiment l'objet de l'attention des services concernés. "J'ai l'impression qu'on ne me prend pas au sérieux. Même après leur avoir montré les photos, j'ai l'impression que je les emmerde", se désole-t-elle, impuissante face à l'insalubrité de son appartement.

Attention cependant aux définitions, prévient le bailleur. "Quand vous dites "insalubre", ça veut dire que le logement a été contrôlé par l'Agence Régionale de Santé (ARS) et l'a déclaré insalubre", se défend la SHLMR. Ce n'est pas le cas mais cela n'empêche pas les champignons de moisissure de proliférer dans son logement.

Lire aussi : Habitat : les logements sociaux neufs n'échappent pas à l'insalubrité

Lorsqu'elle emménage dans ce T2 en 2018, alors enceinte de son premier garçon, la jeune femme avait pourtant tentée d'être optimiste : "c'était un endroit sale avec de la boue mais je pensais qu'en nettoyant un peu ça irait, et que l'odeur partirait quitte à refaire le sol et repeindre les murs". La future maman déchante vite, elle qui avait accepté le logement, faute d'alternative autre que la rue : "l'humidité revient en quelques semaines. Je suis constamment en train de repeindre, de passer de l'eau de javel. J'enlève des champignons qui mettent une nuit à réapparaître", détaille la Dionysienne qui fait face à des inondations dans la salle de bain ou la chambre. 

(Vidéo prise par Laure dans son T2)

- Développement d'asthme à un an et dix mois -

En novembre 2018, à la naissance de son premier enfant, la Réunionnaise fait immédiatement une demande de mutation d'appartement. On lui assure qu'elle trouvera un nouveau foyer dès qu'une place se libèrera. Pourtant, elle attend toujours.

Pour l'instant cette demande joue contre elle. "La SHLMR a finalement envoyé un plombier pour réparer un tuyau sous la baignoire qui fuyait constamment", se souvient Laure. "Il m'a dit qu'il fallait tout refaire mais que la SHLMR lui avait demandé de 'faire le strict minimum' puisque j'avais fait une demande de mutation et que ça ne valait pas le coup de tout refaire".

Pourtant, suite à son départ, un autre locataire devrait suivre et occuper ce logement, ce dont le bailleur dit avoir conscience. "Toutes les fuites ont été réparées [en septembre 2020]. Nous n'avons plus de réclamations depuis" assure la SHLMR. Le bailleur soutient ne rien savoir de la situation décrite par Laure. Cette dernière, pourtant, persiste : "le logement est insalubre. Il est humide, les portes se ferment mal, les fenêtres sont rouillées, ils sont au courant de tout ça pourtant", s'étonne la jeune femme.

Malgré ses réclamations, Les mois passent, puis les années. En septembre dernier, son premier garçon, âgé seulement d'un an et 10 mois, tousse sans arrêt. Le médecin lui diagnostique un début d'asthme et un développement d'allergie, nous affirme la maman. Laure est persuadée de l'impact du logement et des champignons sur la santé de son enfant : "lorsqu'il dort chez sa grand-mère, il ne tousse plus", constate-t-elle.

(Photo prise par Laure dans ton T2)

- Une offre de logements sociaux insuffisante -

De son côté, la SHLMR souoigne que "sa demande de mutation a bien été prise en compte, puis radiée pour non renouvellement en 2020". La jeune femme affirme qu'elle ignorait la procédure. Elle indique avoir fait une nouvelle demande il y a de cela trois mois.

"Elle est passée la semaine dernière en commission d'attribution [à laquelle participent la préfecture, la mairie, les associations de locataire, le bailleur], mais a été positionnée sur un logement en deuxième position" poursuit la SHLMR. A ce jour, Laure attend encore les résultats de cette commission.

En revanche, le bailleur concède un "problème structurel, un problème mécanique de disponibilités de logements peu chers". Sur l'année 2019-2020, "il y a plus de 21.700 demandes de logement à La Réunion et 10.600 demandes de mutation", comptabilise-t-il tout en ajoutant qu'il y a eu 1.803 logements livrés pour l'année 2019. Ceux qui accèdent aux logements sont les personnes en "situation prioritaire" telles que les femmes victimes de violences ou encore les personnes en centre d'hébergement.

Une situation qui n'a rien de nouveau. Déjà, en 2015, la Confédération Nationale du Logement alertait sur la situation en relevant que le département comptait plus de 20.000 logements insalubres.

*Le prénom a été modifié.

(Photo prise par Laure dans son T2)

(Vidéos prises par Laure dans son T2)

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3 Commentaires
Betty
Betty
3 ans

Je suis dans le même cas avec la semader

Bekay
Bekay
3 ans

Je pense que il n'y a p

Mayaqui, depuis son mobile
Mayaqui, depuis son mobile
3 ans

Il me semble bien que l'état a acheté 59 hÃ'tels formule 1 à transformer pour loger les migrants en 2018 ....
alors que l on n est pas capable de s'occuper correctement de notre propre peuple ... c'est révoltant ...