Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes

L'association Osez le Féminisme ! Réunion déplore la hausse des chiffres liés aux violences conjugales

  • Publié le 24 novembre 2020 à 14:20
  • Actualisé le 24 novembre 2020 à 14:25

A l'occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, qui aura lieu ce mercredi 25 novembre, l'association Osez le Féminisme ! Réunion, qui a pour but d'élever le niveau de féminisme dans la société réunionnaise, s'alerte sur la hausse des chiffres relatant ces violences, mais aussi le manque d'études menées sur l'île. (Photo d'illustration : rb/www.ipreunion.com)

Ci-desous le communiqué d'Osez le Féminisme ! Réunion :

" Le 25 novembre, Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, est comme chaque année le moment de (re)découvrir avec colère les chiffres des violences masculines commises à l’encontre des femmes et des filles. En France, chaque année, 225 000 femmes sont victimes de violences conjugales, 84 000 femmes sont victimes de viols, 165 000 mineur·es sont victimes de viols pédocriminels, 40 000 femmes sont en situation de
prostitution, 146 femmes sont victimes de féminicides. Et les chiffres ne baissent pas, bien au contraire, le confinement en 2020 a provoqué une hausse des violences.

Mais qu’en est-il des chiffres sur les violences faites aux femmes à La Réunion ? Très peu d’études sont menées sur les violences subies par les filles et les femmes, il est très difficile de trouver des chiffres solides et exhaustif… Pourtant, nous savons que les violences sont légion. Nous savons, en lisant les articles rédigés par la presse réunionnaise, qu’il est rare qu’un jour passe sans qu’une femme ne soit tabassée, poignardée, frappée à la machette ou défenestrée par son conjoint ou son ex. Elles s’appelaient Graziella, Corinne, Arlette, Jessie… Ces femmes réunionnaises de différents âges et de différents
milieux sociaux ont eu le même tragique destin d’être tuées par des hommes.

Pourtant, 38% des femmes tuées à La Réunion en douze ans avaient signalé leur bourreau à la justice, et auraient donc pu être sauvées ! Nous savons que les violences sexuelles, comme de partout dans le monde, sont extrêmement courantes et qu’une femme sur trois subira au moins une agression sexuelle au cours de sa vie. Nous savons qu’en France plus d’un enfant sur cinq est victime d’inceste, et que ce chiffre est sans doute plus élevé à La Réunion d’après les retours de terrain des associations.

A l’issue d’une consultation menée à La Réunion en 2019, 45 préconisations avaient été présentées aux instances judiciaires pour améliorer la prise en charge des victimes : ces préconisations ont-elles été mises en œuvres ? Les postes d’intervenants sociaux en gendarmerie et commissariat ont-ils été doublés, et l’accueil des victimes professionnalisé ? Le nombre de places en hébergement d’urgence est-il bien passé de 22 à 100, comme l’avait promis M. le Préfet ?

Le Président de la République avait d’ailleurs promis que la lutte contre les violences faites aux femmes serait la grande cause du quinquennat. Non seulement les moyens alloués au Secrétariat des droits des femmes ont été diminués, mais en plus le gouvernement met en concurrence le numéro d’appel gratuit 3919 géré depuis des années par l’association Solidarité Femmes ! Nous rappelons également que le Gouvernement français est toujours composé de deux ministres dont la nomination est une insulte aux femmes victimes de violence.

Au ministère de l’Intérieur siège toujours Gérard Darmanin, pourtant sous le coup d’une enquête judiciaire pour viols et agressions sexuelles. Au Ministère de la Justice trône Eric Dupond-Moretti, grand défenseur des hommes accusés de viol, et qui déclare que les victimes de viol sont des " follasses qui racontent des conneries ".  Nous appelons la fin des violences commises par les hommes envers les femmes et les enfants.

Pour cela, nous réclamons que La Réunion déploie plus de moyens financiers et humains :

- dans les gendarmeries et les commissariats pour améliorer la prise en charge des victimes et afin que tous les professionnels suivent une formation obligatoire sur les violences sexuelles et conjugales

- dans les instances judiciaires afin d’accélérer les procédures de plaintes et d’éloignement des
conjoints violents,

- dans les écoles, les collèges et les lycées, afin que de véritables cours d’éducation au respect, à l’égalité filles-garçons et à la prévention des violences puissent être mis en place,

- pour les associations de terrain qui gèrent avec peu de moyens et pourtant avec brio l’accompagnement des femmes victimes de violences,

- pour créer un véritable observatoire des violences sexistes et sexuelles à La Réunion.

Nous exigeons également que le gouvernement remplace les deux Ministres de la honte par des personnes compétentes et intègres dont les faits criminels et les propos ne sont pas une insulte à la population française. Nous sommes en fin d’année 2020, et pourtant les violences commises par les hommes envers les femmes et les enfants continuent de faire partie intégrante du paysage, comme un état de fait immuable et normal. Il est temps que cela change !"

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1 Commentaires
Bilimbis
Bilimbis
3 ans

La Réunion est une île, difficile d'aider vraiment les femmes battues sans les mettre encore plus en danger. Par exemple, les mesures d'éloignement d'un conjoint violent N'ONT AUCUN SENS!! Tant que les femmes ne seront pas réellement protégées, elles ne dénonceront pas la personne qui "énervée d'avoir été interpellé", rentrera avec l'envie encore plus forte de le leur faire payer et même de les tuer.