
- Près de 250 millions d’euros déjà distribués -
A chaque visite communale, pas d’embrassade ni d’accolade, Covid-19 oblige, mais un beau chèque pour financer les "programmes de développement des communes". Cela a commencé le 23 octobre dernier avec Le Tampon (54 millions d’euros) et Saint-Pierre (51 millions d’euros). Puis le 5 novembre avec Bruno Domen, maire de Saint-leu (30 millions d’euros). Le 12 novembre, Didier Robert a visité le Sud sauvage, chez Patrick Lebreton, avec un chèque de 30 millions d’euros.
Le 23 novembre, Jean-Claude Lacouture, maire de l’Etang-Salé, a été particulièrement gâté avec une belle enveloppe de 66 millions d’euros. Dernière visite en date, ce 26 novembre avec un déplacement à Bras-Panon où Jeannick Atchapa bénéficiera de 20 millions d’euros pour ces projets.
Pour chaque séquence, une communication finement préparée montrant un président de Région sur le terrain, à l’écoute des communes, et surtout généreux, signant tout sourire une convention de partenariat débloquant ces millions d’euros. De bien belles images à quelques mois des élections régionales. Didier Robert ne manque pas de jouer sa partition et d’aller à la rencontre des maires, cherchant très certainement des retours d’ascenseur en vue des régionales. C’est de bonne guerre.
Ça l’est aussi pour les communes, "amies" comme "ennemies" (car en politique, on n’est jamais vraiment amis ou ennemis, tout est question de circonstance), où on ne crache bien évidemment pas sur quelques millions d’euros, d’autant plus dans ce contexte de crise qui a fragilisé les budgets communaux. A chaque visite, le président de Région est accueilli en grande pompe, faisant la tournée des projets à financer et donnant l’image d’un élu de proximité, avec les maires de tous bords.
- Des communes murement choisies -
Nul doute que le président de Région se déplacera dans chaque commune de l’île. Le contraire éveillerait certainement des soupçons. A moins que le décret fixant la date des élections départementales et régionales ne paraisse prochainement, ce qui pourrait freiner les actions de communication de Didier Robert qui, en fonction de la date arbitrée, se retrouverait en période de réserve électorale.
En allant en premier lieu au Tampon, ville dont il a été le premier magistrat, ville dont le maire, André Thien Ah Koon, a été son mentor mais avec lequel il était fâché (jusqu’à présent), Didier Robert a voulu envoyer un signal fort de paix.
Le patron d’Objectif Réunion aura besoin de toutes les forces pour être réélu à la tête de la Pyramide inversée. Le poids politique et démographique du Tampon étant non négligeable, le président de Région avait besoin d’apaiser ses relations avec "TAK" en vue d’une éventuelle alliance au premier, voire au second tour des régionales. TAK a-t-il été sensible à cette démarche ? Très certainement. Mais pas certain qu’il pardonne ainsi celui qui a voulu "tuer le père", même en échange de la coquette somme de 54 millions d’euros.
Le second choix, celui de Saint-Pierre, paraît tout à fait logique. Didier Robert aura besoin de la droite unie lors des régionales. Qui mieux que Michel Fontaine, patron des Républicains 974, pour fédérer ? Alors que la droite semble toujours tâtonner entre un soutien en faveur du président sortant ou le choix d’une autre voie, ces 51 millions d’euros semblent bien plus que nécessaires pour tenter de convaincre l’édile saint-pierrois de la nécessité de soutenir ce dernier. Là encore, il n’est pas certain que l’opération séduction fonctionne, Michel Fontaine n’ayant pas oublié que Didier Robert voulait, il y a un près de trois ans, "mettre dehors les dinosaures", en faisant notamment référence au maire de Saint-Pierre.
Puis Didier Robert a fait le choix d’aller chez un ami, Jean-Claude Lacouture, celui-là même qu’il avait soutenu en décembre 2017 pour la présidence du Département, élection finalement remportée par Cyrille Melchior. Il s’est ensuite rendu à Saint-Leu, chez Bruno Domen, une manière très certainement de défier Thierry Robert qui ne devrait logiquement pas pouvoir se présenter aux prochaines régionales. Sa dernière visite a été consacrée à Jeannick Atchapa, tout nouveau maire de Bras-Panon qui aurait eu le soutien de Didier Robert lors des dernières municipales, face à Daniel Gonthier.
Le choix de Saint-Joseph peut surprendre, Patrick Lebreton faisant partie du "rassemblement" de la gauche. Mais on peut y voir malgré tout une stratégie politique. Pour certains observateurs de la vie politique locale, Patrick Lebreton, candidat déclaré aux élections départementales pourrait être le champion de la gauche pour prendre la présidence du Département en 2021. En se rapprochant de ce dernier, Didier Robert pourrait donc attendre un retour d’ascenseur bienvenue lors des régionales.
Ces premiers déplacements sont donc des indicateurs précis des choix stratégiques opérés par Didier Robert qui, très clairement, est en campagne en vue de sa réélection...
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18 Commentaire(s)
C'est une bonne manne pour certaines villes!