Une pandémie peut en cacher une autre

Sida : le danger est toujours présent, surtout chez les jeunes

  • Publié le 2 décembre 2020 à 02:58
  • Actualisé le 2 décembre 2020 à 06:25

Dans le cadre de la journée mondiale de lutte contre le sida, célébrée chaque année le 1er décembre, l'association Rive (Réunion Immunodéprimés Vivre et Ecouter) organise plusieurs actions de dépistage dans différents établissements scolaires et universitaires de l'île tout au long de la semaine. L'objectif : prévenir encore et toujours les jeunes des risques liés aux infections sexuellement transmissibles. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Chloé Robert est conseillère conjugale et familiale pour l’association Rive. Elle revient avec nous sur les actions mises en place pour sensibiliser les lycéens et les étudiants aux infections sexuellement transmissibles (IST). L’association a récemment lancé une collecte de fonds afin de continuer à mener des actions.

Imaz Press : Selon une récente étude nationale, 56% des étudiants n’utilisent pas systématiquement un préservatif lors d’un rapport sexuel. Quelle relation entretiennent les jeunes Réunionnais avec le sida ?

Chloé Robert, conseillère conjugale et familiale de l'association Rive : C’est 50/50 je dirais. Il y a une part des jeunes qui banalisent la maladie et n’ont pas conscience de l’impact que peut avoir le sida sur la vie des malades. C’est une maladie chronique avec laquelle on peut vivre aujourd’hui mais il y a toujours beaucoup de discrimination autour de celle-ci. On a tendance à occulter cet impact qu’a la maladie sur les relations interpersonnelles, notamment en matière de vie sexuelle des malades. Et il y a une autre moitié qui a conscience de l’existence de certains risques. Pour autant, ils ne se protègent pas automatiquement.

Imaz Press : Pour quelles raisons le préservatif n’est-il pas un automatisme dans la tête des jeunes ?

Chloé Robert : Lorsqu’ils sont en pleine action, ils n’ont pas forcément la tête à penser à se protéger malheureusement. Il y a également un manque crucial d’information autour de la protection et des rapports sexuels en général.

Imaz Press : Comment expliquer qu’en 2020, certains jeunes ne soient pas encore conscients des risques liés aux MST-IST ?

Chloé Robert : C’est assez paradoxal. Les jeunes sont en fait très concentrés sur le sida, pourtant, on a l’impression qu’ils évoluent avec les informations d’il y a 20 ans : certains pensent par exemple encore que la mort est inévitable, ils sont bloqués sur cette image. Cette situation est très certainement liée à un manque d’information à l’école autour des MST mais aussi à un problème au niveau des représentations qui se transmettent de génération en génération. Concernant les autres MST, les jeunes ne semblent pas réellement informés de leur existence.

Imaz Press : Quels types d’actions mettez-vous en place avec votre association pour pallier ce manque d’information ?

Chloé Robert : Depuis ce lundi 30 novembre, nous nous rendons dans les établissements scolaires et universitaires. Nous étions lundi au collège Marie Curry à Saint-Benoît où nous avons organisé un "testing day" : nous avons proposé des dépistages aux élèves à faire sur place, avec les résultats reçus en quelques minutes. Nous allons réaliser la même opération au lycée Mahatma Gandhi de Saint-André en fin de semaine. Les dépistages seront en priorité pour les élèves mais nous testerons le tout-venant. C’est anonyme, il n’y a besoin de rien à part de son doigt. Nous étions aussi ce mardi sur le campus du Moufia où nous sommes allés à la rencontre des étudiants avec des paniers de préservatifs. Et ce mercredi 2 décembre, nous sommes à la fois dans les locaux du RSMA de Saint-Denis où nous réalisons des actions de prévention, et en permanence dans les locaux de l’association où nous effectuons des dépistages en continu de 9h à 19h.

Imaz Press : Les établissements scolaires ont-ils été frileux à l’idée de vous recevoir ?

Chloé Robert : Effectivement, les lycées et les universités ont longtemps été frileux à l’idée de nous accueillir dans leurs locaux mais aujourd’hui, nous notons un changement. Je pense que les responsables d’établissements avaient peur de la réaction des parents, surtout lorsque l’on confond encore trop souvent "responsabiliser et inciter". Aujourd’hui, les dirigeants sont plus ouverts, ils ont pris conscience que nous défendons un sujet important.

Imaz Press : Comment les jeunes ont-ils réagi ?

Chloé Robert : Pour le moment, nous n’avons eu que des réactions positives, on n’oblige personne, les jeunes sont volontaires. Au lycée Marie Curie, l’opération a été un franc succès, 40 élèves se sont fait tester et 45 sont venus se renseigner. Certains voulaient se faire tester mais n’ont pas pu à cause de leur emploi du temps. A l’université, les étudiants se sont montrés très intéressés, surtout par les protections gratuites mais aussi par nos messages de prévention. Nous sommes satisfaits.

vc/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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