L'armée à nouveau endeuillée

Sahel : deux soldats français tués samedi au Mali

  • Publié le 3 janvier 2021 à 08:19

La force antijihadiste française Barkhane a été de nouveau mortellement frappée au Mali, deux soldats, dont une femme, ayant succombé samedi à une attaque à l'engin explosif artisanal, après la mort de trois militaires lundi dans des circonstances similaires.

Le président Emmanuel Macron a "appris avec une grande tristesse" la mort dans la région de Ménaka (nord-est) du sergent Yvonne Huynh et du brigadier Loïc Risser, tous deux issus du 2e régiment de hussards de Haguenau, près de Strasbourg (est), a annoncé la présidence française dans un communiqué.

Yvonne Huynh, âgée de 33 ans et mère d'un jeune garçon, est la première femme de l'armée française tuée au Sahel depuis l'intervention Serval en 2013. Loïc Risser avait 24 ans. Un troisième soldat a été blessé mais ses jours ne sont pas en danger.

Ces deux décès portent à 50 le nombre de soldats français tués au Sahel depuis 2013 dans les opérations antijihadistes Serval puis Barkhane, a précisé l'état-major des armées.

Samedi, un véhicule blindé léger (VBL) a été "l'objet d'une attaque à l'engin explosif improvisé" lors d'une mission de reconnaissance et de renseignement, ont précisé la présidence française et l'état-major des armées.

Emmanuel Macron salue la mémoire des deux soldats, "morts pour la France dans l'accomplissement de leur devoir". "Il partage la douleur de leurs familles, de leurs proches et de leurs frères d'armes et les assure de la gratitude et de la solidarité de la Nation".

- "Pugnacité intacte" -

Le chef de l'Etat a aussi réaffirmé "la détermination de la France dans son combat contre le terrorisme", cinq jours après une autre attaque mortelle contre la force Barkhane dans le centre du Mali.

Trois soldats du 1er régiment de chasseurs de Thierville-sur-Meuse (est) ont été victimes d'une bombe artisanale dans une attaque revendiquée par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda.

"La motivation, la pugnacité et l'abnégation des militaires français demeurent intactes face aux groupes terroristes, filières de Daech (acronyme arabe du groupe Etat islamique, ndlr) et d'Al-Qaïda, qui sèment terreur et chaos au Mali et au Sahel", a déclaré samedi la ministre des Armées Florence Parly dans un communiqué.

Lire aussi : A N'Djaména, Castex réveillonne avec les troupes de Barkhane endeuillées

Le sergent Huynh, née à Trappes (Yvelines) près de Paris, effectuait sa deuxième mission au Mali. Le brigadier Risser, né à Saint-Louis (Haut-Rhin, est), en était à son troisième engagement au Mali.

Le 2e régiment de hussards est spécialisé dans l'infiltration par véhicules, l'observation à longue distance et le renseignement humain. Ces attaques mortelles surviennent alors que la France envisage une réduction des effectifs de la force Barkhane et se dit ouverte à des négociations avec des groupes sahéliens, à l'exception des directions d'Al-Qaïda et du groupe Etat islamique.

- Dialogue avec les jihadistes ? -

La force Barkhane, qui s'étend sur cinq pays du Sahel, a été étoffée de 600 soldats, ce qui a porté son effectif total à 5.100 en 2020. Elle a revendiqué la "neutralisation" de dizaines de jihadistes ces dernières semaines, au côté de la force du G5 Sahel.

Face à la persistance des violences jihadistes, doublées de conflits intercommunautaires, les autorités de transition au Mali n'excluent pas d'engager des négociations avec des groupes armés, tout comme auparavant le président Ibrahim Boubacar Keïta, renversé par un putsch en août.

Le GSIM, principale alliance jihadiste du Sahel, a appelé dans un communiqué revendiquant l'attaque de lundi au retrait de la force Barkhane du Sahel. Dans ce communiqué, authentifié par le centre américain de surveillance des sites jihadistes SITE, il a aussi évoqué les caricatures de Mahomet et la défense prise par le président Macron de leur publication au nom de la liberté d'expression, ainsi que la politique du gouvernement français vis-à-vis des musulmans de France.

La France exclut toute discussion avec l'état-major du GSIM qui "répond à la hiérarchie centrale d'Al-Qaïda", relevait le 21 décembre une source à la présidence française. Elle se montre en revanche plus ouverte s'agissant d'éléments du GSIM qui "ont un agenda beaucoup plus national, souvent opportuniste, parfois régional", ajoutait cette source.

AFP

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4 Commentaires
GERARD97460
GERARD97460
3 ans

Qu'attends l'armée française pour quitter toutes ces contrées étrangères difficiles, cette armée française n'a plus à être dans ces anciennes colonies françaises et qui ne sont plus françaises depuis les années 60.Sinon ce ne sera jamais fini pour eux en terres étrangères, il paye leur connerie en terre africaine.Et dire qu'il y en aura encore d'autres morts en terres étrangères..

Triste
Triste
3 ans

Une des 2.soldats a effectué ses services au RSMA semble t-il.

Jean Bon
Jean Bon
3 ans

Ils devrait engager plus de survivaliste

LUTTE OUVRIERE
LUTTE OUVRIERE
3 ans

MALI : DEHORS LES TROUPES FRANÇAISES !Mardi 28 décembre, un engin blindé de l'armée française a sauté sur une mine dans le nord désertique du Mali. Trois jeunes soldats y ont laissé la vie. Samedi 2 janvier, deux autres soldats y ont perdu la vie dans les mêmes conditions. AussitÃ't l'Élysée a assuré que les 5 000 soldats français présents sur place continueraient leur mission Â" contre le terrorisme Â".Mais de quelle mission s'agit-il réellement ? Le pillage de l'Afrique, avec une petite part pour les dictateurs locaux, une énorme pour les trusts occidentaux, a conduit les pays les plus pauvres comme le Mali à une situation catastrophique, encore aggravée par la crise mondiale. Les bandes armées, constituées sur des bases religieuses, ethniques ou simplement mafieuses, rançonnent la population en prétendant la protéger. Les forces légales, l'armée et la police équipées par la France, ne sont qu'une des bandes armées parmi d'autres, capables de crimes et d'exactions tout comme les djihadistes et les gangsters qu'elles sont censées combattre.Depuis 2013, l'armée française intervient au Mali et dans tous les pays voisins officiellement dans le cadre de la Â" lutte contre le terrorisme Â". Loin d'améliorer la situation, cette intervention a amplifié le chaos, conduisant même à un coup d'État cet été. Le nouveau pouvoir, limité au terrain que ses soldats peuvent couvrir, s'est en partie appuyé sur le ressentiment à l'encontre de l'armée française, pour renverser le précédent, trop compromis avec l'ancienne puissance coloniale. Depuis, il y a eu l'échange de prisonniers, amenant à la libération des otages occidentaux et des prisonniers djihadistes, puis l'annonce de l'exécution par l'armée française de dizaines de combattants en novembre. Tout cela s'est fait dans l'opacité, l'armée et les services de l'État fabriquant eux-mêmes les informations.Les cinq soldats tués allongent la liste des 45 autres qui l'ont été depuis le début de l'opération, venant rappeler que celle-ci n'a rien réglé, ni ne peut rien régler. L'histoire tout entière du pillage du continent noir par l'impérialisme et de sa perpétuation amène à un résultat catastrophique et sans issue. L'impérialisme français veut maintenir sa présence et son rang dans cette partie du monde, la guerre contre le terrorisme n'est qu'un prétexte devenu usuel. La réalité est que cette présence contribue à transformer la vie de la population malienne en enfer. Il faut exiger que l'armée française quitte l'Afrique immédiatement et sans condition.