
• La carte de la jeunesse
On l’a vu lors des municipales de 2020, les Réunionnais ont exprimé un profond désir de renouvellement de la carte politique réunionnaise. Exit certains dinosaures tels que les "CH" (Cyrille Hamilcaro et Claude Hoarau) à Saint-Louis, pour une jeune saint-louisienne qui monte en puissance, Juliana M’Doihoma. A Saint-Benoît, Patrice Selly a réussi à l’emporter face à une alliance menée par Patrick Dalleau avec l’expérimenté socialiste Philippe Leconstant. A Sainte-Suzanne, Alexandre Lai Kan Cheong a su faire vaciller l’indétrônable Maurice Gironcel qui a finalement emporté la partie.
La jeunesse a clairement le vent en poupe. A n’en pas douter, ces jeunes élus aujourd’hui installés voudront certainement jouer un rôle majeur lors des scrutins à venir. Alexandre Lai Kan Cheong a d’ores et déjà indiqué que son parti, Croire et Oser, prendrait pleinement part aux élections régionales et départementales de 2021, sans indiquer s’il partirait seul ou dans le cadre d’une alliance par exemple avec Olivier Hoarau qu'il désigne comme étant son "dalon".
Quant à Juliana M’Doihoma et Patrice Selly, s’ils semblent voguer sur deux horizons politiques différents, un rapprochement ne peut pas être exclu autour d’un axe faisant la promotion de la jeunesse, du renouvellement et de l’innovation. On peut aussi compter sur Mathieu Hoarau, perdant d’une voix à l’Étang Salé, qui voudra certainement se lancer dans la bataille des départementales pour capitaliser sur son excellent score dans la commune sudiste.
En tout cas, cette dynamique risque très certainement d’inspirer d’autres jeunes à se lancer aux élections départementales et régionales, convaincus que la place existe pour offrir une alternative aux camps classiques.
• La carte citoyenne
C’était une des grandes promesses à l’issue du mouvement des gilets jaunes. On pensait voir l’explosion du nombre des listes citoyennes, défendant une autre manière de faire de la politique. Force est de constater que plusieurs figures emblématiques des gilets jaunes ont été absorbés par les partis traditionnels, perdant de fait leur liberté d’expression et d’action, même si elles apportaient un cachet "citoyen" aux différentes listes municipales.
Quant aux listes citoyennes, elles ont eu beaucoup de mal à émerger ou elles ont enregistré des scores anecdotiques. Aussi, à l’aube des élections régionales et départementales, on peut s’interroger sur l’impact et le poids de candidats issus de mouvements dits "citoyens" sur ces consultations.
Il semble difficile pour une telle liste de s’imposer véritablement seule lors des régionales qui est un scrutin de liste. L’expérience Demorun en 2015 a montré les limites de cet exercice (candidats issus d’un tirage au sort) puisque le candidat de l’époque, Mathias Payet, n’avait recueilli que 1,47% des voix. A moins d’une alliance entre plusieurs listes "indépendantes", le camp des citoyens semble avoir peu de chance de peser sur les régionales.
L’impact de tels candidats peut être totalement différent lors des départementales qui sont des élections à échelon beaucoup plus restreint, organisées selon un scrutin binominal mixte majoritaire. Dans ce type de consultation, la personnalité des candidats peut être un atout décisif. leur capacité à mobiliser les électeurs sur un canton donné l’est également.
Les élections départementales semblent donc être le rendez-vous qui permettra aux mouvements citoyens de pleinement s’exprimer et peut-être d’engranger quelques cantons. De quoi peser invariablement sur l’élection à la présidence du Département, et pourquoi pas, sur la politique départementale tout au long du mandat à venir.
• Et les femmes lors de ces élections ?
C’est assez rare pour le souligner, les femmes ne figurent pas parmi les outsiders mais se hissent parmi les favoris des scrutins à venir. Aux régionales, Huguette Bello et Ericka Bareigts sont régulièrement citées pour mener une liste de rassemblement de la gauche capable de battre la droite. Vanessa Miranville est quant à elle déjà lancée dans la bataille, et elle pourrait créer la surprise lors de ce scrutin.
Aux départementales, le nom de Nassimah Dindar revient régulièrement parmi les potentiels candidats à la présidence. Forte de 14 années à la tête du Conseil départemental, elle pourrait être en mesure de rassembler une majorité de voix derrière elle. A condition d’être réélue sur son canton. A condition aussi qu'elle ait envie de se rassoir dans le fauteuil présidentiel. Pour le moment, elle n'a formulé aucune velléité à ce propos.
www.ipreunion.com / [email protected]
14 Commentaire(s)