
Tout commence au milieu de l'année 2017. Un nouveau directeur est embauché au sein de la SPL RMR (Réunion musées régionaux). Celui-ci, désormais salarié de l'entreprise, peut également prétendre à un mandat social. Il devient donc également directeur général délégué, ce qui lui permet de siéger au conseil d'administration.
Au moment de signer son contrat, le nouveau directeur négocie une ancienneté lui permettant de prétendre à un salaire plus élevé. Une méthode légale... juridiquement en tout cas. Ainsi il bénéficie d'une ancienneté de 30 ans environ, alors que la SPL des musées régionaux n'existait pas encore à cette époque. Montant de son salaire : enviroon 7.000 euros brut par mois.
- Plusieurs dizaines d'euros d'indemnités -
Un mois seulement après son recrutement, le directeur en question doit se mettre en arrêt maladie. Selon nos informations, ses problèmes de santé sont importants et ne lui permettent pas de reprendre des fonctions de suite. Il sera finalement reconnu inapte vers la fin de l'année 2019, soit deux ans après son embauche. Une situation qui entraîne son licenciement.
Or l'ancienneté de 30 ans permet au directeur de repartir avec des indemnités confortables. La loi indique que lorsqu'on bénéficie d'une ancienneté de plus de 10 ans, l'indemnité se calcule de la façon suivante : 1/4 de mois de salaire par année d'ancienneté (donc fois 30 dans ce cas présent) pour les 10 premières années et 1/3 de mois de salaire par année d'ancienneté à partir de la 11ème année.
Selon nos informations, puisque le calcul prend en compte la formule la plus avantageuse, ainsi que les primes et les différentes gratifications, le directeur aurait bénéficié de plus de 75.000 euros d'indemnités en quittant la SPL des musées régionaux.
Contactée, la SPL Réunion musées régionaux insiste sur la légalité de son départ et indique que "ledit directeur, après une longue période de maladie, a été déclaré inapte, puis licencié, avec application stricte des dispositions légales et contractuelles".
- Un directeur marié à une salariée convoquée -
Le directeur en question n'est pas totalement inconnu à la SPL des musées régionaux. C'est l'époux d'une salariée, ancienne responsable des finances de la société, et convoquée aux côtés de Didier Robert dans l'affaire des musées, qui sera jugée le 9 avril prochain.
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Celle-ci va comparaître pour avoir "sciemment recelé les sommes qu'elle savait provenir du délit de prise illégale d'intérêt commis par Monsieur Didier Robert" indique la convocation du tribunal. Le président de Région est visé pour avoir augmenté son salaire moins d'un mois avant la signature de sa rupture conventionnelle. "Du fait de leur relation d'amitié, il avait un intérêt moral dans cette opération" peut-on lire dans la convocation.
Une affaire qui avait été épinglée par la chambre régionale des comptes (CRC), qui s'étonnait de voir un avenant au contrat de travail plutôt que le versement d'une prime, comme cela doit se faire normalement. Le salaire de l'ancienne responsable des finances avait quasiment doublé.
Le directeur dont nous parlons a été embauché au milieu de l'année 2017, soit quelques mois seulement après le départ de son épouse.
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- Un contexte financier particulier -
Cette embauche à 7.000 euros par mois, suivie d'un départ à plusieurs dizaines de milliers d'euros d'indemnités, intervient dans un contexte de grandes difficultés financières pour la SPL. En effet début 2018, la société enclenche des démarches pour se débarrasser de six cadres et trois agents. C'est d'ailleurs ce que rappelle la chambre régionale des comptes quand elle s'attaque à Didier Robert et sa rémunération en tant que président de la société de 6.800 euros par mois "sans autorisation du conseil d'administration et alors que la société traversait une crise économique justifiant plusieurs licenciements".
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Neuf personnes avaient en effet été menacées de licenciement et sept d'entre elles avaient dû quitter leur poste en 2018. Par la suite, plusieurs anciens salariés avaient tenté un recours devant les Prud'hommes, estimant leur licenciement abusif.
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