Documentaire musical

DJ Sebb, Black T, Junior, Abdoul et PLL : "la gommance, nou ariv"

  • Publié le 27 février 2021 à 13:00

"Nou ariv", "L'intéressant" ou "Ral sah"... impossible de passer à côté de ces titres, qui nous font danser depuis deux ans déjà. Dans un film qui sera diffusé le 10 mars prochain sur Réunion la 1ère, la réalisatrice Estelle Jomaron Galabert raconte les débuts musicaux de sept artistes : DJ Sebb, Black T, Junior, Abdoul, et les trois membres de PLL, Lil King, Luidji et SG. Un film dédié au monde de la musique et plus généralement à tous les acteurs culturels, impactés par la crise sanitaire. (Photo : Capture d'écran / "Les maîtres de la gommance")

Des cris de joie, des visages ravis et ces quelques notes de musique entraînantes : dès le début, au beau milieu d'un concert, le film d'Estelle Jomaron Galabert donne le ton. Bienvenue au cœur de la "gommance", ce style musical dansant mis au monde par les sept artistes suivis pendant le tournage.

Durant 52 minutes, la réalisatrice nous invite au plus près de ces chanteurs désormais bien connus avec leurs 260 millions de vues sur YouTube, à eux sept. Un tournage qui s'est organisé un peu au dernier moment… "J'avais un projet documentaire en Afrique du Sud, qui a été annulé à cause de la crise sanitaire. Je me suis demandé ce que je pouvais faire, et c'est en retravaillant des images du concert de DJ Sebb au Sakifo 2019 que l'idée m'est venue" se souvient-elle.

C'est alors qu'elle prend contact avec le dj. Dès la fin du confinement, une rencontre est organisée. "On a discuté pendant deux heures tous les deux, il m'a montré plein de vidéos, m'a raconté ses débuts…" C'est un coup de foudre professionnel : Estelle Jomaron Galabert se met en tête de tourner un film sur les "maîtres de la gommance".

- "Une humilité étonnante" -

Le tournage commence en juillet 2020, au moment où la bande se réunit pour une résidence de travail à la Cité des arts. Ce sera le fil conducteur du documentaire, entrecoupé de portraits réalisés dans les quartiers des différents artistes. Saint-Paul, Saint-Denis, Le Port, Saint-Louis, Saint-Pierre… le film nous transporte dans l'intimité des sept "maîtres", au plus près de leur enfance, leur famille et surtout de leurs débuts musicaux.

Avec une voix off – celle d'Estelle – quasiment inexistante, le spectateur a l'impression d'être assis à côté des membres de PLL ou de Black T, et d'écouter leur histoire. Celle de jeunes garçons ambitieux, qui se sont débrouillés avec finalement peu. "C'est leur parcours plus que leur musique qui m'a touchée" raconte Estelle Jomaron Galabert. "C'est la preuve qu'on n'est pas obligé d'avoir de l'argent : on peut accéder à ses rêves".

Tous autant qu'ils sont, ces sept artistes ont su jouer avec leur époque et s'appuyer sur des outils aussi efficaces que gratuits : les réseaux sociaux. C'est le cas de PLL, dont les trois membres, dans le documentaire, disent avoir peine à réaliser comment leur carrière a pu décoller aussi rapidement. "Avec notre titre "L'intéressant" on a fait 1 million de vues en deux semaines… aujourd'hui 14 millions" racontent-ils.

Et malgré ce succès fulgurant, la réalisatrice reste bluffée par "l'humilité étonnante" des sept artistes… jusqu'au visionnage du film. "Quand je leur ai montré le produit fini, il y a eu un moment de silence à la fin. J'avais tellement peur de leur réaction. Ils se sont levés, l'un d'eux a fondu en larmes. Ils m'ont dit : c'est génial, c'est parfait, il n'y a rien à changer. C'était une belle récompense pour moi" se souvient Estelle Jomaron Galabert.

- Le créole réunionnais à l'international -

La séquence de Black T, filmée à la Rivière des Galets au Port, montre une chose : la puissance du créole réunionnais, mis en valeur dans les morceaux de ces artistes. Invité à faire une apparition pendant un spectacle de Manu Payet, Black T se souvient encore du défi fou de "faire chanter du créole réunionnais aux Parisiens". Challenge réussi. Est-ce que le public a compris ce qu'il chantait en scandant "aou koman ou ral sa ou" ? Black T n'en sait rien mais l'ambiance était là.

Les influences des artistes sont nombreuses : colombiennes, brésiliennes et même hollandaises. Pour autant, pas de chanson en anglais. "Pourtant DJ Sebb aurait pu avec son niveau d'anglais" estime Estelle Jomaron Galabert. Mais le plaisir de composer en créole dépasse l'envie de faire des morceaux commerciaux facilement exportables à l'étranger. Et aujourd'hui en Colombie, où DJ Sebb va deux fois par an notamment pour des résidences, les fans se déhanchent volontiers sur "Nou ariv".

C'est ce qu'a voulu montrer la réalisatrice dans son film. "Ils n'ont pas honte d'eux, de leur culture, de leur langue. Aujourd'hui ce sont des pros, toujours aussi accessibles, avec un public réunionnais ultra fidèle." Le documentaire se termine sur une improvisation des sept artistes, tournée entièrement en plan séquence (sans coupure, ndlr). "La gommance, nou ariv" conclue DJ Sebb. Une fin à leur image : pleine de complicité.

mm/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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2 Commentaires
Loic
Loic
3 ans

Nul à chief

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3 ans

Complètement nul