Les soignants alertent

Les troubles dépressifs et de l'anxiété en augmentation après un an de crise sanitaire

  • Publié le 2 avril 2021 à 02:59
  • Actualisé le 2 avril 2021 à 08:35

Les professionnels de santé l'avaient annoncé, le gouvernement s'est emparé du sujet : un an de crise sanitaire a eu ses effets sur la santé mentale de la population. Si La Réunion a longtemps été épargnée par les restrictions sanitaires, le psychique des Réunionnais a tout de même été mis à rude épreuve. Augmentation des troubles dépressifs, de l'anxiété ou des comportements addictifs, les professionnels de santé alertent sur les effets du Covid-19 sur la population (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

"D'un côté, il y a les personnes qui étaient déjà vulnérables et chez qui la situation sanitaires a empiré les troubles. De l'autre, il y a les personnes qui n'auraient pas forcément développer de trouble si la crise sanitaire n'était pas survenue" détaille Pierre Lyon, psychologue à la clinique des Flamboyants au Port. Depuis un an, les internements et les consultations pour dépression et anxiété ont augmenté. Une augmentation de la consommation de l'alcool, du tabac et de produits psychotropes a aussi été notée.

"Les populations les plus fragiles, les personnes âgées et les jeunes, sont les plus concernées. L'isolement, le manque de contact ont eu des effets directs sur ces tranches de la population" explique-t-il. Pour les jeunes, il s'agit le plus souvent d'un "premier contact pathologique", qui aurait pu ne pas apparaître sans le Covid-19.

"Il ne s'agit pas que de La Réunion : les études internationales ont démontré un véritable impact sur la santé mentale" assure le soignant. En janvier 2021, un sondage Ipsos a mis en lumière qu'environ 40% des jeunes français souffraient d'un trouble anxieux généralisé, et trois jeunes sur dix avaient des idées suicidaires.

"Plus que le Covid-19, c'est l'isolement mais aussi l'incertitude qui ont pesé sur l'état mental de la population" souligne Pierre Lyon. Et si La Réunion a été épargnée pendant longtemps des restrictions sanitaires, la crise n'en a pas pour autant épargné le mental de la population. "Il reste une incertitude sur ce qu'il va se passer après, ce qui créer un sentiment d'anxiété. Il y a comme une perte de contrôle qui créé une peur persistante et imprévisible. C'est un cercle vicieux" détaille-t-il.

- Garder le lien et ne pas s'isoler -

Face à l'augmentation des troubles psychiques, les soignants prennent désormais automatiquement "le facteur du Covid-19 et son impact sur la santé mentale du patient" lors des consultations. Pour pallier à cette anxiété, ils tentent de travailler avec les patients sur "se concentrer sur ce qu'ils peuvent contrôler ou non". "On leur fait aussi comprendre qu'ils ne sont pas seuls face à ces incertitudes, qu'ils ne sont pas seuls à être angoissés" explique Pierre Lyon.

"Par ailleurs, nous leur conseillons de garder le lien avec leur entourage, dans le respect des gestes barrières, de discuter de leurs angoisses et non de rester seuls avec celles-ci. De faire attention à leur consommation de produits "d'évitements" comme l'alcool, le tabac, les psychotropes. Et de ne pas regarder les informations en continu, chose qui peut être anxiogène : il faut trouver un équilibre" conseille le soignant. Pour les personnes isolées, il rappelle par ailleurs l'existence d'organisme et de numéros verts pouvant venir en aide. "Il ne faut pas hésiter à les appeler" insiste-t-il.

A l'approche de probables nouvelles restrictions sanitaires, le soignant est confiant. "Nous avons eu un an pour nous préparer, nous savons quelle réponse apporter à des patients qui pourraient se retrouver en détresse face à de nouvelles restrictions" souligne Pierre Lyon, tout en aillant conscience qu'un reconfinement sera compliqué et à l'origine de pertes de repères. "Il y aura forcément des conséquences" admet-il.

La crise sanitaire aura en tout cas permis de mettre en lumière la difficulté d'accès aux soins psychiatriques en France. "J'ai vraiment l'impression que ça bouge maintenant, et que beaucoup d'efforts sont fait en faveur d'un accès simplifié aux soins" conclut Pierre Lyon.   

as/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
Nemard, depuis son mobile
Nemard, depuis son mobile
2 ans

Votre article aurait été beaucoup plus pertinents si vous aviez rappelé les "numéross verts". Là votre lien renvoie à un article de 2019, soit avant la crise et la création de ces numéros dédiés...