Profanation

Concert de condamnations après des tags anti-musulmans à Rennes

  • Publié le 11 avril 2021 à 23:21
  • Actualisé le 12 avril 2021 à 06:04

"Les croisades reprendront", "Charles Martel sauve nous". A deux jours du début du ramadan, des tags racistes découverts dimanche matin sur les murs d'un centre culturel islamique de Rennes ont provoqué un concert de condamnations, certains dénonçant un "climat anti-musulman".

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin s'est rendu dimanche soir dans le quartier Villejean à Rennes pour rencontrer les responsables du culte musulman et exprimer "tout le dégoût que nous inspirent ces inscriptions qui sont des insultes, des insultes aux musulmans français, des insultes à la France". Le gardien, puis les fidèles, ont découvert ces tags dimanche vers 06H00, à l'occasion de la prière du matin. "Non à l'islamisation", "Vive le Roy", "Mahomet prophète pédophile", "les croisades reprendront", "Charles Martel sauve nous", "France éternelle", "catholicisme religion d'Etat", "Allah faux dieu" ou "EELV=Traîtres", avaient été inscrits dans la nuit sur les murs extérieurs du centre Avicenne.

Des croix chrétiennes, le chrisme ou une fleur de lys ont également été tagués sur ce centre culturel, qui accueille une salle de prière. "Ce qui nous inquiète aujourd'hui, c'est notre sécurité pendant les prières du ramadan. On aimerait pouvoir prier sereinement", confiait un fidèle en djellaba blanche, en marge de la visite de M. Darmanin.

Le ministre a indiqué avoir donné consigne aux préfets de "particulièrement (...) protéger" les musulmans "en cette période de fête religieuse". Une enquête pour "dégradations à raison de l'appartenance à une religion" a été ouverte par le parquet de Rennes et confiée à la police rennaise. La peine encourue est de 4 ans de prison et 30.000 euros d?amende. Le procureur de Rennes Philippe Astruc a évoqué, dans un communiqué, des faits "qui portent une atteinte symbolique grave" et "viennent troubler l?exercice paisible du culte".

- "Obscénités" -

"Les fidèles étaient choqués par de telles obscénités. C'était violent. Notre communauté musulmane est vraiment triste", a déclaré l'AFP Mohammed Zaidouni, le président du conseil régional du culte musulman. "Il y a certains qui cherchent à semer la zizanie en France et nous sommes dans le devoir de préserver le pays. On va s'unir (...) pour que Dieu préserve notre pays, la France", a-t-il ajouté.

Présent au centre Avicenne, l'archevêque de Rennes Mgr Pierre d'Ornellas a dit "avoir demandé pardon devant toutes les autorités musulmanes au nom de ce que je représente". Les auteurs des tags "ne sont pas chrétiens en faisant ça. Ce n'est pas ça la foi chrétienne", a ajouté le religieux.

La maire (PS) de Rennes Nathalie Appéré a condamné ces actes "avec force". "Ils n'ont pas leur place ici", a-t-elle dit. A son image, de nombreux responsables politiques ont dénoncé ces dégradations, le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand (LREM) évoquant un "inacceptable vandalisme sectaire". Le député de La France Insoumise Alexis Corbière a lui estimé que ces faits étaient "le résultat d'une ambiance détestable produite par certains".

Plusieurs actes anti-musulmans ont été recensés ces derniers jours dans l'ouest de la France. A Nantes, la porte d'une mosquée a été détruite par un incendie dans la nuit de jeudi à vendredi et un homme de 24 ans, revendiquant des idées néo-nazies, a été mis en examen vendredi pour avoir menacé d'attaquer la mosquée du Mans.

"Les débats enflammés autour de l'islam ont souvent été accompagnés d'une recrudescence d'actes anti-musulmans", a pointé Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (CFCM) dans un communiqué. "Force est de constater que certains débats autour du projet de loi de lutte contre +les séparatismes+ ont malheureusement servi de tribunes pour des haineux de tous bords", a-t-il ajouté.

Abdallah Zekri, président de l'Observatoire national de lutte contre l'islamophobie, a lui parlé d'un "climat anti-musulman" attisé par "les déclarations de certains hommes politiques".
Interrogé sur ce point, M. Darmanin a réitéré "sa solidarité avec nos compatriotes musulmans". "La République les aime", a-t-il dit.

Le mois de ramadan, mois de jeûne, de prières et de partage, commencera mardi, a confirmé dimanche la Grande Mosquée de Paris.

AFP

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