
- Patrick Lebreton renvoie Huguette Bello et Ericka Bareigts dos à dos -
Pour le maire de Saint-Joseph, la responsabilité de la désunion de la gauche n’est en aucun cas de son fait mais de celui des maires de Saint-Paul et de Saint-Denis. Concernant Huguette Bello, "la force qu’était celle que devait conduire la maire de Saint-Paul avec Saint-Paul, PLR, le Port, Saint-Denis et les Verts s'est cassée en quatre", lance le maire saint-joséphois, pointant du doigt l'incapacité de son homologue saint-pauloise à rassembler les forces de gauche derrière elle.
Quant à Ericka Bareigts, l'édile de Saint-Joseph désigne ouvertement un "axe avec le maire de Saint-Pierre (Michel Fotnaine - ndlr), le maire de Petite Ile, Serge Hoareau, et Nassimah Dindar à Saint-Denis". "Les gens que je rencontre partout sur l’île disent qu’il y a deux listes à droite aujourd’hui", glisse Patrick Lebreton, faisant référence à celle de Didier Robert et à celle d’Ericka Bareigts. Il enfonce le clou, évoquant la proximité entre l’ancienne ministre des Outre-mer et Emmanuel Macron : "on ne peut pas se déclarer de gauche", assène-t-il.
- L’union de la gauche au second tour, encore réaliste ? -
Cette sortie de Patrick Lebreton pose en tout cas la question de la capacité de la gauche à se retrouver au second tour comme il semblait être convenu à l’issue des différentes rencontres organisées ces derniers mois et qui avaient échoué à créer une liste de rassemblement.
A plusieurs reprises, les différents protagonistes avaient affirmé que ce premier tour des régionales serait une sorte de primaire de la gauche et que leur famille politique se retrouverait au second tour. A la lumière de cette interview de Patrick Lebreton, la tâche s’annonce plus ardue.
L’ancien député a même laissé planer le doute lorsqu’il a été interrogé par Gaël Le Dantec dans Dimanche Politique, allant même jusqu’à évoquer la possibilité d’une triangulaire, "si je suis le mieux placé des candidats de gauche". Cette affirmation laisse entendre qu’en cas de qualification de Didier Robert et d’Ericka Bareigts, ce dernier pourrait maintenir sa candidature s’il en a la possibilité, avec le risque de favoriser une dispersion des voix de gauche et une réélection du président de Région sortant.
- Patrick Lebreton, la stratégie du flou -
L'intervention de Patrick Lebreton aura en tout cas installé un certain flou dans cette campagne. En évoquant la proximité entre la maire de Saint-Denis et celui de Saint-Pierre, il ne fait que dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, à savoir que, pour la droite locale, Didier Robert semble être un candidat à bout de souffle. D'une part il est rattrapé par l'érosion du pouvoir, plombé notamment par une NRL dont la livraison ne cesse d'être reportée, et d'autre part sous la menace d'une condamnation, le 21 mai prochain, dans l'affaire dite des Musées Régionaux.
Dans cette perspective, la droite locale semble regarder avec une certaine bienveillance la candidature de l'ancienne ministre. "Le choix d'Ericka Bareigts par une partie de la droite semble plausible, non pas par envie mais par dépit", souffle-t-on dans le cercle proche du président de Région.
Reste aussi à résoudre l'équation des soutiens au second tour. Si le maire saint-josephois arrive à totaliser 10% des suffrages sur son nom, il pourra se maintenir au second tour. Le scénario aurait alors quelque chose de déjà vu. En 2010, c'est le maitien au second tour de la liste PS face à celles de Didier Robert et de Paul Vergès qui a favorisé l'élection du premier.
Si Patrick Lebreton n'atteint pas les 10% des voix, il ne sera pas qualifié pour le second tour, mais il pourra appeller à voter pour une liste. Ou pas. Il peut en effet estimer "ne pas être propriétaire des voix et laisser l'électorat libre de son choix". Le discours est connu car souvent tenu par des candidat.e.s refusant de (re)mouiller leur chemise pour de multiples raisons. Par exemple, le refus de "faire pour un.e candidat.e. issu.e de sa famille politique".
Et c'est bien ce qui risque d'être reproché à l'édile saint-josephois. Cela d'autant qu'il a sur sa liste Monique Bénard. Ancienne colistière de Thierry Robert, elle est maintenant proche de Nathalie Bassire dont la proximité avec le président de Région est de notoriété publique. Le maire de Saint-Joseph n'y voit pas d'inconvénient et évoque surtout un "rapprochement sur des valeurs".
L'électorat dira s'il juge l'argument crédible...
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